Pharmaceutique : pourquoi la pépite GTP Bioways passe sous giron italien

Après cinq d'existence et des investissements majeurs à Toulouse, la PME GTP Bioways a décidé de se rapprocher du groupe italien Olon, au travers d'une prise de participation très majoritaire du second chez le premier. Le sous-traitant pharmaceutique français, qui a senti le vent tourner sur le plan financier, compte désormais se développer à l'international avec son nouveau partenaire. Explications.
La PME toulousaine GTP Bioways, acteur innovant du secteur pharmaceutique, n'est plus indépendante.
La PME toulousaine GTP Bioways, acteur innovant du secteur pharmaceutique, n'est plus indépendante. (Crédits : GTP Bioways)

Si des communications précipitées ont pu laisser penser l'inverse, le closing de l'opération a eu lieu il y a seulement moins de 48 heures. La jeune société toulousaine GTP Bioways et ses quatre sites, évoluant dans le domaine de la pharmaceutique, sont désormais la propriété d'un grand groupe italien.

« De par notre positionnement sur le marché, de nombreux investisseurs financiers et industriels s'intéressaient à GTP Bioways », raconte à La Tribune Alain Sainsot, le fondateur et jusqu'alors PDG de la société fondée en 2019.

Malgré cette opération de rachat, le comité de direction qui compose l'entreprise française est tout de même conservé. Alain Sainsot - qui est désormais seulement directeur général de la PME toulousaine installée non loin de l'Oncopole, mais aussi seul actionnaire minoritaire - opérera sous la présidence du groupe italien Olon. Cette société familiale, basée à Milan, s'est également fait un nom ces dernières années dans le secteur pharmaceutique.

Des synergies technologiques évidentes

Le nouvel actionnaire a percé dans l'univers médical comme fournisseur mondial d'ingrédients actifs, notamment au travers de la production dans des volumes commerciaux de certains médicaments. Il est ainsi un CDMO, autrement dit un prestataire de services pour le monde pharmaceutique, à un stade bien plus avancé et mature que GTP Bioways. Cette dernière est aussi un CDMO, qui accompagne les acteurs de la recherche et les biotechs dans les phases de R&D et la production des premiers lots de médicaments, avant de passer le témoin à des acteurs industriels.

Dernièrement, la PME toulousaine s'était démarquée en investissant une dizaine de millions d'euros dans deux lignes de production à Toulouse. La société est spécialisée dans la production de protéines recombinantes, c'est-à-dire produire une protéine particulière à partir d'une cellule ou d'une bactérie qui ne la contient pas. Si l'entreprise toulousaine dispose d'une ligne de production à partir de cellules mammifères, c'est bien celle à partir des cellules microbiennes qui attire, après un investissement de neuf millions d'euros, dont cinq millions apportés par le plan France 2030. Elle est même le seul CDMO français à détenir cette technologie dans le pays.

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« Il y a des synergies technologiques dans ce rapprochement. Deux de leurs onze usines sont aussi dédiées au marché des plateformes microbiennes, mais nous intervenons plus en amont qu'eux dans le processus de R&D et de production d'un médicament. Le constat est identique sur les anticorps-conjugués, une autre de nos spécialités. Il y a donc un arrimage presque naturel entre nos deux sociétés, avec une garantie de continuité de services pour nos clients », justifie auprès de La Tribune Alain Sainsot.

« Les capacités spécifiques du groupe GTP Bioways à soutenir pleinement les projets de biotechnologies, également dans la phase précoce du développement de nouvelles molécules (préclinique, phase I et phase II), complètent parfaitement les atouts actuels d'Olon, pour enrichir et élargir l'offre aux clients », confirme le groupe italien Olon, présidé par Paolo Tubertini.

Un contexte financier peu favorable

Confrontée à des difficultés de recrutement importantes, la PME (150 salariés) trouve aussi un allié de poids avec Olon et ses 2.400 collaborateurs pour assurer sa croissance et son développement. Une aubaine à l'heure où GTP Bioways s'intéresse désormais très activement aux marchés asiatiques et américains, et est même accompagnée par Business France dans cette optique.

« En toute transparence, ce rapprochement vise à sécuriser le projet qui est né en 2019, à le conforter et à accélérer sa croissance en passant par l'international. Pour attaquer de nouveaux marchés, je me suis rendu compte que nous étions trop jeune et trop petit. Le groupe Olon intervient déjà aux États-Unis, en Asie, tout comme en Europe et nous allons ainsi avoir accès à de nouveaux clients », admet le nouveau directeur général de la société dont le siège social va rester à Toulouse.

Dans le sens inverse, l'Italien compte sur son nouvel actif pour fidéliser sa clientèle actuelle, malgré un chiffre d'affaires déjà estimé à 600 millions d'euros, et séduire des prospects intéressés sur les capacités R&D de GTP Bioways. Cette dernière, qui compte atteindre les 17 millions de chiffre d'affaires en 2024, vise les 25 millions d'euros l'année suivante. Une croissance qui met sous tension la jeune société toulousaine.

« Nous, ce n'est pas le Covid qui nous a fait mal, mais bien la hausse des taux d'intérêts. Aussi, le détournement des fonds d'investissement des biotechs, qui sont nos principaux clients, est un problème pour nous. Ce contexte financier fragile et instable nous oblige à sécuriser nos besoins de trésorerie pour accompagner notre croissance », conclut l'entrepreneur dans le secteur pharmaceutique.

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