Gaz de schistes : l'opposition s'organise en Midi-Pyrénées, un moratoire réclamé

Total, 3 Legs Oil and Gas, Schuepbach Energy LLC... Autant de sociétés pétrolières qui commencent à regarder d'un œil gourmand le sous-sol de Midi-Pyrénées, et ont reçu en mars 2010 une autorisation du ministre de l'Environnement Jean-Louis Borloo pour y rechercher des gaz de schistes. Mais ces projets d'extraction suscitent l'ire des habitants des communes concernées, ainsi que de leurs élus, qui y voient surtout la promesse d'un vaste gâchis environnemental.

Lundi 31 janvier, le président de la Région Midi-Pyrénées Martin Malvy a ainsi appelé dans un communiqué à un « moratoire » contre une procédure qu'il juge « inadmissible », estimant que « les autorisations de sondage qui ont été délivrées sans aucune concertation préalable avec les élus locaux ou les populations doivent être suspendues ». L'élu craint surtout que l'exploitation des gaz de schiste ne porte atteinte aux nappes phréatiques et à l'écosystème local, dont il rappelle « qu'une grande partie est classée soit en parc naturel régional, soit en site protégé ».

A Nant, dans l'Aveyron, le maire Bernard Saquet a ainsi découvert dans un article du quotidien local que sa commune était l'épicentre d'une zone de recherches de 4.414 km², dont une bonne partie se trouve dans le parc des Encausses ! Bernard Saquet prend alors contact avec la sous-préfecture, et les services de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) Midi-Pyrénées. En vain : il n'obtiendra aucune réponse. Le maire est d'autant plus inquiet que la méthode d'extraction des gaz de schistes est considérée comme particulièrement polluante. Contrairement au gaz naturel qui se concentre en poches souterraines, le gaz de schiste est piégé dans des argiles imperméables, qu'il faut fracturer à coup de milliers de litres d'eau, de sable et de produits chimiques sous pression.

Pour Bernard Saquet, une telle exploitation serait « une véritable catastrophe pour l'environnement autant que pour l'activité touristique qui nous fait vivre ». A cette heure, pourtant, il n'a reçu aucune demande de la société pétrolière texane pressentie pour mener les opérations de recherche. Autre acteur à s'intéresser à la région, la société britannique 3 Legs Oil and Gas envisage ainsi de prospecter sur 5.710 m² à Cahors.

Mais déjà, la résistance s'organise. Martin Malvy en a ainsi appelé au ministre de l'Industrie Éric Besson, ainsi qu'à la ministre de l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, afin que ces derniers reviennent sur les autorisations de sondage accordées par le ministère de l'Energie. Même son de cloche chez Gérard Onesta, vice-président du conseil régional (Europe Ecologie), qui a dénoncé lundi une « aberration environnementale » sur Objectifnews.tv. Outre le moratoire proposé par Martin Malvy, Gérard Onesta envisage d'imiter le Conseil régional de Rhône-Alpes en demandant « l'annulation du décret du 1er mars 2010 » pris par le ministre de l'Environnement d'alors, Jean-Louis Borloo.

Simon Castéran

Photo : © Vitaliy Hrabar - Fotolia

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