Isolé, Dominique Reynié (LR) ne veut pas retirer sa liste au second tour

Par Florine Galéron  |   |  1026  mots
Dominique Reynié est arrivé en 3e place du premier tour des régionales en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées avec 18,84% des voix.
Dominique Reynié est le seul candidat des Républicains en France (avec celui de la Corse) à être arrivé en 3e place du premier tour des régionales. En Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, il a en effet obtenu 18,84% des voix. Peu de ses colistiers étaient présents dimanche soir au QG de campagne. Jean-Pierre Raffarin a même demandé le retrait de sa candidature mais Dominique Reynié et son équipe assurent qu'il n'en est pas question.

Drôle d'ambiance dimanche soir au QG de Dominique Reynié. Une dizaine de militants sont rassemblés dans un hôtel de la place Wilson à Toulouse. Ni le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, ni la présidente de la fédération Les Républicains 31 Laurence Arribagé, ni Vincent Terrail-Novès, la tête de liste du parti en Haute-Garonne ne sont présents au moment où le chef de file régional vient exprimer sa "déception évidente" face au score de la droite. Une image qui tranche avec la prise de parole de Carole Delga entourée du président sortant Martin Malvy, de Georges Méric, président du Conseil départemental de la Haute-Garonne et de ses principaux colistiers.

Dominique Reynié, candidat LR-UDI-Modem est arrivé en troisième position au premier tour avec 18,84 % des voix en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées derrière Louis Aliot et Carole Delga. C'est le deuxième plus mauvais score des Républicains en France après celui de la Corse, et la région est la seule où la droite est en troisième position dans une triangulaire avec le Front National. Dès dimanche soir, Dominique Reynié a rejeté l'idée d'un retrait de sa liste avec celle du PS pour faire barrage à l'extrême droite :

"Cela fait longtemps que je pense que c'est une mauvaise idée. Nous avons tous besoin de tenir nos convictions, donc je maintiens ma liste."

Cette position a été vivement critiquée dans le camp des Républicains par Jean-Pierre Raffarin, interrogé sur France Inter :

"Quand on peut empêcher le Front National par son retrait, il faut empêcher le Front National. Il faut des messages clairs, des messages nets, des messages sans ambiguïtés", a estimé le sénateur de la Vienne.

Nathalie Kosciusko-Morizet, la vice-présidente déléguée des Républicains, s'est quant à elle prononcé contre le "ni retrait, ni fusion" imposé par le président du parti, Nicolas Sarkozy, hier soir.

Le président de l'UDI 31 aimerait que Dominique Reynié se désiste

À Toulouse, les colistiers de Dominique Reynié soutiennent le positionnement de leur chef de file. "Aucune discussion n'est en cours sur le sujet. Cette ligne a été décidée avant le premier tour et nous nous y tenons", assure Élisabeth Pouchelon, deuxième sur la liste en Haute-Garonne. Un retrait serait contre-productif argue de son côté le maire de Balma Vincent Terrail-Novès : "On s'aperçoit que là où cette stratégie de retrait a été adoptée, cela a pour conséquence une montée du FN, donc ce n'est pas efficace." Le président du Modem 31 Jean-Luc Lagleize ajoute sur sa page Facebook : "Si nos dirigeants politiques ne voient pas qu'en réagissant de cette manière (via le retrait, NDLR), ils vont peut être éviter que le FN prenne la présidence de certaines régions, mais ils préparent le lit de Marine le Pen présidente de la République en 2017 !"

"Le bureau politique, mis à part les voix de NKM et de Jean-Pierre Raffarin, s'est prononcé à 65 voix sur 67 pour la stratégie de maintien de nos listes, ajoute Laurence Arribagé. 386 000 électeurs ont voté en notre faveur, nous ne pouvons pas les laisser dans la nature."

Seule voix dissonante, celle de Jean Iglésis, le président de l'UDI 31 :

"La ligne nationale de l'UDI est que lorsque le Front National est en tête au premier tour, nous demandons au 3e de se désister. Je n'en ai pas parlé avec Dominique Reynié qui suit la ligne de son parti mais il faudra tirer les conséquences si le FN l'emporte dimanche prochain."

Le président de l'UDI 31, qui n'a pas été aux meetings du candidat Reynié, se désole face à "des résultats catastrophiques. Au-delà d'une tendance nationale, la campagne n'a pas été bien gérée, les messages ne sont pas bien passés."

Le candidat Les Républicains ne pourra pas compter sur le soutien de Debout la France. Le parti mené par Damien Lempereur et qui a réalisé près de 4 % des voix n'a pas voulu donner de consignes de vote.

De son côté, Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole (LR), a uniquement réagi via Twitter peu de temps après les résultats hier soir. Depuis, sollicité par la rédaction pour préciser sa position, il n'a pas souhaité répondre à nos questions :

Le faible score de Dominique Reynié a été commenté à gauche, notamment par  Bertrand Monthubert, l'ancien président de l'université Paul-Sabatier, sur la liste du PS :

"Ce scrutin signe l'effondrement des Républicains et ce n'est pas une bonne nouvelle. Ce parti n'arrive pas à proposer un projet et c'est le signe de l'échec de Nicolas Sarkozy. C'est l'échec aussi de Dominique Reynié qui n'a pas réussi à incarner le renouveau. Il a pris un risque, il a échoué."

Analyse quelque peu différente du côté d'Élisabeth Pouchelon :

"La campagne a été très courte et tronquée (avec les attentats de Paris, NDLR). C'était compliqué de s'imposer pour quelqu'un de nouveau comme Dominique Reynié. Mais je crois qu'il s'agit surtout d'un vote national. À Nice, même Christian Estrosi en pointe sur la sécurité n'a pas eu de bons scores."

"Nous sortons de 18 ans de Malvy, nous savions que cela allait être très compliqué. La superficie de la grande région est également très étendue. Et puis rien n'a été épargné à Dominique Reynié. Mais je crois encore que nous pouvons inverser la tendance au second tour. Près de 2 millions d'électeurs se sont abstenus au premier tour", lance Laurence Arribagé, députée LR de la Haute-Garonne et présidente par intérim de la Fédération des Républicains de Haute-Garonne.

Dominique Reynié tiendra un meeting ce jeudi 10 décembre à Toulouse en présence de Gérard Larcher, le président du Sénat (LR).