À Toulouse, les agriculteurs en colère contre les députées ayant voté pour le CETA

Par Florine Galéron  |   |  521  mots
Plusieurs tonnes de fumier ont été déversées jeudi soir devant la permanence de la députée Monique Iborra. (Crédits : Compte Twitter de Monique Iborra)
Un groupe d'agriculteurs de la FDSEA 31 a déversé dans la nuit de jeudi à vendredi du fumier devant la préfecture et les permanences de deux députées ayant voté en faveur du traité de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne. Ils estiment que le CETA va tirer à la baisse les prix de la viande et dénoncent l'importation à venir de colza OGM. La députée Monique Iborra réfute ces craintes.

"Nous avions convié les députés de Haute-Garonne ayant voté en faveur du CETA le 29 juillet sur notre exploitation agricole pour débattre. Ils ne sont pas venus et nous avons donc décidé de cette action symbolique", explique Luc Mesbah, secrétaire adjoint de la FDSEA 31.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, un groupe d'agriculteurs a déversé plusieurs tonnes de fumier devant la préfecture de Haute-Garonne à Toulouse ainsi qu'à proximité de la permanence de la députée LREM Monique Iborra à Tournefeuille. De son côté, la députée Corinne Vignon (LREM) a vu l'entrée de la sienne murée par une quinzaine de parpaings.

Du boeuf aux hormones et du colza OGM ?

 Les agriculteurs leur reprochent d'avoir approuvé le traité de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne adopté à l'Assemblée nationale le 23 juillet dernier. Pour Luc Mesbah, le CETA va nuire de manière importante à la filière agricole : "On va importer massivement de la viande en provenance du Canada où les normes sanitaires sont très différentes de celles en vigueur en France". Le pays autorise en effet le boeuf aux hormones et l'usage des antibiotiques.

"Cette viande de qualité standard sera utilisée pour les plats préparés mais cela ne figurera pas sur l'étiquette. Elle sera vendue 30% à 40% moins chère que notre production française, cela va tirer les prix vers le bas et aura un impact ensuite même sur les viandes de qualité supérieure qui ont des labels. Si les éleveurs français vendent moins de viande, la taille de leur troupeau va diminuer, ils auront besoin de moins de céréales pour les nourrir et cette filière sera aussi touchée", alerte-t-il.

Luc Mesbah s'inquiète aussi de l'arrivée de produits cultivés avec des pratiques non tolérées en France:

"Le Canada fait du colza OGM (canola), le blé dur est aspergé de 10 litres de glyphosate, etc. Alors que dans le même temps on demande aux agriculteurs français de se passer des pesticides."

Augmentation des exportations de produits laitiers

Pour la députée Monique Iborra, ciblée par les agriculteurs, ces peurs n'ont pas lieu d'être :

"Il n'y aura pas de boeuf aux hormones en France tout simplement parce que l'Europe l'interdit, c'est pareil pour les cultures OGM. D'ailleurs, très peu de viande est importée depuis le Canada. Les contrôles sanitaires ont été efficaces".

La responsable politique souligne également que le CETA va amener "une augmentation des exportations vers le Canada de produits agroalimentaires de 8% et des produits laitiers de 19%".

Sur la forme, la députée dénonce :"C'est inacceptable d'être la cible de menaces par des personnes qui ne sont pas d'accord avec ce que j'ai voté". Elle indique n'avoir pas été informée de l'invitation de la FDSEA 31.