Une carte alerte sur la pollution à Toulouse près des écoles

Par Clothilde Doumenc avec Florine Galéron  |   |  849  mots
Le collectif Archipel citoyen a diffusé une carte interactive pour alerter les habitants sur les seuils de pollution dans les lieux publics accueillant des enfants. (Crédits : Archipel Citoyen)
Alors que Jean-Luc Moudenc a ouvert vendredi 5 avril le forum Toulouse + verte, le collectif Archipel citoyen a publié une carte interactive qui révèle les concentrations annuelles des polluants atmosphériques dans les lieux publics accueillant des enfants. À travers ce projet, le collectif souhaite interpeller les citoyens et dénoncer l'inaction de la municipalité sur les questions écologiques.

"Toulouse s'essouffle!", c'est le cri d'alarme lancé par le collectif Archipel citoyen (formé en vue des municipales toulousaines de 2020 et qui a reçu le soutien d'EELV). Le 5 avril dernier, ses membres ont publié une carte interactive qui juxtapose les niveaux de pollution de l'air observés par Atmo Occitanie et les implantations de lieux publics accueillant des jeunes enfants (crèches, écoles élémentaires, aires de jeux).

En rouge, figurent les zones où les seuils recommandés de pollution sont dépassés : l'organisation mondiale de la santé préconise de ne pas être exposé à plus de 40 mg/m3 de dioxyde d'azote (NO2) en moyenne par an. Ce seuil annuel est dépassé dans certains quartiers toulousains puisque d'après les données d'Atmo Occitanie, sur le périphérique sud, le niveau de dioxyde d'azote a été de 74 mg/m3 en 2017. Quant aux particules (PM10), en moyenne sur le périphérique sud, leur niveau a atteint 29,5 microgrammes/m3, soit beaucoup plus que le seuil de 20 mg/m3 recommandé par l'OMS.

"Il est clairement visible que des lieux publics fréquentés par les enfants se situent à des endroits où les valeurs limites de pollution sont clairement dépassées tout au long de l'année, le plus souvent dans le sud la ville et en bordure de rocade", alerte Archipel citoyen.

Entre 8 000 et 18 000 Toulousains touchés par la pollution chronique

Or, selon l'étude européenne menée dans le cadre du projet Aphekom sur l'impact économique et sanitaire de la pollution atmosphérique, "à proximité des voies à forte densité de circulation automobile, on constate une augmentation de 15 à 30% des nouveaux cas d'asthme chez l'enfant et des pathologies chroniques respiratoires". D'après la même enquête, si l'on réduisait le taux de particules fines de 5 microgrammes par mètre cube, les Toulousains pourraient gagner quatre mois d'espérance de vie et on pourrait éviter chaque année 124 décès.

À Toulouse, d'après Atmo Occitanie, entre 8 000 et 18 000 personnes sont touchées par la pollution chronique. "La pollution sera un enjeu sur les prochaines municipales, il faut commencer à faire de la pédagogie sur le sujet", estime Raphaël André, l'un des portes-paroles du mouvement. Des cartes similaires ont émergé dans d'autres villes françaises ces derniers jours à Strasbourg à l'initiative de Greenpeace et à Paris via l'association Respire.

Face à ce fléau, le président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc s'était engagé à améliorer la qualité de l'air à travers le plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET) adopté en 2018. Un projet sur lequel il est revenu à l'occasion du forum "Toulouse + verte", qui s'est tenu du 5 au 7 avril.

"Nous avons engagé un plan de déplacement urbain, avec une extension du métro, des alternatives deux roues et pédestres qui permettent de réduire la place de la voiture en ville. Puis il y a des actions liées au cadre de vie. Nous avons notamment mis des règles d'urbanisme pour ne pas construire dans les zones exposées à la pollution. Enfin, nous accordons une subvention, la prime air-bois, pour le remplacement des appareils individuels de chauffage au bois non performants", rappelle François Chollet, adjoint au maire en charge de coordonner la politique de développement durable.

"Des fleurs sur les murs, ce n'est pas suffisant"

Lors du forum, la municipalité a mis l'accent sur sa volonté de végétaliser les rues (fleurs sur les balcons et les murs, jardins partagés, plantation de 100 000 arbres etc). Mais pour Raphaël André, cette stratégie ne s'attaque pas réellement à la pollution :

"Ils ne parlent pas de transition écologique et ne cherchent pas à remettre en cause l'usage de la voiture. Ce n'est pas juste une histoire de nature en ville, il va falloir aller plus loin et réduire les déchets. Des fleurs sur les murs, ce n'est pas suffisant."

Quant aux problèmes de pollution liés au trafic routier, Jean-Luc Moudenc a réaffirmé lors du forum sa volonté de mettre en place une zone à faibles émissions ( ZFE) avant la fin 2020 au sein de laquelle les véhicules les plus polluants ne pourront plus circuler. Le  périmètre et le calendrier précis de mise en application restent encore à définir.