Dans le Gers, Édouard Philippe plaide pour des alternatives à la fibre dans les zones blanches

Par Florine Galéron  |   |  734  mots
Édouard Philippe inaugure une antenne 4G dans le Gers. (Crédits : Florine Galéron)
Le Premier ministre a annoncé vendredi 22 mars, lors d'un déplacement dans le Gers, la mise en place d'un chèque de 150 euros par foyer dans les zones blanches pour les équiper en Internet par satellite. En proposant des alternatives à la fibre, le Gers est parvenu depuis deux ans à fournir un "bon haut débit" à l'ensemble de ses habitants.

"On ne pourra pas amener la fibre jusqu'au dernier hameau du village. Ce serait techniquement trop complexe et très coûteux. Mais là où la fibre ne passe pas, il faut accompagner les citoyens pour qu'ils installent une antenne sur leur toit afin d'accéder à Internet par satellite ou par des boucles radio", a expliqué vendredi 22 mars le Premier ministre, Édouard Philippe, lors d'un déplacement à Mirande (Gers).

En décembre 2017 à Cahors (Lot), le chef du gouvernement avait affiché l'ambition de donner "un accès au bon haut débit à tous les Français d'ici 2020". Pas question de promettre à toutes les communes la fibre (soit un débit de 30 mégabits/seconde), mais plutôt d'y déployer un débit d'environ 8 mégabits/seconde via des solutions alternatives.

Boucle locale radio et Internet par satellite

Devant un amphithéâtre bondé d'élèves d'un lycée agricole, le chef du gouvernement a donc annoncé la création d'un chèque de 150 euros par foyer pour les 6% de Français qui ne seront pas raccordés au haut débit par les opérateurs privés via la fibre ou le réseau téléphonique. Cette somme sera versée sur la facture téléphonique des utilisateurs qui ont souscrit à une offre labellisée "cohésion numérique" par l'État.

Deux solutions technologiques sont proposées dans cette offre. La première consiste à installer une antenne pour raccorder une boucle locale radio (THD radio, Wi-Fi, Wimax). Cette alternative est proposée par des sociétés comme la PME toulousaine Alsatis. L'autre solution nécessite le déploiement d'une parabole sur le toit du particulier pour capter Internet par satellite. Ce service est distribuée par Europasat et Nordnet (une filiale d'Orange). Édouard Philippe a rappelé lors de son discours qu'Eutelsat va lancer en 2019 et 2020 deux satellites supplémentaires pour renforcer la couverture sur le territoire.

Lire aussi : Le Toulousain Alsatis se pose en alternative à la fibre dans les zones rurales

L'exemple gersois

Dans le Gers, les élus n'ont pas attendu les annonces gouvernementales pour mettre en place ce mix technologique.

"Nous étions en 2014 le département de France le moins bien doté au niveau de la couverture Internet. Depuis 2017, l'ensemble des habitants du Gers ont accès à un bon débit", a souligné le président du Département, Philippe Martin.

La fibre optique a été installée dans 200 villages du département, couvrant 86% des foyers gersois. Le reste des habitants sont raccordés via un réseau public, Wifimax, ou par satellite pour les foyers les plus isolés. "Ce mix pragmatique nous a permis d'atteindre le bon débit pour tous trois ans avant les objectifs du gouvernement", a ajouté le directeur de Gers numérique, Romain Gabrielli. L'objectif est de couvrir l'ensemble du département en très haut débit en 2021.

Essentiel pour le développement économique

À Mirande, une poignée de chefs d'entreprises ont témoigné devant le Premier ministre des avancées apportées par le déploiement numérique. "Nous avons failli déménager notre entreprise pour nous rapprocher de Toulouse mais l'amélioration de la couverture nous a fait rester", a ainsi confié Michael Ehmann, le fondateur de Nataïs, leader du pop-corn qui emploie 130 salariés sur le département. De son côté, Xavier Abadie, spécialisé dans les chapons de Noël, raconte pouvoir désormais "envoyer de manière dématérialisée toutes les informations liées à la traçabilité des volailles". La connexion Internet s'avère essentielle également dans l'optique de développer la télémédecine dans les zones rurales.

Reste qu'au niveau de la couverture mobile, "il reste 82 antennes sur 316 dans le Gers à faire basculer de la 2G ou la 3G en 4G", a indiqué Didier Casas, le président de la Fédération française des télécoms. Le dirigeant était également du déplacement pour inaugurer une antenne 4G dont le financement est partagé entre les quatre opérateurs (Orange, Bouygues, SFR, Free). Sachant qu'une antenne coûte entre 150 000 et 200 000 euros.

"Des accords contraignants ont été conclus en janvier 2018 dans le cadre d'un New deal mobile avec les opérateurs. Depuis, 4 000 pylônes 4G ont été déployés sur le territoire", a souligné Édouard Philippe. 207 antennes supplémentaires sont prévues d'ici deux ans dans l'Hexagone.