2 746 139 entrées dans le monde, pour 10 242 858 dollars récoltés. Avec les "As de la Jungle", son premier film en salles tiré de la série du même nom, la société toulousaine TAT Productions (7 millions de chiffre d'affaires en 2018) a gagné une reconnaissance mondiale. Le 3 avril 2019, les jumeaux Eric et Jean-François Tosti (respectivement réalisateur et scénariste, ainsi que dirigeants de l'entreprise) ont sorti leur deuxième long métrage "Terra Willy, Planète Inconnue".

Pour cette nouvelle production, le studio a bénéficié d'un budget de 6 millions d'euros grâce à un investissement interne de 800 000 euros, mais aussi d'aides de leurs partenaires comme France 3 ou la Région Occitanie.

Néanmoins, le nouveau dessin animé distribué par BAC Films n'a pas réalisé le démarrage escompté. Après ses trois premiers jours de diffusion dans les cinémas en France, "Terra Willy" n'a cumulé que 32 000 entrées au lieu des 70 000 espérées. Quant à la carrière du film à l'étranger, la société de production l'a vendu à près de 70 pays (comme le Portugal, l'Italie et l'Espagne) et vise les États-Unis, l'Australie ou l'Amérique Latine.

 "Sur le précédent film, nous avions travaillé avec SND (Groupe M6), qui est très puissant. BAC Films est un producteur historique français, mais indépendant et qui possède beaucoup moins de moyens. Avec SND, tout s'est très bien passé en France, et la société l'a bien vendu à l'étranger. Avec BAC,"Terra Willy" a été très bien vendu à l'étranger mais en France, cela ne marche pas très bien. Pour le prochain film, nous retravaillons avec M6, le deal est déjà signé", explique Eric Tosti.

Atteindre l'objectif pour amortir l'investissement

Mais cela n'est pas la seule potentielle explication au mauvais départ en salles de ce nouveau film. En adaptant sa série "Les As de la Jungle" (diffusée sur France 3 depuis 2011) au cinéma, TAT Productions partait avec un gros avantage : une fanbase. Mais pour "Terra Willy", qui n'est pas basé sur une licence, le succès est plus incertain. De plus, ce dernier fait face au concurrent "Le Parc des Merveilles", la nouvelle création du géant américain Paramount (1,2 milliard de chiffre d'affaires en 2011) sortie le même jour.

"Tous les moyens sont accaparés par les gros studios et cela empire chaque année. Nous réalisons que la concurrence est encore plus violente que ce que nous pensions. Il y a de moins en moins de place pour les films indépendants comme le nôtre", constate Eric Tosti.

L'équipe se fixe un objectif de 400 000 entrées à la fin des cinq semaines d'exploitation du dessin animé en France. "Cette valeur de 400 000 entrées est très importante pour nous. La chaîne OSC a acheté le film très peu cher et si nous arrivons à ce nombre d'entrées, ils devront nous rémunérer davantage. Alors, soit nous serons remboursés immédiatement sur les coûts de fabrication à la fin de l'exploitation en France, soit nous comptons sur le succès du film à l'étranger pour amortir l'investissement", explique Jean-François Tosti.

Afin de donner un nouvel élan au long métrage, le studio a décidé de lancer une seconde campagne de communication.

"Nous avons cinq semaines pour nous battre et nous nous battrons jusqu'au bout. Nous voulons tester une communication différente, rapide, en utilisant les réseaux sociaux. Nous allons essayer de faire des partenariats avec des youtubeurs et voir ce que nous pouvons faire localement", argumente Éric Tosti.

Sortir un nouveau film tous les ans

Parallèlement, TAT Productions est déjà tournée vers l'avenir. Actuellement en cours de fabrication, la prochaine saison des "As de la Jungle" sera terminée avant fin 2019 et devrait être la dernière. Après la sortie de son prochain film en 2021, l'entreprise toulousaine souhaiterait se concentrer sur la production de longs métrages afin d'en diffuser un chaque année dans les salles obscures, sur le modèle de ses concurrents américains.

 "Néanmoins, il faut voir si c'est pertinent et si c'est finançable. Nous avons plusieurs partenaires qui sont excités par cette idée car cela ne s'est jamais fait en France. En général, les producteurs de longs métrages de dessins animés sortent un film tous les 5 ans", poursuit le dirigeant.

Afin de réaliser ses nouvelles créations, TAT Productions prévoit de recruter une trentaine de nouveaux employés courant 2019-2020 et éventuellement, de changer de locaux.

"Nous savons que si nous arrivons à faire un film par an, il va falloir se restructurer, donc il va nous falloir plus de personnes à nos côtés et nous sommes déjà à l'étroit dans nos locaux actuels".

L'entreprise toulousaine aux 90 salariés permanents réfléchit à acquérir un bâtiment pour le rénover et l'adapter à ses besoins, ou même à construire.