Aéroport : le Département prêt à tout pour empêcher la prise de contrôle de Casil Europe

Par Pierrick Merlet  |   |  691  mots
Georges Méric s'est montré ferme sur ses intentions concernant l'aéroport de Toulouse-Blagnac lors de ses voeux à la presse 2018. (Crédits : Pierrick Merlet)
À l’occasion de ses vœux à la presse, Georges Méric, président du Département de la Haute-Garonne, a rappelé sa position concernant le dossier de l’aéroport de Toulouse. Il est prêt à acquérir les parts de l’État avec le soutien des autres actionnaires locaux, afin que cette infrastructure garde un actionnariat à majorité publique. L’élu a également fait part de sa volonté de trouver un accord avec Toulouse Métropole sur les investissements routiers, après les critiques de Jean-Luc Moudenc.

Le président du Département de Haute-Garonne, Georges Méric, a toujours gardé la même position sur le sujet : l'aéroport Toulouse-Blagnac doit conserver un actionnariat à majorité publique. Seulement, une échéance pourrait changer la donne prochainement.

À compter du 18 avril prochain, l'État aura six mois (renouvelable une fois, ndlr) pour décider s'il met en oeuvre l'option de vente à Casil Europe de ses 10,01% de parts restantes. Avec 60%, le consortium d'actionnaires chinois deviendrait alors majoritaire au sein du capital de l'aéroport, ce que veulent éviter à tout prix les actionnaires locaux (CCI, Région, Département, Métropole) qui détiennent actuellement les 40 % restants.

"L'État peut vendre ses actions pendant un an. Il peut les proposer aux Chinois sur la base d'un accord antérieur. Mais il n'y a pas que les accords antérieurs, il y a aussi la force politique et la force populaire, qui font que peut-être, l'État ne vendra pas ses parts sur cette période. Après cette échéance, tout est ouvert... Nous pouvons créer un rapport de force qui demande à l'État d'être prudent sur cette vente. Je pense qu'une grande partie de la population ne veut pas que cet aéroport soit privatisé à 60 %", a tenu à mettre en garde Georges Méric lors de ses vœux à la presse mercredi 17 janvier.

Ainsi, l'élu départemental compte sur le soutien de toutes les collectivités, mais surtout sur le soutien des Haut-Garonnais pour empêcher une éventuelle prise de contrôle de Casil Europe avant avril 2019. Après cette date, le Département envisage plusieurs scénarios.

"Il y a deux possibilités à l'issue de ces douze mois : soit l'État garde ses parts et c'est le mieux, soit il veut à tout prix être vendeur et on se positionne pour les racheter. On parle de 60 millions d'euros environ, 60 millions d'euros qui rapportent de l'argent aussi. Ce n'est pas un délire financier, au contraire cela tient la route. Nous l'avons bien étudié. Si le privé le veut c'est que c'est jouable", conclut le président départemental.

Georges Méric répond à Jean-Luc Moudenc sur les investissements routiers sur le territoire de la métropole

Quelques jours auparavant, le président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc, lors de ses vœux à la presse jeudi 11 janvier, a critiqué la gestion dont ont fait l'objet par le passé les 500 kilomètres de routes départementales passées sous giron métropolitain un an plus tôt. Des propos auxquels Georges Méric n'a pas manqué de répondre.

"Je veux écarter l'idée que le Département a sous-estimé les travaux qu'il y avait à faire dans les années antérieures sur la voirie et n'a pas donné ce qu'il fallait lors de notre accord de décembre 2015. C'est totalement faux, ce n'est pas la réalité du dossier".

Lors du transfert des compétences, la loi obligeait le Département à verser 10 millions d'euros par an à Toulouse Métropole. D'après l'institution départementale, cette dernière verserait même 12,5 millions d'euros par an. Malgré cet effort, Georges Méric se dit prêt à la négociation pour trouver un accord avec Jean-Luc Moudenc sur les investissements routiers.

"Aujourd'hui, nous sommes en capacité d'investir sur des routes métropolitaines bien qu'elles ne soient plus départementales désormais. Je prends un seul exemple : le pont de Saint-Jory. Il est nécessaire et il est sur le territoire de la métropole. Mais le Département participera à l'investissement. Le pont de Gagnac-sur-Garonne lui, a été réparé il y a 10 ans, pour le refaire, il faut le fermer et pour le fermer, il faut d'abord construire le pont de Saint-Jory. Si vous fermez le pont de Gagnac alors que celui de Saint-Jory n'existe pas, le nord toulousain sera tellement congestionné que vous n'y circulerez plus", explique celui qui est à la tête du Département depuis avril 2015.

Lors de ses voeux à la presse, Georges Méric a affirmé avoir fait une proposition de négociations pour trouver un accord général sur l'investissement routier avec Toulouse Métropole.