Aura Aéro fera voler ses futurs avions électriques, très demandés, avec Safran

La startup industrielle toulousaine vient de nouer un partenariat majeur avec Safran pour deux de ses programmes, à savoir son avion de voltige électrique bi-place et son futur avion régional électrique de 19 sièges. Dans le même temps, Aura Aéro, prépare son déménagement dans "un campus" afin d'assurer sa montée en puissance, dont la construction sera en partie financée par une importante levée de fonds dont l'officialisation est attendue dans les prochains mois.
Aura Aéro développe Era, un avion électrique régional de 19 places.
Aura Aéro développe Era, un avion électrique régional de 19 places. (Crédits : Aura Aéro)

C'est une nouvelle étape majeure dans le développement de la startup industrielle toulousaine Aura Aéro. Le nouvel avionneur vient d'annoncer l'officialisation d'une collaboration majeure sur l'architecture et la propulsion de ses futurs avions électriques avec Safran, et plus précisément la branche Safran Electrical & Power. C'est le second partenariat de ce genre pour la société toulousaine, après celui ficelé avec Akka Technologies et Verkor pour les batteries électriques.

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"Faire un avion de startup uniquement avec des équipements de startup, ça ne marche pas bien. Donc sur la technologie de l'électricité de haute puissance et les moteurs électriques, nous avons trouvé chez Safran des éléments techniques compatibles avec les nôtres. Contrairement à eux, il y a beaucoup de grands groupes qui ne sont pas au niveau sur ces sujets, à l'échelle mondiale", explique Jérémy Caussade, le président d'Aura Aero, joint par La Tribune, pour justifier ce choix.

Cette nouvelle collaboration ne porte en aucun cas sur le transfert de salariés de Safran vers Aura Aéro, mais plutôt sur un "travail de co-développement dans le cadre d'un grand programme industriel", illustre le dirigeant. Bien que sa société, fondée en 2018, soit en pleine croissance et a besoin de financements, ce partenariat ne comporte aucun volet financier et/ou d'investissement du grand groupe vers la startup industrielle.

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"Nous sommes uniquement sur du développement industriel. Nous en avons parlé ensemble (du volet investissement, ndlr) mais nous ne l'avons pas travaillé ni exploré. Il ne faut pas tout mélanger. Aujourd'hui, c'est une relation équilibrée dans laquelle chacun a son indépendance", poursuit Jérémy Caussade.

Aura Aero

Jérémy Caussade, le président de Aura Aéro, dans les locaux de la société sur l'ancienne base militaire Francazal, au sud de Toulouse (Crédits : Rémi Benoit).

Safran sera impliqué sur deux programmes d'Aura Aéro

Cette "relation équilibrée" porte tout particulièrement sur deux avions développés par le Toulousain Aura Aéro. Elle concerne tout d'abord l'Integral E, un avion de voltige bi-place, totalement électrique et dédié surtout à de la formation. "Nous recevrons le moteur de Safran dans quelques semaines", confie Jérémy Caussade. "Ce prototype sera équipé du moteur électrique intelligent ENGINeUS, d'une puissance de plus de 100 kW, et du système de distribution et de protection GENeUSGRID. Cet ensemble permet la suppression des émissions de CO2 et la réduction du bruit", tient à préciser de son côté Safran. Cet avion, qui a déjà à son actif une soixantaine d'intentions de commandes, doit faire son premier d'ici la fin de l'année 2022, avant un début de commercialisation en 2023.

Aura Aéro Integral E

L'Integral E va bénéficier d'une motorisation Safran pour son développement (Crédits : Aura Aéro).

L'autre programme industriel concerné par cette collaboration est en quelle que sorte la vitrine technologique de la jeune entreprise puisqu'il s'agit de l'avion électrique régional ERA (Electric Regional Aircraft), d'une capacité de 19 places, présenté en grande pompe au cours de l'année 2021. Selon les promesses d'Aura Aéro, cet aéronef sera capable de réaliser des vols domestiques 100% électriques jusqu'à une distance de 400 kilomètres. Pour les missions plus longues, l'avion fera appel à son turbogénérateur avec tout de même une réduction significative des émissions carbones de l'appareil. "Les études porteront sur l'architecture propulsive à haute tension continue, qui fournira la puissance nécessaire aux moteurs électriques. La collaboration s'étend également à l'architecture électrique dite 'non propulsive', qui permet d'alimenter les autres systèmes de l'avion", ajoute Safran à propos de cet aspect de sa collaboration commune avec Aura Aéro. Le premier vol d'ERA doit intervenir fin 2024, dans l'espoir d'obtenir une certification fin 2026 et lancer sa commercialisation en 2027, à en croire le calendrier établit par Jérémy Caussade.

Néanmoins, la société toulousaine a déjà fait sensation fin d'année 2021 en officialisant une première méga précommande portant sur 200 exemplaires de cet avion électrique. "Le décollage commercial est très bon", confie le président de la société, qui ne souhaite en dire plus et qui promet d'autres annonces sur le plan commercial d'ici l'été ou au plus tard avant fin 2022.

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"Devenir partenaire d'Aura Aéro sur ces deux ambitieux programmes d'avions est une grande fierté pour Safran Electrical & Power. Ces projets correspondent en tout point à nos orientations stratégiques : ils combinent des technologies de rupture, plus électriques et à faible empreinte carbone. Cet accord renforce notre position d'acteur clé dans le domaine de l'électrification des équipements et de la propulsion électrique et hybride. Il marque également l'union de deux entreprises toulousaines, solidement implantées dans le tissu industriel d'Occitanie", commente Hervé Blanc, Directeur Général de la division Power chez Safran Electrical & Power.

Un déménagement en préparation

Mais Aura Aéro pourrait à l'avenir changer de dimension au sein de l'agglomération toulousaine. Actuellement installée dans un hangar de 3.500 m2 du côté de l'ancienne base militaire Francazal, là où se situe sa première ligne d'assemblage, la startup prépare un déménagement inévitable.

"Nous allons produire une quinzaine d'avions bi-place en 2022 et dès 2023, nous allons monter entre 30 et 50. Mais le bâtiment actuel n'est pas suffisant pour accueillir l'assemblage de l'avion de 19 places, ERA", admet Jérémy Caussade.

Dès, le président d'Aura Aéro vient d'engager une phase d'études avec les collectivités locales afin d'identifier une surface de "plusieurs dizaines de milliers de m2". "Cela avance bien", poursuit le dirigeant. Un nom a même déjà été arrêté pour ce futur lieu totem : Campus Aura. "L'idée est d'avoir un lieu symbole d'une industrie moderne, avec une activité qui prend en compte les enjeux climatiques, le tout avec le souci d'intéresser et attirer les jeunes", justifie le fondateur. À l'heure actuelle, Aura Aéro compte dans ses rangs 140 collaborateurs et prévoit d'ouvrir chaque mois une dizaine de postes, tout au long de l'année 2022.

Ce développement de la masse salariale, ainsi que la montée en puissance industrielle de la startup, qui a désormais plus le visage d'une grosse PME, sera assurée par le bouclage prochain d'une importante levée de fonds. "Dans les projets industriels, vous avez trois levées de fonds majeures, avec la première à cinq, la seconde à 50 et la troisième à 500. Nous, nous sommes dans la phase deux et celle à 50", conclut le patron, qui a par ailleurs fait appel par le passé à plateforme de financement par l'épargne citoyenne du conseil régional d'Occitanie.

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