Guerre en Ukraine : la startup toulousaine Limatech perd son investisseur russe

La startup Limatech est touchée par la guerre en Ukraine. La jeune pousse toulousaine, qui développe des batteries au lithium pour le secteur aéronautique, vient de perdre un investisseur russe à l'aube de la conclusion d'une levée de fonds de 20 millions d'euros. Des accords commerciaux sont également menacés.
Limatech conçoit des batteries au lithium pour le secteur aéronautique, pour remplacer notamment celles au plomb, jugées moins polluantes et plus performantes.
Limatech conçoit des batteries au lithium pour le secteur aéronautique, pour remplacer notamment celles au plomb, jugées moins polluantes et plus performantes. (Crédits : Rémi Benoit)

Le président de la République avait prévenu. Lors de son allocution, mercredi 2 mars, Emmanuel Macron a fait savoir que de "nombreux secteurs économiques souffrent et vont souffrir", en conséquence directe de la guerre en Ukraine, pays envahit par la Russie. Installée à Toulouse, la startup Limatech qui développe des batteries en lithium pour l'aviation bien moins polluantes que les modèles actuels subit ce conflit géopolitique. "Cette crise touche tout le monde, mais pour nous elle a des conséquences sur les axes commercial et financier", témoigne Florence Robin, la présidente de Limatech.

Après avoir levé deux millions d'euros en 2020, obtenu une somme similaire de la part de la Commission européenne en 2021, la startup toulousaine, qui dispose aussi d'une implantation à Grenoble, cherche à lever environ 20 millions d'euros pour 2022. La moitié du travail est déjà fait puisque la jeune pousse a obtenu 10 millions d'euros de la part de la Banque européenne de l'investissement (BEI).

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"Nous étions en discussions très avancées avec des investisseurs russes, et plus particulièrement un fonds d'investissement qui s'intéresse beaucoup à l'aéronautique et aux énergies. Nous voulions un co-investissement d'un montant similaire à la somme octroyée par la BEI et le déclenchement de la guerre en Ukraine et les sanctions contre l'économie russe ont tout arrêté", fait savoir la dirigeante.

Sans plus attendre, Limatech a fait le choix de se rabattre vers des fonds français, et plus globalement européens, dans un souci de souveraineté de leur technologie. Plusieurs investisseurs ont déjà montré leur intérêt à la startup installée à Toulouse, non concernés directement par la guerre en Ukraine.

Un marché important mis de côté

Depuis sa création, la société s'est concentrée sur deux produits principalement. Limatech et ses équipes travaillent sur une batterie de 24 volts et 17,5 ampère-heure, pensée au départ spécialement pour la division Airbus Helicopters, mais que la jeune pousse veut rendre adaptable à d'autres opérateurs. En parallèle, elle développe une seconde batterie, toujours de 24 volts mais avec une capacité de 30 à 40 ampère-heure, qui s'adressera elle aux avions comme les A320, les A350 ou même les hélicoptères Tigre.

"La levée de fonds à venir doit nous permettre de développer une batterie de 50 volts pour l'hybridation et l'électrification, ainsi qu'un système de location de nos batteries. Enfin, cet apport doit donner un grand coup d'accélération sur la commercialisation de nos produits", expose Florence Robin.

Mais là encore, la guerre en Ukraine touche encore Limatech. "La Russie est le troisième marché mondial pour l'aéronautique et les sanctions économiques tombent au plus mauvais moment pour nous. Nous étions en discussions avec des sociétés russes pour approcher le marché, avant de lancer la commercialisation de nos batteries mi-2023", regrette la dirigeante. En réponse à cette situation politique, la startup, qui ambitionne de remplacer les batteries au plomb et au nickel cadmium, vise désormais les marchés émergents comme la Chine, en plus de l'Europe, son marché prioritaire.

40 salariés en 2023

À horizon 2030, Limatech vise une production mensuelle de 3.500 batteries par mois tout en visant à même échéance un chiffre d'affaires de 250 millions d'euros. L'essor de sa technologie permettait d'économiser à terme le rejet de deux millions de tonnes de C02 chaque année, à en croire des données fournies par la startup.

Actuellement, cette dernière emploie 15 personnes et ses effectifs devraient gonfler jusqu'à 20 personnes d'ici fin 2022, avant de dépasser le cap des 40 salariés en 2023. Des équipes qui se répartissent entre le siège de Toulouse, qui regroupe les forces commerciales et le service qualité et une usine de production de 1.200 m2 avec trois lignes de production à Grenoble.

Limatech espère à moyen terme la création d'une seconde usine, sur Toulouse, dès la signature d'un contrat avec Airbus Commercial, tout comme elle vise un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros en 2024 et le double en 2025.

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