Aéroport de Toulouse : "la mandature chinoise n'a pas été une catastrophe"

Par Pierrick Merlet  |   |  759  mots
Le président de la CCI Occitanie est satisfait de l'arrivée d'Eiffage au capital de l'aéroport de Toulouse-Blagnac.
Le président de la CCI d'Occitanie, Alain Di Crescenzo, a tenu à partager sa satisfaction quant à l'arrivée du groupe Eiffage dans l'actionnariat de l'aéroport Toulouse-Blagnac, lundi 13 janvier, lors de ses voeux à la presse. À la même occasion, il a tenu à défendre le bilan du chinois Casil Europe qui, pour lui, a participé au bon développement d'ATB. Désormais le dirigeant toulousain veut militer pour une limite à 50% du résultat net de l'aéroport reversé sous forme de dividendes aux actionnaires.

Juste avant la fin de l'année 2019, le groupe français Eiffage a racheté les 49,99% du capital de l'aéroport Toulouse-Blagnac (ATB) détenus par le Chinois Casil Europe, contre 507 millions d'euros. Une transaction qui a fait grand bruit en France en raison notamment de l'importante plus-value réalisée par le désormais ex-actionnaire asiatique arrivé aux affaires en 2015 contre 308 millions d'euros, après le souhait de l'État de se désengager partiellement de cette infrastructure. Pour autant, ce changement d'actionnaire au sein d'ATB n'inquiète pas le président de la CCI Occitanie, Alain Di Crescenzo.

"L'arrivée d'Eiffage est une très bonne chose. C'est un groupe français, de renom et c'est une nouvelle aventure qui commence pour l'aéroport de Toulouse. Il faudra être au rendez-vous en continuant à investir. Mais je ne suis pas inquiet pour l'avenir de cet aéroport", a assuré le dirigeant toulousain lors de ses voeux à la presse, lundi 13 janvier.

Et pour être au rendez-vous, le président occitan de la CCI veut revoir le versement des dividendes à l'occasion de cette nouvelle composition de l'actionnariat.

"Je suis contre la distribution des réserves pour pallier à tout problème mais je suis pour la distribution de dividendes à condition que nous les limitions. Je pense que reverser 50 % du résultat net annuel et garder le reste pour investir dans l'aéroport sera un bon compromis. Mais demander le zéro dividende est une grosse bêtise", lance le dirigeant.

Jusqu'à présent, l'intégralité du résultat net d'ATB était reversé aux actionnaires depuis 2019 et ce pour cinq ans, sous l'impulsion de Casil Europe qui a négocié un accord sur le sujet.

L'État confirme son engagement dans l'aéroport de Toulouse

Malgré cette "victoire" du côté chinois en fin d'année 2018, celle-ci s'est accompagnée de l'échec de ne pas être parvenu à acquérir les 10,01% encore sous le contrôle de l'État dans le capital d'ATB en raison d'une forte pression des actionnaires publics locaux (CCI, Conseil régional, Conseil départemental et Métropole). Par conséquent, cette décision de l'Élysée a poussé Casil Europe à revoir ses plans et à entamer un processus de vente encadré par la banque Lazard. Malgré tout, Alain Di Crescenzo veut retenir le positif de cette mandature chinoise.

"Est-ce-que cela s'est mal passé avec Casil Europe ? Il faut être honnête et la réponse est non. Avec eux, l'aéroport de Toulouse s'est grandement développé. Seulement, un choc de culture s'est opéré autour de la gouvernance, avec des relations compliquées car il y a aussi le fait que les collectivités locales n'étaient pas préparées à la privatisation. Mais la mandature chinoise n'a pas été une catastrophe pour l'aéroport, il est faux de dire le contraire. La distribution de dividendes n'a pas tué ATB", a défendu le président de la CCI Occitanie.

Néanmoins, pour rassurer ces collectivités locales après l'arrivée d'Eiffage au sein de l'entreprise, l'État a confirmé récemment qu'il ne vendrait pas au groupe français ses 10,01 % du capital encore en sa possession.

Il veut le métro jusqu'à l'aéroport de Toulouse

Maintenant que l'actionnariat de l'aéroport est arrêté, la future stratégie d'Eiffage à son sujet est très attendue. Pour le moment, aucun dirigeant du groupe français n'a publiquement exposé sa vision pour l'infrastructure. Et à deux mois des élections municipales à Toulouse, un point retient l'attention de certains candidats et d'Alain Di Crescenzo : la troisième ligne de métro ne sera pas connectée à ATB. Jean-Luc Moudenc et Tisséo ayant préféré une "Navette Express".

"La 3ème ligne de métro doit passer par l'aéroport de Toulouse. Si vous voulez être efficace, il faut mailler cette infrastructure en la reliant directement au centre-ville et à la gare par le métro (...) Mais les transports sur l'agglomération toulousaine, ce sont 20 à 30 ans de conneries ! Nous nous sommes laissés engorger et je suis pessimiste à ce sujet car je ne vois pas les choses avancer... Moins nous déplacer pourrait nous sauver. Cette situation pourrait arrêter la progression de ce territoire sur le plan économique", a-t-il conclu.