Que viennent chercher les entrepreneurs chinois à Toulouse ?

Par Gael Cérez  |   |  818  mots
Mercredi soir, une soirée de réseautage a inauguré le sommet économique franco-chinois à Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)
Pour l'ouverture du sommet économique franco-chinois à Toulouse, ce sont pas moins de cent entreprises de chaque pays qui se sont rencontrées hier, mercredi 1er juillet, le temps d'une soirée sur la terrasse des Galeries Lafayette. L'occasion de faire connaissance avant le forum qui s'est tenu aujourd'hui, et, pour les Chinois, de prendre le pouls d'une ville et d'un écosystème encore méconnus. Une soirée "networking" pas comme les autres. Récit.

Commerce et numérique, industrie et ingénierie, finances et investissement, services et environnement,  cent entreprises chinoises de tous les secteurs économiques étaient réunies le 1er juillet aux Galeries Lafayette, dans le centre-ville de Toulouse. Un nombre égal de sociétés françaises étaient à leurs côtés. Objectif du Comité France-Chine (CFC) et de la Chambre de commerce chinoise pour les produits mécaniques et électriques (CCCME), les organisateurs de la soirée : susciter des rencontres entre les entrepreneurs et faire fructifier les affaires.

"Les échanges économiques n'ont jusqu'à présent pas été la hauteur de l'amitié franco-chinoise, a remarqué André Chieng, vice-président du CFC, pendant son discours de lancement de la soirée. Mais une révolution est à l'œuvre en Chine. La demande interne augmente et les entreprises chinoises se tournent vers l'extérieur. Cela amène des défis et des opportunités pour les entreprises françaises. Il faut qu'elles rencontrent leurs homologues chinoises pour en profiter."

André Chieng, vice-président du Comité France-Chine © photo Rémi Benoit

Côté chinois, on est sur la même longueur d'onde. "J'espère qu'en venant ici, nous pourrons mieux connaître nos interlocuteurs", a affirmé Zhang Yujing, le président de la CCCME.

Car, vu de la Chine, et en dehors d'Airbus, Toulouse et son potentiel économique sont peu connus. En marge de son intervention, le chef de l'importante délégation économique chinoise (200 entreprises) l'a lui même reconnu.

"Je connaissais très mal Toulouse. À l'occasion du forum franco-chinois, les chefs d'entreprise de nos deux pays vont se rencontrer. Les entreprises ont la volonté de travailler ensemble mais, très souvent, elles ne se comprennent pas. Si elles pouvaient mieux se connaître et communiquer, je suis sûr qu'il y aurait beaucoup d'opportunités de travailler ensemble."

Des échanges et du dialogue, il en faudra beaucoup pour dépasser les barrières, notamment linguistiques. Mercredi soir, malgré la présence d'interprètes, les quatre espaces thématiques prévus pour le réseautage étaient désertés au profit de la terrasse et de son panorama sur les toits toulousains. Entre les verres de vins ou d'armagnac et les amuse-bouches, les convives célébraient l'amitié franco-chinoise, mais, à de rares exceptions, séparément, les Chinois d'un côté, les Français de l'autre. Le lancement d'une plateforme d'échanges pour les chefs d'entreprises chinois et français, par la CCCME, le CFC et la Chambre de commerce de Paris, pourra, à l'avenir, faciliter les communications bilatérales.

"Nous sommes frères"

La France, Tianyi Wang la connaît déjà bien. En affaire avec le groupe Rothschild avec lequel il a créé un fonds d'investissement chinois dans l'agroalimentaire en 2014, le président du conseil d'administration de China International Industry & Commerce (CIIC) vient de signer une coopération avec un fonds d'investissement français pour 10 milliards de dollars. De plus, un projet de partenariat avec le PMU est à l'étude pour développer les courses hippiques en Chine.

Rare membre de la délégation chinoise à accepter de s'exprimer pendant cette soirée, Tianyi Wang connaît évidemment Toulouse par le prisme d'Airbus. "Elle est célèbre en Chine grâce à cela", confirme-t-il.

"Toulouse dispose à mes yeux d'un double avantage : un important personnel qualifié dans l'aéronautique et les technologies, ainsi qu'un environnement très protégé."

C'est d'ailleurs ce qui a frappé l'homme d'affaires dès son arrivée ce mercredi. "Je suis allé courir une heure le long du canal. C'est formidable, s'est-il réjoui. Tout est très propre et écologique. C'est mieux qu'à Pékin et c'est ce qui attire les entreprises chinoises ici."

Tianyi Wang, le président du conseil d'administration de CIIC, le 1er juillet à Toulouse © photo Rémi Benoit

Si certains à Toulouse s'inquiètent de l'intérêt chinois pour leur Ville rose, Tianyi Wang se veut rassurant. Et pragmatique.

"Nos deux cultures sont très proches. Nous accordons de l'importance au bien-être de la société, aux services et à la culture. La Chine et la France ont une longue histoire. Nous sommes une grande famille. Les Toulousains ne doivent pas avoir peur.

Nous sommes aujourd'hui dans un village planétaire et dans une économie mondialisée. C'est la réalité. La Chine est un marché de plus d'un milliard d'habitants pour les entreprises françaises. Cela fait beaucoup de clients à qui vendre vos produits.

Les investissements chinois bénéficieront au tissu local. Beaucoup de villes rêvent d'avoir de tels investisseurs. Accueillez-nous les bras ouverts. Nous sommes frères."

La soirée s'est terminée vers 22 h mercredi soir © photo Rémi Benoit

Après la soirée consacrée au réseautage, les entreprises françaises et chinoises ont participé ce jeudi 2 juillet au forum économique qui s'est déroulé au Conseil régional de Midi-Pyrénées.