Le train à hydrogène va être testé près de Toulouse

Par Pierrick Merlet  |   |  736  mots
Le train à hydrogène développé par Alstom, le Coradia iLint, circule actuellement en Allemagne. (Crédits : Alstom)
À l'occasion d'un déplacement sur le site d'Alstom à Tarbes (Hautes-Pyrénées), la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, a annoncé le lancement du premier train à hydrogène en France en 2021. Aux côtés de Jean-Baptiste Eyméoud, le président d'Alstom France, l'élue régionale a précisé que cette expérimentation se déroulerait sur la ligne Montréjeau-Luchon, actuellement fermée. La France, après l'Allemagne, sera ainsi le second pays à se doter d'une telle technologie visant à réduire les émissions de gaz à effets de serre du transport ferroviaire.

Après l'Allemagne, la France sera le second pays au monde à expérimenter le train à hydrogène. Depuis le 17 septembre dernier, deux trains à hydrogène Coradia iLint, conçus par Alstom, parcourent la centaine de kilomètres qui séparent Cuxhaven, station balnéaire de la mer du Nord, et Buxtehude, aux portes de Hambourg. Si les tests sont réussis, 14 autres trains de ce genre doivent être livrés en 2021 au Land de Basse-Saxe.

Prochainement, ce sera au tour de la région Occitanie d'accueillir cette technologie pour une expérimentation. C'est ce qu'a annoncé la présidente du Conseil régional, Carole Delga, en visite mercredi 28 novembre sur le site d'Alstom de Tarbes (Hautes-Pyrénées), atelier où est conçu en grande partie cette nouvelle technologie.

"Je souhaite que la région Occitanie devienne le terrain d'expérimentation privilégié du train à hydrogène, nous sommes donc la première Région de France à avoir passé commande auprès d'Alstom en ce sens. Sur les 16 Régiolis (trains régionaux, ndlr) commandés récemment à l'industriel, 13 sont classiques mais 3 seront à hydrogène. Ces trois rames représentent un investissement de 25 à 30 millions d'euros pour la Région", a annoncé Carole Delga lors d'une allocution devant une partie des 668 salariés du site.

Ainsi, c'est la ligne Montréjeau-Luchon (communes de Haute-Garonne) qui servira de premier terrain d'expérimentation français. Pour le moment, cette ligne de 36 kilomètres est fermée depuis 2013 suite aux importantes inondations qui ont touché le département cette année-là. "Nous devons faire des travaux pour la refaire complément, alors les travaux seront effectués spécifiquement pour le train à hydrogène", a précisé l'ancienne ministre sans pour autant donner le montant de ces travaux. Elle a également ajouté que déjà "deux ou trois autres lignes dans la région" étaient étudiées avec la SNCF pour tester cette innovation.

Le directeur du site, Benoit Carniel (à droite), présente à Carole Delga le système de pile à combustible pour le train à hydrogène. / (Crédits Pierrick Merlet)

D'autres Régions vont suivre

Néanmoins, le calendrier ne paraît pas aussi clair car il reste un certain travail de développement à réaliser. Alors, Alstom comme la Région Occitanie, souhaitent le lancement d'une phase de tests avec un train sur la ligne "en 2021-2022", puis une phase pilote avec plusieurs trains en exploitation "d'ici 2022-2023".

D'ici-là, la Région Occitanie veut convaincre d'autres Régions de passer commande à ses côtés avant juin 2019, pour accélérer le développement industriel de cette future offre de transport.

"J'ai commencé à en parler à plusieurs présidents de Région qui sont très intéressés et nous avons une réunion début décembre à Région de France où, je pense, que des annonces seront faites par d'autres Régions en ce sens", a fait savoir Carole Delga.

"Sa" Région travaille notamment avec la Région Nouvelle Aquitaine, présidée par Alain Rousset, pour tester le train à hydrogène sur la ligne Toulouse-Bayonne à terme.

Remplacer 500 trains diesel d'ici 10 ans

L'ambition d'un tel développement technologique est d'avoir un parc ferroviaire plus propre dans la lutte contre le réchauffement climatique et donc les émissions des gaz à effet de serre. Le Coradia iLint, développé par Alstom, qui émet uniquement de la vapeur d'eau et qui est silencieux, pourrait donc être une des solutions.

40 recrutements sont en cours sur le site Alstom de Tarbes. / (Crédits : Pierrick Merlet)

"Aujourd'hui, il y a environ 1 000 trains diesel en France, et une bonne moitié de ces trains ont plus de 20 ans, et seront donc à remplacer dans 10 ans. L'objectif que nous poursuivons est d'être en capacité, quand ces matériels seront remplacés, de le faire avec des trains zéro émission. Il faut donc qu'avant 2028, nous puissions livrer une flotte de 25 à 50 trains à hydrogène, et qu'elle soit testée en conditions réelles", décrit le groupe industriel français dans un communiqué.

Pour y parvenir, en plus du soutien de la Région Occitanie qui se dit prête à l'accompagner sur le volet R&D, Alstom mise sur le Plan hydrogène. Présenté par le gouvernement le 1er juin 2018, ce plan prévoit des financements pour le développement de la mobilité à hydrogène par TER, mais aussi voiture, bus, camion et bateau.