Cette année, dans cette classe de l'école Anatole France à Toulouse, le professeur n'a pas eu besoin de baisser les stores et d'allumer la lumière en plein mois de juin. Depuis quelques mois, les fenêtres de la salle ont été changées pour intégrer la technologie imaginée par la startup locale Immoblade. À l'origine du concept, Xavier Sembely, ex-ingénieur d'Airbus Defence & Space, s'est rendu compte en construisant sa maison bioclimatique que les nouvelles habitations isolent tellement que la chaleur s'accumule l'été.
"Se protéger simplement du soleil"
"Sur les fenêtres orientées sud, il est possible de réaliser une avancée de toit mais si la façade est tournée vers l'ouest, c'est plus difficile car le soleil est bas, fait-il remarquer. J'ai cherché à savoir comment appliquer ma connaissance de la trajectoire des astres pour se protéger simplement du soleil sans avoir un système actif qui peut tomber en panne".
En 2015, il a donc déposé un brevet pour cette innovation low-tech. Il s'agit d'un store composé de lames d'aluminium dont l'inclinaison est personnalisée (grâce à un algorithme) suivant l'orientation de la façade équipée, par rapport au soleil.
"La courbe du soleil varie selon les saisons. Le matin, le soleil va se lever plutôt vers le nord-est, avant de monter assez vite et assez haut dans le ciel. L'hiver, il va se lever davantage vers le sud-est et rester beaucoup plus bas. Il suffit de positionner les lames parallèles aux rayons du soleil pour le solstice d'hiver. Cela va laisser entrer un maximum de lumière au moment où on a besoin, l'hiver, et l'été comme le soleil est plus haut, il va taper sur les lames et donc se réfléchir pour éviter d'entrer dans la pièce", explique Patrick Callec, l'autre fondateur de la startup.
Un store intégré dans une fenêtre de l'école Anatole France (Crédits : Rémi Benoit).
Filtrer les rayons et réguler la température de la pièce
Cet ancien salarié au service achats d'Airbus fait la rencontre en 2017 de Xavier Sembely à l'occasion d'un projet d'intraprenariat au sein du Bizlab. À l'été 2018, la société Immoblade est officiellement créée. Soutenue par Toulouse Métropole dans le cadre du programme Smart City, la jeune pousse va tester pendant un an sa technologie dans des écoles de la ville. C'est le cas à Anatole France, près du pont des Demoiselles, ainsi qu'au sein de l'établissement privé Sainte-Thérèse au cœur de la Côte Pavée. Chez la première, le système mis en place sur les fenêtres de la classe permet de réduire nettement l'impact du soleil en plein été.
"On peut le mesurer en terme de facteur solaire, ce qui correspond à la proportion de soleil projetée sur une façade qui entre dans la pièce. Pour cette école, un double vitrage classique laisse entrer 60% de l'énergie solaire l'été alors qu'avec notre store moins de 20% des rayons pénètrent l'été. Et le grand intérêt de notre technologie est que contrairement à un verre teinté qui ne laisse pas entrer le soleil l'hiver, là 70% des rayons pénètrent à cette saison", décrit Xavier Sembely.
Le store est composé de lames d'aluminium (Crédits : Rémi Benoit).
Avant d'ajouter : "Dans certaines classes, au mois de juin, les enfants ne peuvent pas s'asseoir près de la fenêtre. L'objectif est de baisser la température ressentie dans ces pièces et de réduire l'usage de la climatisation dans les bâtiments qui en sont équipés".
Le système mis au point par l'entreprise toulousaine est également en campagne d'essais dans un laboratoire du Pays basque, ce qui permettra de mesurer exactement son impact sur la température d'une pièce.
Levée de fonds en vue pour fin 2019
La startup commercialise une deuxième catégorie de produit. Il s'agit d'un verre sérigraphié qui reprend le motif de lignes inclinées. Un modèle qui cible davantage les grandes baies vitrées. Avec cette autre innovation, Immoblade cible les bâtiments publics et les bureaux. Elle équipe déjà un grand constructeur de bâtiments tertiaires (dont le nom reste confidentiel). Ses produits sont commercialisés dans la même gamme de prix que les stores orientables.
"Nous allons démarcher dans un premier temps les clients qui cherchent des labels environnementaux pour leurs bâtiments de type HQE. Mais à terme, notre produit a vocation à être diffusé dans tous les bâtiments du tertiaire", pointe Xavier Sembely.
Désormais, la jeune pousse cherche à réaliser une levée de fonds d'amorçage de 500 000 à un million d'euros avant la fin de l'année. Actuellement composée de six personnes, l'entreprise pourrait bien recruter à cette occasion.
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