Le Comptoir des pharmacies double son activité avec la crise sanitaire

La plateforme toulousaine Le Comptoir des pharmacies a multiplié par deux ses commandes depuis mars et équipe désormais un tiers des officines françaises. Son service de gestion des stocks, fondé à l'origine pour limiter le gaspillage des médicaments dans les pharmacies, a dû gérer la pénurie de masques et de gel hydroalcoolique.
Le Comptoir des pharmacies est désormais utilisé par un tiers des pharmacies en France.

"Nous avons déjà recruté trois personnes depuis la fin du confinement et nous allons embaucher encore trois commerciaux", se réjouit Charles Romier, à la tête désormais d'une société de 18 salariés.

Ce jeune pharmacien toulousain a monté en 2015 Le Comptoir des pharmacies. À l'origine, cette plateforme web offrait principalement un service de déstockage à destination des officines pour éviter l'accumulation de médicaments périmés. Le principe est simple : la pharmacie s'inscrit sur le site et peut publier une annonce de revente des médicaments en pratiquant des remises importantes. Le Comptoir des pharmacies touche une commission sur la transaction. Les officines peuvent ainsi limiter les pertes sèches dues aux médicaments inutilisés. Les pharmacies qui achètent des stocks de produits par ce biais peuvent de leur côté répercuter les remises auprès des clients.

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Depuis le début de l'épidémie de la Covid-19, la plateforme est prise d'assaut par les pharmaciens.

"Dans cette période où beaucoup ont été confrontés à des ruptures de stocks au niveau des masques ou du gel hydroalcoolique, l'agilité de notre plateforme a séduit. Nous sommes passés de 4 000 à 7 000 officines inscrites. Cela veut dire qu'un tiers des pharmacies françaises utilisent désormais notre site. De la même manière, nous avons enregistré plus de 10 000 commandes par mois là où nous en faisons 4 à 5 000 habituellement", lance Charles Romier.

Trois millions de masques chirurgicaux écoulés

En pleine pénurie, Le Comptoir des Pharmacies a dû recenser les fournisseurs pour répondre aux besoins des pharmaciens.

"Pour les masques chirurgicaux, nous avons procédé à de l'import chinois. Mais pour un produit nouveau comme les masques en tissu, il a fallu faire le tri entre les fournisseurs. Nous avons été contactés par 300 à 400 entreprises. Nous en avons sélectionné sept en mettant la priorité sur la production française avec des sociétés comme Torb sport à Toulouse, Le maillot français à Montpellier et le Champ du botaniste, basé à Paris, qui a fabriqué 100 % du masque en France", décrit l'entrepreneur.

Il a fallu également faire une sélection parmi les entreprises qui ne travaillent habituellement pas pour le milieu pharmaceutique. Nous avons collaboré par exemple avec le fabricant de lave-glace Durand ou le bateau de dessalinisation d'Océan Fresh Water qui ont produit du gel hydroalcoolique."

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Depuis mars, le Comptoir des Pharmacies a écoulé trois millions de masques chirurgicaux et 200 000 masques en tissus. "Nous avons également été les premiers à proposer des protections en plexiglas pour les comptoirs de pharmacies. 10 000 unités ont été vendues sur notre plateforme", relève Charles Romier.

Un module d'achat basé sur les données

Le chef d'entreprise a connu en parallèle un regain d'activité sur les autres activités de la plateforme.

"Nous proposons une vitrine en ligne pour les laboratoires. C'est comme un visiteur pharmaceutique virtuel. Le pharmacien peut obtenir des remises et de la connaissance produit par ce biais. Durant l'épidémie, les laboratoires avaient des difficultés à vendre leurs produits. Les pharmaciens n'avaient pas forcément envie de recevoir physiquement des visiteurs médicaux sachant qu'ils voyaient chaque jour assez de patients potentiellement avec un risque Covid. 80 laboratoires ont actuellement souscrit à notre service", décrit le fondateur du Comptoir des pharmacies.

La jeune société s'apprête à renforcer son outil d'aide à la gestion des stocks avec le lancement courant juillet d'un module d'achat basé sur les données des officines.

"Nous récupérons des données de stocks des pharmacies sur plusieurs années pour connaître la rotation moyenne de chaque produit. L'idée est d'identifier les surstockages ou inversement prévenir les pénuries. Les produits surstockés ont de grandes chances de finir périmés. Le but est d'en commander en quantité plus raisonnable.Nous pourrons dire à une pharmacie, au vu de votre rotation, nous vous conseillons d'acheter ce médicament à tel volume et avec telle remise".

Le Comptoir des pharmacies estime que les stocks dormants représentent en moyenne une perte annuelle 25 000 euros par officine, un chiffre qui peut atteindre 100 000 euros pour les plus grandes structures.

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