La biotech Pili débloque quatre millions d'euros pour ses pigments de couleur décarbonés

Après une levée de fonds importante en 2023, la biotech toulousaine Pili vient d'obtenir le soutien financier de l'Ademe. Cette subvention doit permettre à la société d'enclencher la production des premières tonnes de pigments de couleur décarbonés. L'entreprise veut percer dans l'industrie du textile.
Pili va continuer à investir dans l'Isère.
Pili va continuer à investir dans l'Isère. (Crédits : Marie-Sarah Adenis)

C'est un nouveau coup de pouce pour la biotech basée à Toulouse. Hébergée chez TWB, la société Pili vient d'obtenir un financement de quatre millions d'euros, de la part de l'Ademe, dans le cadre d'un appel à projets du plan France 2030 dédié aux produits biosourcés. « Cette subvention va nous permettre de financer notre démonstrateur industriel », précise Guillaume Boissonnat-Wu, le directeur scientifique et industriel de Pili, joint par La Tribune.

L'entreprise toulousaine est née en 2015 avec la promesse prioritaire de « décarboner l'industrie de la couleur ». Ce qui implique le textile tout d'abord, mais pourquoi pas à terme celui de l'encre également. Pour ce faire, Pili produit des pigments de couleur qui pourraient être utilisés dans la coloration des jeans, par exemple. La société innovante mise sur deux procédés industriels avec tout d'abord celui de la fermentation, puis une étape de transformation chimique.

« Nous avons lancé une analyse du cycle de vie de nos produits. Nous visons au moins une réduction de 50% de l'empreinte carbone par rapport à nos concurrents qui proposent des molécules de couleur à base de produits pétrosourcés (...) Nous voulons arriver face aux marques et aux teinturiers en leur proposant d'avoir un impact carbone moindre uniquement en changeant de fournisseur », poursuit celui qui est aussi cofondateur de la jeune entreprise.

Production en Isère

En moins de dix ans, la société s'est constituée une équipe de 42 collaborateurs, répartis sur trois sites en France. En plus de son siège social à Toulouse qui abrite les scientifiques dédiés aux procédés biologiques, une autre équipe scientifique est installée depuis peu à Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Enfin, Pili dispose de son site pilote pour la production de ses pigments de couleur à Roussillon, en Isère, territoire qui  dispose d'un riche écosystème autour de la chimie.

« À Roussillon, nous sommes actuellement dans un développement pré-industriel. La subvention de l'Ademe va nous permettre d'y développer un démonstrateur de production », annonce le dirigeant, investissement qui va s'accompagner de 25 nouveaux emplois sur place.

Ce démonstrateur, qui doit rentrer en service au cours de l'année 2025, permettra de produire annuellement 10 tonnes de pigments de couleur biosourcés dans un premier temps, avant de monter progressivement à 50 tonnes. Si l'entreprise fait également appel à des sous-traitants pour la production de ses solutions, ce futur équipement doit permettre de répondre aux précommandes enregistrées.

« Nous avons déjà une collaboration commerciale avec un gros client du monde du textile et d'autres petites collaborations », fait savoir Guillaume Boissonnat-Wu.

Une autre levée de fonds à venir

Hormis cette subvention, Pili a déjà réalisé quatre tours de tables, dont la dernière levée de fonds de 14,5 millions d'euros au début de l'année 2023. Une opération en seed auprès du Toulousain WiSEED lui avait permis de lever un million d'euros en 2018, avant une autre d'amorçage avec Elaia Partners notamment de 3,5 millions d'euros mi-2019. Cette levée de fonds avait fait l'objet d'une extension du même montant, couplée à l'obtention d'une subvention du fonds France Relance de 1,5 million.

Lire aussiPili lève 14,5 millions d'euros pour décarboner l'industrie de la couleur

« Notre trésorerie se porte bien, mais elle ne suffira pas à répondre à tous nos besoins. Nous devrons donc faire une prochaine levée de fonds conséquente pour financer l'outil industriel final, et ainsi dégager suffisamment de chiffre d'affaires pour être rentable », expose le dirigeant.

L'outil industriel de Pili doit sortir de terre à l'horizon de l'année 2028.

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