Occitan d'ailleurs : une Toulousaine lâche tout pour lancer son activité aux Philippines

Installée depuis un peu plus d’un an dans l’archipel d’Asie du Sud-Est, la Toulousaine Julie Bureau a monté son agence de tourisme sur l’île de Siquijor.On y vient presque exclusivement pour la plongée sous-marine. Les autorités locales sont, elles, partagées entre la préservation d’un environnement unique et l’afflux de toujours plus de visiteurs et donc de revenus. Rencontre.
La Toulousaine Julie Bureau s'est installée récemment en Asie du Sud-est et compte, comme les locaux, vivre du tourisme (français).
La Toulousaine Julie Bureau s'est installée récemment en Asie du Sud-est et compte, comme les locaux, vivre du tourisme (français). (Crédits : Julie Bureau)

Tous les mois, le scénario se répète. Durant trois jours, autour de la période de la pleine lune, toute activité nautique, plongée ou navigation, est interdite autour de l'île de Siquijor, où vit Julie Bureau, pour permettre aux poissons de se reproduire hors de la présence humaine.

« Ici, il y a beaucoup de sanctuaires marins, assure la Française. Pour avoir plongé un peu partout en Asie, les Philippines restent très préservées. Les coraux sont en bon état et on a de beaux récifs ».

Longtemps négligé, le maintien de la biodiversité de l'archipel est aujourd'hui affiché comme une des priorités de Ferdinand Marcos Jr. Mais arrivé au pouvoir il y a deux ans, le nouveau président s'est aussi lancé dans de grands travaux parfois mal compris des habitants.

« Même sur de petites îles comme celle où je vis, ils refont toutes les routes, observe Julie Bureau, alors que les locaux auraient préféré qu'on mette l'argent ailleurs, par exemple sur le réseau électrique qui est un très gros problème à Siquijor ».

Des mesures parfois radicales

La difficulté est bien de choisir où placer le curseur entre moderniser les infrastructures pour attirer davantage de touristes étrangers et préserver un écosystème fragile. Quitte à prendre parfois des mesures radicales. Ainsi, en 2018, l'île de Boracay, le Saint-Tropez des Philippines, devenue une véritable décharge à ciel ouvert après des années de surfréquentation, a été fermée aux touristes pendant six mois pour permettre à la faune et la flore de se régénérer.

Environ 120 îles sur les 7.000 que compte l'archipel proposent des activités de plongée sous-marine. Et il reste beaucoup à faire, comme sur l'île d'Oslob, illustration d'un tourisme de masse destructeur.

« C'est un endroit aujourd'hui encore surexploité pour les requins-baleines, raconte la Française. Les locaux les nourrissent et du coup, ils ne migrent plus comme les autres individus de leur espèce. Les poissons restent là à l'année. Il y a une queue de deux heures pour aller les voir dans l'eau. Les autorités veulent éviter de reproduire ce genre d'endroit maintenant. »

Le tourisme remplit les caisses

Les habitants des Philippines, eux, ne voient pourtant pas d'un si mauvais œil cet afflux de visiteurs étrangers. « Pour eux, les touristes, c'est principalement une source de revenus, reconnaît Julie Bureau. Ils sont contents de les voir, ils ne vont pas se dire « Oh là là, ils vont détruire tout ce qu'on a sur notre île » ! mais certains ont pris conscience du problème. Si je demande à tous les locaux que je connais sur mon île s'ils ont envie que Siquijor devienne le prochain Boracay, la plupart, je pense, vont me dire non ».

Rien qu'au premier trimestre de cette année, le secteur du tourisme a rempli les caisses des Philippines à hauteur de près de 5 milliards de dollars (4,6 milliards d'euros), bondissant de plus de 30 % sur un an. Un dynamisme qui profite fortement à la Toulousaine expatrié dans cette région lointaine.

Julie Bureau est « travel planner ». Grâce à la petite agence qu'elle vient de lancer cette année, baptisée « Carnets d'ailleurs », elle organise des voyages dans toute l'Asie du Sud-Est pour des clients français. Son activité démarre à peine. Elle se fait connaître grâce au bouche à oreille et aux réseaux sociaux.

« Je crée le voyage à 100 % sur mesure mais je laisse des options aux clients, explique-t-elle. Ensuite, je leur construis un carnet de voyage avec leur itinéraire ». Née à Toulouse, diplômée d'un Master en management des industries du tourisme à l'ISTHIA, la jeune femme a tout d'abord débuté sa carrière au Sicoval (communauté d'agglomération du sud-est toulousain). À bientôt 31 ans, la Française vit depuis un peu plus d'un an aux Philippines. L'archipel était la dernière étape d'un tour de toute l'Asie du Sud-Est qu'elle avait entrepris en sac à dos. « Je suis rentrée en France à la fin de ce voyage, témoigne-t-elle, pour essayer de retrouver une vie « normale », avec un boulot, etc. Mais au bout de 10 jours, j'ai pris un billet d'avion pour revenir aux Philippines et j'ai décidé d'y vivre ». Pour elle, l'aventure ne fait désormais que commencer...

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