"À chaque fois qu’Airbus va mal, les sous-traitants tremblent"

Annoncé en décembre dernier, le départ de Fabrice Brégier, numéro 2 d'Airbus, ne laisse personne indifférent. Effectif à partir de février prochain, ce départ inquiète-t-il les sous-traitants ? Qu'en pensent les acteurs de l'aéronautique ?
De nombreux départs ont secoué la gouvernance d'Airbus en 2017.

L'annonce du départ au milieu du mois de décembre dernier de Fabrice Brégier, le numéro 2 d'Airbus, avait fortement chamboulé le secteur aéronautique toulousain. Cette décision laisse sceptique certains sous-traitants de l'avionneur européen.

"Son départ en février 2018 est bien évidemment une source d'interrogation, mais pas d'inquiétude. Fabrice Brégier était en place depuis un certain temps et a développé l'activité d'Airbus d'une très belle manière. Cependant ce départ va-t-il engendrer un changement de politique industrielle entre l'avionneur et ses sous-traitants ? Je ne pense pas. Au delà des hommes, le marché aéronautique est un marché en plein essor, qui se porte bien de lui-même, où l'on sait que le nombre de passagers sur les vols commerciaux va augmenter considérablement dans les prochaines années", rassure Patrick Longuet, vice-président Aerospace chez Assystem.

L'entreprise au chiffre d'affaires de 1 milliard d'euros dont 20 % proviennent de ses contrats avec Airbus Group se réjouit des commandes passées ces dernières semaines par la Chine et le Qatar notamment. Une position également adoptée du coté de ATR, détenue à 50% par Airbus.

"Les nouvelles commandes, c'est toujours réjouissant. Il est bon d'avoir un partenaire en bonne santé au niveau de son carnet de commandes. Il n'y a pas d'inquiétude à avoir pour l'après Brégier. Le changement d'une personne n'a pas nature à déstabiliser le milieu aéronautique toulousain", déclare Michel Dalisson, délégué CFE-CGC au sein d'ATR.

Chez Latécoère, on ne souhaite pas prendre position officiellement sur le sujet. L'entreprise dont 53,7 % du chiffre d'affaires provient directement d'Airbus, se dit entièrement tournée vers sa politique de croissance externe et sur la sortie de terre prochainement de sa nouvelle usine 4.0 sur le site toulousain de Montredon.

De nombreux changements à des postes clés en quelques mois

Cependant, la sortie de Fabrice Brégier s'ajoute à la longue liste de départ qui a profondément changé les visages d'Airbus. Depuis début 2017 d'autres sont partis :  Marwan Lahoud, directeur de la stratégie et de l'international d'Airbus, Charles Champion, le directeur de l'ingénierie, le départ à la retraite de John Leahy, le directeur commercial, ou plus récemment le directeur technique d'Airbus, Paul Eremenko, resté seulement 17 mois en poste.

"Cette vague de départs qu'a connu le groupe en 2017 inquiète les salariés. Certains ont peur de voir délocaliser une partie des activités en Allemagne. Mais nul n'est irremplaçable", concède Gérard Cochener, délégué syndical CFE-CGC au sein de Sogeti HT.

L'entreprise, filiale du groupe Capgemini, emploie environ 1 000 collaborateurs à Toulouse. Sur le chiffre d'affaires de 280 millions d'euros réalisé par cette entreprise spécialisée dans l'ingénierie, 40 % sont générés par Airbus.

"Il y a tout de même une réelle inquiétude concernant la gouvernance future. De toute manière, à chaque fois qu'Airbus va mal, les sous-traitants tremblent. Et c'est encore plus vrai au moment des appels d'offres", lance Maryline Brugidou, présidente CFE-CGC de la Haute-Garonne.

La Ville et la Région vigilantes

Du côté des élus locaux, une position de vigilance a été adoptée. La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, interrogée lors de ses voeux à la presse jeudi 11 janvier, sur les turbulences traversées par Airbus a déclaré :

"À titre personnel, j'ai beaucoup apprécié le travail de Fabrice Brégier qui est quelqu'un qui a défendu la production à Toulouse. Je ne suis pas inquiète mais vigilante et très attentive "

De son côté Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, avait fait part de son inquiétude en conseil de la Métropole vendredi 15 décembre : "Un mot empreint de gravité sur la crise de gouvernance d'Airbus. Elle tombe au mauvais moment, le groupe a besoin d'être tenu pour relever les défis qu'il a l'habitude de relever avec talent. Je dis aux actionnaires : 'Attention à ne pas déstabiliser ce qui marche'".

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Commentaires 3
à écrit le 12/01/2018 à 18:49
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Septique comme les fosses!!!!!

à écrit le 12/01/2018 à 18:04
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Mais Airbus n'a jamais été mal, une entreprise d'états Européens qui peut obtenir tout l'argent qu'elle souhaite, toutes les conditions les plus favorables et en situation de quasi monopole mondial avec Boeing.

le 13/01/2018 à 10:30
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Dans vos rêves.....

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