François Hollande lance à Figeac un plan pour l'industrie du futur

Par Gael Cérez  |   |  984  mots
François Hollande à Figeac Aéro.
En visite dans le Lot, ce mardi 14 avril, François Hollande, le président de la République, a présenté "l'alliance d'entreprises pour l'industrie du futur", depuis les locaux de Figeac Aéro. Le projet, porté par les industriels et soutenu par les pouvoirs publics, doit faire de la France un leader des composites, de l'impression 3D et de la réalité augmentée dans 5 ans. Le chef de l'État a signé avec Martin Malvy le contrat plan État-Région. L'occasion pour François Hollande de rendre hommage au président du Conseil régional.

Cahors, 9 h du matin. "Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?", s'interroge un Cadurcien à la vue des forces de l'ordre qui quadrillent la ville. "François Hollande est ici ? Doux Jésus !", s'exclame-t-il en se recoiffant de la main.

L'anecdote reflète la fébrilité qui régnait ce matin à Cahors. Prévue depuis quelques jours, préparée dans l'urgence, la visite du président de la République provoque une certaine agitation dans le Lot. Arrivé tôt ce matin, François Hollande s'est d'abord rendu à la préfecture à Cahors pour signer, en compagnie de Martin Malvy, le président du Conseil régional, et de Sylvia Pinel, ministre du Logement, de l'égalité des territoires et de la ruralité, le contrat plan État-Région de Midi-Pyrénées. Une première, selon Martin Malvy, qui a rappelé au chef de l'État les atouts de la région et la nécessité de financer la ligne à grande vitesse. Le gouvernement prendra une décision sur ce dossier avant l'été après consultation du Conseil d'État, a promis le président.

Saluant à son tour le dynamisme régional, ce qui a flatté les conseillers régionaux qui avaient fait le déplacement en bus depuis Toulouse, François Hollande a profité de l'occasion pour rendre hommage à Martin Malvy, "l'élu qui a vu passé tant de préfets et même de présidents de la République".

"Vous avez projeté votre région vers l'avenir, a-t-il adressé à l'intéressé. Vous pouvez être fier."

Concernant le contrat plan État-Région, près de 720 millions d'euros seront versés par l'État et autant par le Conseil régional. "En 18 mois de négociation, Martin Malvy a réussi à augmenter ces dotations de 12,5 %, a précisé François Hollande. Négocier avec lui est une épreuve, car il le fait avec le sourire et l'intelligence." Au total, en comptant les participations des autres collectivités, le plan campus et les fonds européens, 4,5 milliards d'euros de crédits publics seront disponibles sur 6 ans.

L'industrie du futur

Au cours d'une matinée marathon, François Hollande s'est ensuite rendu en hélicoptère jusqu'à Figeac où il a visité les sociétés Ratier Figeac et Figeac Aéro. Dans cette dernière, le président de la République a présenté "l'alliance d'entreprises pour l'industrie du futur" devant un parterre fourni de salariés, d'élus locaux et de chefs d'entreprises. Dans l'atelier flambant neuf du site aéronautique, la chaleur inhabituelle de ce mois d'avril a même provoqué un évanouissement avant l'arrivée du chef de l'État.

Rassemblant 40 entreprises ainsi que les fédérations industrielles (la FIM, Syntec Numérique, l'AFDEL, le Cetim, l'Institut Mines-Telecom, le CEA, l'UIMM, le Symop et le Gimélec), cette alliance doit permettre à la France de relancer son industrie en se basant sur la révolution numérique et robotique. De l'aveu même du président, réunir tous ces acteurs autour d'une même table n'a pas été chose aisée. "En industrie, en politique, en parcours personnels, ce n'est jamais facile de créer une alliance", a souri François Hollande, depuis sa tribune.

Après 15 mois de travail, et cinq semaines de finalisation, "fortement aiguillonnés par les équipes du président et du ministre de l'Économie", d'après Jean-Camille Uring, membre du directoire de la société Fives, l'Alliance a mis au point un projet de relance de l'industrie basée sur cinq axes :

  • Promouvoir l'usine du futur
  • Accompagner l'industrie du futur dans les territoires
  • Développer les technologies liées à ce secteur de pointe
  • Imposer des normes françaises au niveau européen dans ce domaine
  • Intégrer les salariés dans l'usine du futur

Rappelant le retard de la France en matière de robotisation de son système productif (35 000 robots dans ses usines contre 65 000 en Italie, en 2012), François Hollande a fixé un cap pour 2020.

"Nous sommes les meilleurs au monde en impression 3D et nous sommes en pointe sur le numérique. L'industrie française doit être leader pour les composites, l'impression 3D et la réalité augmentée dans 5 ans."

Pour accompagner ces objectifs, le chef de l'État a annoncé qu' "à partir du 15 avril, tous les investissements des entreprises bénéficieront d'un dispositif fiscal exceptionnel". Qui plus est, la BPI mettra 8 milliards d'euros à disposition pour accompagner les projets. Un volet PME-ETI permettra d'accompagner 2 000 sociétés dans les investissements liés à l'usine du futur.

Félicité sur la réussite de son entreprise par le président de la République, Jean-Claude Maillard, le président de Figeac Aéro n'a pas boudé son plaisir. Concernant l'alliance des industriels, il s'est montré en revanche plus circonspect.

"L'alliance, c'est nouveau, il faut digérer tout cela. Le président a fait remarquer que la collaboration n'est pas facile. C'est le cas. Nous verrons."

Dans les pas de Mitterrand

Mobilisé en faveur des entreprises et de l'industrie, qu'il a placée au centre de son action, François Hollande a défendu également le compte pénibilité.

"Pour les salariés, le compte pénibilité de chaque salarié permet de donner un capital de formation, de repos et de retraite à chaque salarié."

Pour clore son intervention, le chef de l'État a placé son action du jour dans les pas de l'autre président socialiste : François Mitterrand.

"Il y a 32 ans, un président est venu à Figeac. C'était François Mitterrand, en 1982, qui venait dire qu'il fallait mettre l'accent sur l'industrie et l'investissement. Comme lui hier, je viens aujourd'hui dans une usine vide qui sera bientôt pleine de robots et de salariés. Ainsi, dans 32 ans, un autre président viendra à son tour ici à Figeac. Soyez fier du Figeac d'aujourd'hui et demain, et de la France d'aujourd'hui et de demain."