Aéronautique : moins dépendant d'Airbus, le groupe Ségneré se renforce chez Dassault

Très dépendant d'Airbus et des aérostructures avant le Covid, le groupe tarbais Ségneré tente depuis de rééquilibrer ses activités. Cette entreprise familiale spécialisée dans la confection de pièces métalliques a renforcé sa production pour le compte de Dassault. La société a commencé également à se diversifier vers l'aménagement de cabines, mais aussi vers de nouveaux secteurs d'activités en misant sur l'impression 3D, le mobilier design et le ferroviaire.
(Crédits : Groupe Ségneré)

« On l'a vu au moment de la crise, être très dépendant du secteur aéronautique, c'est quelque chose de dangereux pour nous, mais également pour nos clients. C'est rassurant aussi pour eux de voir que nous ne sommes pas dépendants à 90 % d'Airbus. C'est la raison pour laquelle nous sommes en train de rééquilibrer nos activités », lance Jean-Michel Ségneré.

Le dirigeant est à la tête de l'entreprise familiale éponyme, positionnée depuis 1965 dans le marché des aérostructures. Implanté près de Tarbes, ce sous-traitant de rang 2 produit des pièces métalliques pour les programmes civils et militaires d'Airbus et Dassault. Avant la crise, 90% de son chiffre d'affaires provenait de l'aéronautique. Alors bien sûr, l'impact de la crise a été rude.«  Notre chiffre d'affaires, qui était de 16 millions d'euros en 2019 a chuté à 8 millions en un an. Aujourd'hui, nous nous félicitons de la reprise d'activités de nos donneurs d'ordre historiques et notre chiffre d'affaires devrait croître de 20% par an dans les trois prochaines années », informe le chef d'entreprise. Le groupe Ségneré est remonté à 11,7 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, vise 14,5 millions d'euros cette année et compte dépasser son niveau d'avant-crise dans 18 mois. La société qui avait fait appel au PGE durant le Covid, est en train de retrouver un équilibre financier. Le groupe, qui emploie 200 personnes dont 150 à Tarbes et 50 en Tunisie, prévoit une vingtaine de recrutements cette année.

Aménagements cabine et renforcement dans la défense

Mais même si l'entreprise familiale est en bonne voie pour retrouver son rythme de production post-covid, elle pourrait prendre un visage plus protéiforme. Depuis la crise sanitaire, le groupe Ségneré a lancé plusieurs pistes de diversification.

«  Nous essayons déjà de nous diversifier au sein de l'aéronautique pour devenir un peu moins dépendant de ce qu'on appelle l'aérostructure. Nous travaillons notamment sur l'aménagement intérieur des cabines avec des fauteuils et sièges techniques pour Airbus Atlantic. C'est quand même une diversification au sein du milieu aéronautique », explique Jean-Michel Ségneré.

Le groupe est également partenaire de rang 1 de Dassault notamment sur le programme Rafale. « Dassault est en passe de devenir notre premier client à égalité à peu près avec le programme Airbus. Pour nous, c'est important dans l'optique de rééquilibrer le portefeuille de nos activités », indique le dirigeant.

Ferroviaire, mobilier design et impression 3D

L'entreprise a aussi lancé d'autres pistes de diversification en dehors de l'aéronautique à commencer par le ferroviaire en misant sur la proximité à Tarbes de deux acteurs majeurs du ferroviaire, Alstom et CAF. Le sous-traitant a rallié une délégation d'une quinzaine d'entreprises occitanes envoyée au Sifer, le Salon international de l'industrie ferroviaire de Lille en 2021. Mais pour le moment, cette activité démarre « lentement ». « Le ferroviaire n'a pas attendu Ségneré pour faire des trains », commente Jean-Michel Ségneré.

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L'été dernier, l'entreprise s'est lancée dans la fabrication de mobilier design outdoor sous la marque S Collection : une méridienne évolutive qui peut se transformer en table basse par exemple, un banc, une chaise, etc. Du mobilier 100 % pour mettre à profit son expertise de métallerie, mécanique générale, tôlerie, chaudronnerie, etc.

« Je voulais que l'on se serve de nos moyens de production qui étaient en sous charge pour les optimiser et continuer à les faire fonctionner. Il s'agit d'un triptyque où nous ne faisons que produire. On ne gère ni la commercialisation ni le design parce que ce n'est pas notre métier », expliquait l'été dernier Jean-Michel Ségneré. Un an plus tard, le dirigeant dresse un bilan mitigé : « Nous ne sommes pas du tout aux objectifs en termes de chiffre d'affaires sur cette production, mais nous continuons à y croire. »

Dernière piste engagée, l'impression 3D. Au-delà de l'outillage, des pièces non-avionnables ou d'éléments prototypes, la certification de nos impressions 3D ouvre à l'entreprise des débouchés de production de pièces aéronautiques, à forte valeur ajoutée, imprimées. L'industrie aéronautique est, en effet, de plus en plus amenée à utiliser des pièces imprimées en 3D mais au-delà de ce secteur, l'entreprise vise des applications dans la défense, le spatial... « Avec toutes ces pistes de diversification, nous espérons en 2025 réaliser 40 % de notre chiffre d'affaires en dehors des aérostructures », conclut Jean-Michel Ségneré.

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