En Occitanie, Safran avance ses pions dans le sillage de la politique menée par le conseil régional. Le motoriste, qui emploie déjà 3.300 collaborateurs sur ce territoire, compte faire monter en puissance sa filiale Safran Power Units, qui emploie actuellement 500 personnes à Toulouse et se projette sur quasiment 600 salariés fin 2023.
Les équipes de la Ville rose sont en partie poussées par le succès commercial à l'export que rencontre le Rafale (pour lequel Safran Power Units fournit notamment le système de démarrage et le groupe auxiliaire de puissance), mais pas seulement. Depuis 2019, le site industriel installé chemin du Pont de Rupé à Toulouse a été désigné en interne comme centre d'excellence de la pile à combustible.
Si le site de Dallas (États-Unis) est dédié aux activités militaires américaines dans lesquelles est engagé Safran et l'unité de San Diego (États-Unis) à l'aviation d'affaires, celui de Toulouse concentre plusieurs forces vives qui en font un site stratégique. "Nous y avons le bureau d'études, les bancs d'essais, les unités de réparation/ maintenance et les ateliers de production et d'assemblage, le tout sur près de 30.000 m2", liste Frédéric Verdeaux, le responsable marketing de Safran Power Units.
Safran emploie plus de 3.000 personnes dans la région Occitanie (Crédits : Rémi Benoit).
"Entre 2026 et 2030"
Cette filiale, en pleine croissance, vise les 150 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020 et injecte chaque année environ 12% de ce chiffre d'affaires dans la R&D. De quoi satisfaire les 200 ingénieurs de cette section, qui travaillent maintenant depuis quelques années sur le développement de cette pile à combustible à Toulouse.
Ainsi, la présidente socialiste du conseil régional d'Occitanie, Carole Delga, s'est rendue sur place, jeudi 7 juillet, pour voir d'elle-même l'avancée des travaux de recherche et prendre connaissance des besoins de la filière dans cette mission.
Pour mémoire, l'élue a annoncé il y a un peu plus d'un mois un "Plan Avion Vert" de 100 millions d'euros, avec pour ambition notamment d'accélérer la recherche autour de l'avion bas carbone. Dans les rangs du conseil régional, comme de Safran, on ne cache pas que des subventions publiques pourraient atterrir dans les caisses de la filiale du motoriste dans un avenir plus ou moins proche.
"Pour les petits avions, nous visons une entrée en service commerciale entre 2026 et 2030 et pour les plus gros, nous sommes sur un horizon 2035", projette Jean-Baptiste Jollys, le responsable du groupe pile à combustible chez Safran Power Units. "L'avion vert volera dans moins de cinq ans, ce ne sera plus un démonstrateur", ajoute Carole Delga.
Jean-Baptiste Jollys est le directeur du groupe chargé de mener à bien le projet pile à combustible hydrogène de Safran Power Units (Crédits : Rémi Benoit).
Sur les 500 personnes actuellement employées par la filiale, une trentaine est consacrée au développement de la pile à combustible à hydrogène. Mais ses responsables tablent sur une augmentation de 40% des effectifs d'ici 2025 en grande partie grâce à ce produit.
Association avec une société innovante
Pour favoriser sa mise sur le marché dans le timing souhaité, Safran vient d'injecter 3,5 millions de livres sterling en mars dernier (sur une levée de fonds total de 10 millions aux côtés du fonds HydrogenOne Capital Growth) dans la société Cranfield Aerospace Solutions. Celle-ci veut mettre sur le marché, avec Safran, un avion d'une capacité de neuf places doté d'un système de propulsion électrique alimenté par une pile à combustible hydrogène. À noter également que Safran travaille avec Airbus pour un démonstrateur A380 volant à l'hydrogène pour 2027.
Les essais de ces différents projets devraient en partie être menés sur l'ancienne base militaire de Francazal, au sud de Toulouse, aujourd'hui devenu une zone d'accueil pour entreprises innovantes dans les mobilités. Le conseil régional et la métropole de Toulouse se sont d'ailleurs associés pour y faire sortir de terre un technocampus dédié à l'hydrogène appliqué aux mobilités. "Safran est un élément très moteur dans ce futur technocampus", ne cache pas Carole Delga, qui abritera chercheurs, laboratoires et entreprises. Le lieu doit être mis à disposition dès 2024.
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