Des canopées pour lutter contre les îlots de chaleur à Toulouse

Par Florine Galéron  |   |  645  mots
Trois canopées urbaines sont en train d'être installées à Toulouse. (Crédits : Florine Galéron)
La startup parisienne Urban Canopee met en place des structures légères au-dessus d'un parking de métro à Toulouse. Sur ces dernières, vont y pousser des plantes grimpantes pour rafraîchir l'air ambiant.

Difficile de tenir en plein soleil sur la place Diebold, à quelques mètres du métro Saint-Cyprien à Toulouse. Pas d'arbre et zéro ombre à l'horizon."Nous sommes au-dessus d'un parking, donc impossible de planter des arbres", explique Hubert Michaudet, directeur général d'Urban Canopee. Ce professeur aux Ponts et Chaussées a cofondé cette startup en 2016 avec l'une de ses anciennes élèves, Elodie Grimoin.

"Un laboratoire de l'école travaillait sur les gridshells : ce sont des structures amovibles et modulaires en matériaux composites biosourcés. Quatre fois plus légères que l'acier, ces structures sont pourtant tout aussi résistantes. Nous nous sommes demandé : 'Pourquoi ne pas les utiliser pour rafraîchir les villes en faisant des sortes de tonnelles ?'", rapportait Elodie Grimoin il y a quelques mois.

La startup parisienne a finalement opté pour des structures légères en forme de corolles où peuvent pousser des plantes grimpantes pour apporter un peu de fraîcheur en ville et lutter contre le phénomène des îlots de chaleur. Trois exemplaires ont été installés à Toulouse, jeudi 29 août, sur la place Diebold.

Un pot équipé de capteurs

Il suffit d'une journée pour mettre en place la structure de quatre mètres de hauteur et pesant 100 kg. La canopée urbaine repose sur un pot où seront plantées à compter du mois de septembre neuf espèces (jasmin, clématite, houx blanc, passiflore, vigne vierge, etc) choisies par les élèves de l'école d'ingénieurs agronomes de Purpan. En plus de la terre et des plantations, le pot contient à sa base une réserve de 200 litres d'eau. Grâce à des capteurs de température et d'humidité, le système ponctionne dans la réserve l'eau nécessaire aux besoins des fleurs. Tandis qu'un capteur solaire intégré au pot fournit l'énergie pour faire fonctionner les capteurs.

Une projection de futures canopées urbaines (Crédits : Urban Canopee).

"Il faudra deux ans pour que les plantes poussent jusqu'en haut de la corolle. La végétation des trois corolles permettra alors de créer 150 m2 d'ombre", indique Hubert Michaudet.

Au-dessus d'un centre commercial en Seine-Saint-Denis

L'expérimentation à Toulouse doit durer cinq ans. "Nous pourrions en installer d'autres dans des lieux minéralisés, comme par exemple des cours d'école", a indiqué Bertrand Serp, le maire de quartier. De son côté, le président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc, souligne que "cette démarche s'inscrit dans le programme Smart City aux côtés d'autres expérimentations de végétalisation de la ville. Nous avons aussi lancé une cartographie des îlots de chaleur".

Les 20 000 euros nécessaires pour les trois premières corolles ont été financés par Icade, GRDF, Toulouse Métropole et via une campagne de crowdfunding sur Ulule. À terme, chaque corolle sera vendue 10 000 euros pièce.

Un montant qui n'empêche pas d'attirer aussi bien les acteurs publics que privés. "Nous avons déjà 25 commandes et nous tablons sur 50 corolles installées d'ici la fin de l'année", indique le dirigeant de la société. Parmi les projets, figurent le parvis de la BNF à Paris, un autre dans la ville d'Asnières. Une première corolle a également été installée au-dessus du centre commercial Domus de Rosny-sous-Bois en Seine-Saint-Denis au cœur d'une ferme urbaine où pousseront des plantations de fruits.

Corolle au-dessus d'un centre commercial en Seine-Saint-Denis. (Crédits : Urban Canopee)

Pour financer tous ces projets, une levée de fonds de 200 000 euros a été réalisée fin juillet auprès de business angels. Un tour de table plus conséquent est prévu à terme pour financer l'ouverture d'une usine pour industrialiser la production des structures. Urban Canopee qui compte actuellement sept personnes prévoit d'embaucher deux salariés supplémentaires d'ici la fin de l'année.