Les magistrats toulousains appellent à la grève

Les magistrats et fonctionnaires des tribunaux toulousains se réuniront demain mardi 8 février en assemblées générales extraordinaires pour décider ou non de suivre le mouvement de grève national initié à Nantes, suite aux déclarations du chef de l'Etat sur l'affaire Lætitia. L'intersyndicale demande la suspension de toutes les audiences jusqu'à vendredi. «Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute.

Les magistrats et fonctionnaires des tribunaux toulousains se réuniront demain mardi 8 février en assemblées générales extraordinaires pour décider ou non de suivre le mouvement de grève national initié à Nantes, suite aux déclarations du chef de l'Etat sur l'affaire Lætitia. L'intersyndicale demande la suspension de toutes les audiences jusqu'à vendredi.

«Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés, c'est la règle. » C'est en réaction à cette phrase du chef de l'État, prononcée à Orléans le 3 février dernier, que le monde de la magistrature se mobilise.

À Toulouse, la décision de faire grève est quasiment actée. Une fois n'est pas coutume, l'intersyndicale des magistrats et des fonctionnaires (personnels des greffes) fera front lors des assemblées générales convoquées par les différents chefs de juridiction de Toulouse, Tribunal de grande instance et Cour d'appel. Elle demandera la suspension de toutes les audiences jusqu'à vendredi inclus. Une manifestation devrait être programmée jeudi dans la journée.

« Nous souhaitons faire part de notre réaction indignée aux propos tenus par le chef de l'Etat sur l'affaire dite de Pornic » indique Agnès Le Monnyer, magistrat au Tribunal de grande instance et membre du Syndicat de la magistrature (SM). « Cette affaire est emblématique du manque de moyens du bout de la chaîne pénale. Il est intolérable d'en faire retomber encore une fois la responsabilité sur les magistrats. C'est la première fois que se constitue aussi naturellement une intersyndicale, symptomatique de la violence de l'attaque. »

Les magistrats de toute la France sont également appelés à manifester jeudi 10 février, notamment à Nantes d'où est parti le mouvement.

De nouvelles assemblées générales auront sans doute lieu à Toulouse en début de semaine prochaine pour décider des suites à donner. Le 7 février, le Premier ministre François Fillon a dénoncé la réaction « excessive » des magistrats. De son côté Brigitte Barèges, députée-maire de Montauban, a lancé un appel aux magistrats, co-signé par 11 autres députés UMP. Le communiqué de presse ne prend pas de gants : "La semaine écoulée a vu naître une nouvelle catégorie de citoyens : les magistrats intouchables. Les syndicats de magistrats ont décrété que désormais la profession devait échapper à toute forme de critique ou remarque (...) L'affaire de Pornic a mis en lumière de façon très crue un certain nombre de défaillances qui ont conduit à ce qu'une personne connue comme dangereuse, qui fait l'objet de 15 condamnations et qui a entre autres violé un codétenu, s'est retrouvée dans la nature et est aujourd'hui soupçonnée d'avoir tué et découpé en morceaux une jeune fille. Si les syndicats de magistrats trouvent déplacé de vouloir faire la lumière sur cette affaire sur le plan du fonctionnement des institutions, alors il y a tout lieu de s'inquiéter quant au fonctionnement de l'appareil judiciaire." Avant de conclure : "Ces syndicats demandent du respect. Qu'ils commencent par respecter eux-mêmes l'institution qu'ils servent et le devoir de réserve qui s'applique aux magistrats autant qu'aux fonctionnaires."

Marie Grivot

En photo : les magistrats dénoncent les manques de moyens accordés au bout de la chaîne pénale, les conduisant à devoir hiérarchiser les dossiers (© Rémi Benoit)

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