Gilets jaunes : le chômage partiel explose dans les commerces d'Occitanie

Par Pierrick Merlet  |   |  646  mots
En début d'année, de nombreux commerces toulousains avaient installé une pancarte "À vendre" sur leur devanture pour interpeller les pouvoirs publics sur leur situation. (Crédits : Pierrick Merlet)
La secrétaire d’État auprès du ministre de l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, a présenté le plan d'aide du gouvernement en soutien aux commerçants impactés par le mouvement des Gilets jaunes. Décalage des échéances fiscales, mesures de chômage partiel, travail le dimanche... Ces dispositifs nationaux viennent en complément des nombreux plans de soutien locaux mis en place par les diverses collectivités. Néanmoins, ce soutien politique n'empêche pas les commerces de l'Occitanie d'être les plus touchées par le mouvement social en France, et de loin.

Tous les commerces du centre-ville de Toulouse, sans exception, ont constaté une baisse de leur chiffre d'affaires depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, samedi 17 novembre. Selon une récente enquête de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (CCI), certains faisaient même état d'une baisse de 50% voire 60% de leur activité...

Un tel naufrage économique, dans une période de l'année où les commerçants réalisent "environ 40% de leur chiffre d'affaires annuel", selon le président du Tribunal de commerce de Toulouse, Christian Bastide, n'est pas sans conséquence. D'après la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, les commerçants de la région Occitanie représenteraient à eux seuls 28,6% des dossiers de chômage partiel au niveau national... Ce qui en fait le territoire le plus concerné par cette démarche administrative et de loin. En deuxième position des régions les plus touchés se trouve les Hauts-de-France, avec "seulement" 12,8% des dossiers traités.

Document transmis jeudi 31 janvier, par le ministère de l'Économie.

Décalage des échéances fiscales

Devant cette situation, la membre du gouvernement a donc annoncé un plan d'aide aux entreprises touchées par le mouvement des Gilets jaunes, après avoir rencontré vendredi 25 janvier des représentants d'associations et de fédérations locales d'artisans et de commerçants (de Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Saint-Étienne, Lyon, Nantes, Dijon) afin d'évaluer l'impact économique du mouvement des Gilets jaunes.

"La première mesure consiste en un décalage des échéances fiscales et charges sociales de trois mois. Seconde mesure, les dossiers de chômage partiel pour les entreprises impactées par ce mouvement seront payés par l'État. Troisième mesure, nous délivrerons des autorisations de travail le dimanche pour les commerçants qui en font la demande. Enfin, en lien avec la fédération nationale bancaire, nous avons demandé une forme de bienveillance des banques à l'égard des entreprises en difficulté, notamment sur le paiement d'échéances d'emprunts et sur le besoin en fonds de roulement", a détaillé la secrétaire d'État, qui entend également accélérer le remboursement de la TVA pour les entreprises.

Pour préparer l'après Gilets jaunes, Bercy a fait savoir qu'il travaillait actuellement sur la mise en place "d'un dispositif d'animation du centre-ville" pour relancer l'activité commerciale et créer une incitation à revenir dans les cœurs de ville.

"Pas de hausse particulière des défaillances d'entreprises"

Ce plan de soutien aux commerçants s'ajoute à ceux mis en place par la Région Occitanie, le Département de Haute-Garonne, la mairie de Toulouse, la CCI de Toulouse et la Chambre des métiers et de l'artisanat de Haute-Garonne. Mais est-ce que cela suffira pour aider les commerçants et cela répond-il aux besoins exprimés par ces derniers ?

"Nous souhaitons aborder avec vous l'évolution des modalités de soutien économique à destination des commerçants toulousains. Les étalements des échéances sociales et fiscales ne peuvent plus suffire", comme l'expliquait récemment dans une lettre ouverte à destination du préfet Jonnhy Dunal, le président de l'association Carré Baragnon, un collectif de commerçants du cœur historique de Toulouse et dirigeant de la boutique L'Observatoire.

En attendant de pouvoir mesurer les bienfaits de tous ces plans, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie a fait savoir "qu'à ce stade, les tribunaux de commerce ne signalent pas une hausse particulière des défaillances d'entreprises". De son côté, Alain Di Crescenzo, président de la CCI Occitanie, estime qu'il faudra attendre "quelques semaines voire quelques mois" pour évaluer les dégâts sur la pérennité des entreprises.

Lire aussi : Des centaines de commerces "à vendre" dans le centre-ville de Toulouse