La ministre de l'Écologie Ségolène Royal enterre le projet initial de barrage

Les experts mandatés par le ministère de l'Écologie ont rendu ce vendredi à Ségolène Royal leur rapport final sur le barrage de Sivens, dans le Tarn. Deux scénarios sont préconisés : réduire de moitié l’ouvrage initial ou réaliser plusieurs petites retenues. Malgré des mois de discussion, le dialogue est toujours bloqué entre opposants et pro-barrage.
Deux gendarmes surveillant les travaux en septembre au Testet.

Pour Ségolène Royal, le projet initial de barrage à Sivens dans le Tarn "n'est plus d'actualité". La ministre de l'Écologie a réagi ce vendredi 16 décembre après avoir reçu le rapport final des experts qu'elle avait envoyés sur le terrain pour compléter leur premier rapport. Selon eux, ce projet "n'apparaît pas comme une solution adaptée". L'intégralité du document sera présentée lundi 19 janvier à Albi.

Deux scénarios envisagés

Deux scénarios sont privilégiés par les experts depuis le rapport intermédiaire rendu en décembre dernier. La première solution revient à redimensionner le barrage. Le volume d'eau de l'ouvrage serait réduit à 750 000 m3, soit deux fois moins que dans le projet initial. Par ailleurs, dans ce scénario, le chantier reculerait de 300 mètres, "en préservant ainsi une partie de la zone humide" et en évitant aussi de construire le barrage à l'endroit où le jeune Rémi Fraisse est décédé le 26 octobre dernier.

Dans le deuxième scénario, le barrage serait remplacé par quatre petites retenues : une à Sivens, une sur le ruisseau voisin de la Bayssière  (300 000 m3 pour chaque retenue), et deux plus petites retenues latérales.

Alors que Ségolène Royal comptait sur les tables rondes pour renouer le dialogue et trouver un compromis, les deux scénarios présentés ne convainquent pleinement aucune des parties. "On craint des préconisations plus politiques que scientifiques de la part des experts, histoire de couper la poire en deux", soupire Ben Lefetey, le porte-parole du collectif du Testet. L'opposant au barrage estime que les besoins en eau sont encore largement surestimés : "D'après nos calculs, le volume nécessaire serait de 330 000 m3".

Les 2 M€ de subventions européennes en péril

De leur côté, les pro-barrage ont adressé cette semaine une lettre à François Hollande et Ségolène Royal dans laquelle ils demandent "un arbitrage dans l'urgence". Parmi eux, Jean-Louis Chauzy.

"La France doit donner une réponse à l'Europe avant le 26 janvier sans quoi les 2 millions d'euros de subventions européennes versées par le FEDER (Fonds européen de développement régional) seront perdues", s'alarme le président du Conseil économique et social de la région Midi-Pyrénées.

En effet, la Commission européenne avait lancé le 26 novembre une procédure d'infraction à l'encontre de la France pour non-respect de la législation européenne et en particulier de la directive de l'eau. Les aides de l'Europe devaient financer 23% des 8.4M€ du coût du projet initial. Autant dire que le projet de barrage serait fortement mis à mal sans cette aide de l'Europe.

Climat de tension à Sivens et sur internet

À proximité du site du barrage, le climat est toujours très tendu. Ben Lefetey, le porte-parole du Collectif du Testet a annoncé qu'il allait porter plainte à la gendarmerie de Gaillac après avoir retrouvé sa maison taguée avec une inscription "Ici vit Ben Laden" juste avant Noël. De leur côté, les pro-barrage ont de plus en plus de mal à supporter la présence des zadistes sur le site. Ils demandent "plus que jamais, le respect de l'État de droit, la réalisation de l'ouvrage avant 2016 et le départ des zadistes en situation d'occupation illégale".

Sur internet, les hostilités ont repris. Un collectif de pro-barrage qui détenait un site anonyme a lancé un nouveau site le 6 janvier dernier. Toujours anonyme, ce "collectif de riverains" publie des photos des "armes des zadistes" et fait appel aux internautes pour envoyer "témoignages, photos, vidéos de ces casseurs".

L'enquête sur la mort de Rémi Fraisse se poursuit

Dans le même temps, l'enquête sur la mort de Rémi Fraisse continue. Mercredi, le gendarme qui a lancé la grenade responsable du décès du jeune homme de 21 ans a été placé en garde à vue. Il était entendu dans le cadre de l'information judiciaire ouverte par le parquet de Toulouse pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Début décembre, l'enquête administrative de l'Inspection générale de la gendarmerie avait écarté toute faute professionnelle des gendarmes.

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