Aéroport de Toulouse : 16 millions d'euros de dividendes aux actionnaires

Les actionnaires de l'aéroport de Toulouse (ATB), réunis en assemblée générale mardi 5 novembre, ont décidé de reverser l'intégralité du résultat net annuel sous forme de dividendes soit 16 millions d'euros. Mais les collectivités locales ont voté contre, estimant que la stagnation du trafic aérien et le changement d'actionnaire ne plaident pas pour une telle mesure. Les actionnaires locaux se sont également opposés à la nomination d'un commissaire aux comptes proche de Casil Europe.
Le reversement de dividendes au sein de l'aéroport de Toulouse fait polémique.
Le reversement de dividendes au sein de l'aéroport de Toulouse fait polémique. (Crédits : Rémi Benoit)

Pour la quatrième année consécutive, l'assemblée générale des actionnaires de l'aéroport Toulouse-Blagnac (ATB) a débouché mardi 5 novembre sur un reversement intégral du résultat net de l'année 2018 sous forme de dividendes. Le montant de la cagnotte s'élève à 16,2 millions d'euros, à partager entre tous les actionnaires (le capital est détenu à 49,99% par la société d'actionnaires chinois Casil Europe, à 10,01% par l'État et 40% par la CCI, Toulouse Métropole, le Conseil départemental et la Région Occitanie).

Opposition des actionnaires locaux

Mais la mesure est loin de faire l'unanimité. Si Casil Europe y est favorable tout comme l'État (les deux entités détenant la majorité pour faire passer cette décision), les actionnaires locaux sont contre.

"Nous avons toujours été opposés au reversement intégral des bénéfices, lance Pascal Boureau, le représentant du Département au conseil de surveillance. D'autant plus dans le contexte actuel : le trafic de l'aéroport stagne cette année, il existe des incertitudes concernant l'impact du Brexit sur l'activité, la honte de prendre l'avion progresse... Ce n'est pas le moment d'assécher les réserves mais plutôt d'en reconstituer au lieu de reverser des dividendes".

Lire aussi : Aéroport de Toulouse : pourquoi le trafic stagne ?

Bernard Keller, vice-président de Toulouse Métropole complète : "Il ne faut pas reverser des dividendes dans un contexte de changement d'actionnaire. Casil Europe veut sortir du capital. On ne part pas en essayant de s'en mettre plein les poches".

Changement de commissaire aux comptes

À noter que lors de cette AG, les actionnaires locaux ont également voté contre la nomination d'un nouveau commissaire aux comptes. Le précédent, Exco, a été remplacé, selon nos informations, par le cabinet parisien Mazars, en charge des comptes de Casil Europe par le passé.

Depuis l'arrivée du consortium chinois dans le capital de l'aéroport en 2015, la question des dividendes attise les tensions au sein du conseil de surveillance de l'aéroport. Le président de Casil Europe Mike Poon répète qu'il attend "un retour sur investissement raisonnable".

Lire aussi : Aéroport de Toulouse : Mike Poon justifie les 14 millions d'euros de dividendes aux actionnaires

Dès 2016, il a demandé 40 millions d'euros pour l'ensemble des actionnaires. Mais il a obtenu "seulement" 17,5 millions d'euros en puisant dans les réserves financières de l'aéroport, malgré un vote d'opposition des collectivités locales. L'année suivante, les actionnaires français ont voté à nouveau contre le versement de 7,85 millions d'euros aux actionnaires (dont 1,5 million d'euros puisé dans les réserves). En mai 2018, rebelote. Les collectivités locales et la CCI votent contre le versement de l'intégralité du résultat net de l'aéroport, soit 14 millions d'euros de dividendes (aucune ponction cette fois dans les réserves).

Pour mettre un point final aux tensions, les actionnaires ont signé en décembre 2018, un accord sur cinq ans permettant de reverser l'intégralité du résultat net sous forme de dividendes. Les réserves sont exclues du deal. Mais cet accord est en sursis depuis que les actionnaires locaux ont appris par la presse que Casil Europe cherchait à revendre ses parts au plus offrant.

La société d'actionnaires chinois est entrée en négociations exclusives avec le groupe de BTP Eiffage. Reste à savoir si avec l'arrivée de ce nouvel actionnaire, les règles de reversement des dividendes vont changer.

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Commentaires 3
à écrit le 05/11/2019 à 16:48
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Devant un tel pillage, les Français ont parfaitement raison de ne pas investir un Kopeck ( oui, un Euro...) dans le Casino de la Bourse. Ils sont sûrs de se faire plumer. Laissons les requins s'entretuer.

à écrit le 05/11/2019 à 16:11
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Casil aura doublé sa mise et s'est fait servir de juteux dividendes tous les ans. Chapeau !!

à écrit le 05/11/2019 à 15:19
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Et quand est-ce que les actionnaires de l'industrie ultra polluante paieront eux aussi une taxe carbone !? "Gardes ! Emparez vous de cet individu !"

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