Sivens : la tension monte avant la décision du Conseil général

Par Florine Galéron  |   |  644  mots
Le site du projet de barrage en octobre dernier.
Depuis ce lundi matin, plusieurs dizaines d'agriculteurs bloquent l'accès à la Zad de Sivens, dans le Tarn. Le Conseil général doit se réunir ce vendredi 6 mars pour examiner les projets alternatifs au très contesté barrage de Sivens. Les opposants au projet, qui sont toujours présents sur le site, pourraient être expulsés dès la semaine prochaine.

Depuis 8 heures ce lundi 2 mars, une centaine d'agriculteurs bloque l'accès à la Zad de Sivens, dans le Tarn, à l'appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs 81. "Entre 40 et 60 agriculteurs se sont postés de chaque côté de la zone et nous avons prévu de nous relayer au moins jusqu'à vendredi", décrit Philippe Jougla, le président de la FDSEA tarnaise. Dénonçant "l'inaction de l'État" face à la présence d'opposants au barrage depuis des mois sur la zone, le représentant de la FDSEA souhaite "que les zadistes soient expulsés le plus rapidement possible".

 De son côté, la maire de Lisle-sur-Tarn, Maryline Lherm a dénoncé ce matin sur BFM "une zone de non-droit" et s'est inquiétée face au regain de tension sur place : "on ne voudrait pas que le Tescou coule du sang".

À plusieurs centaines de mètres du blocage, quelques dizaines de zadistes se sont retranchées derrières de petites barricades, dénonçant "une séquestration par des milices pro-barrage". Les anti-barrage ont annoncé par ailleurs sur leur site qu'ils allaient former mercredi "un convoi pacifique pour ravitailler en nourriture et médicaments ceux et celles qui sont assiégés pour défendre notre bien commun".

Quel scénario sera retenu par le conseil général ?

La tension est palpable alors que le Conseil général du Tarn doit examiner ce vendredi les projets alternatifs au barrage initialement prévu. Mi-janvier, les deux experts nommés par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal ont privilégié deux scénarios.

La première solution consiste à redimensionner le barrage. Le volume d'eau de l'ouvrage serait réduit à 750 000 m3, soit deux fois moins que dans le projet initial. Par ailleurs, dans ce scénario, le chantier reculerait de 300 mètres, "en préservant ainsi une partie de la zone humide" et en évitant aussi de construire le barrage à l'endroit où le jeune Rémi Fraisse est décédé le 26 octobre dernier.

Dans le deuxième scénario, le barrage serait remplacé par quatre petites retenues : une à Sivens, une sur le ruisseau voisin de la Bayssière (300 000 m3 pour chaque retenue), et deux plus petites retenues latérales.

Mais aucun de ces deux scénarios ne convainc pleinement les deux parties. La FNSEA plaidait pour un ouvrage d'au moins un million de m3 pour couvrir les besoins en eau. Des besoins largement surestimés, selon Jean-Claude Egidio, habitant de Gaillac et fervent opposant au barrage : "Il existe déjà 185 retenues d'eau sur le Tescou qui représentent plus de 4,5 millions de m3, soit trois fois la taille du barrage initial."

Les anti-barrage ont par ailleurs lancé une pétition pour faire pression auprès du Conseil général :

Les zadistes expulsés dès lundi prochain ?

Quelle que soit la décision du Conseil général, les zadistes risquent d'être expulsés dès la semaine prochaine. Fin janvier, Ségolène Royal avait en effet annoncé devant l'Assemblée nationale :

"Dès lors que les élus locaux auront fait leur choix, alors il y aura une évacuation du site afin que l'État de droit reprenne ses droits."

"On pense que l'expulsion risque d'avoir lieu dès lundi prochain, le 9 mars", confirme l'anti-barrage Jean-Claude Egidio. Selon lui, Thierry Carcenac, président du Conseil général du Tarn et candidat à sa réélection au premier tour des départementales le 22 mars prochain, aurait tout intérêt à ce que l'expulsion ait lieu le plus tôt possible.