Airbus : l'idée d'une nouvelle chaîne d'assemblage à Toulouse divise les syndicats

Par Sophie Arutunian  |   |  653  mots
Une nouvelle chaîne d'assemblage final de l'A320 pourrait voir le jour à Hambourg
La CGT d'Airbus réclame la création à Toulouse d'une nouvelle ligne d'assemblage de l'A320 pour faire face à la demande, notamment la dernière commande record de 250 avions passée par la compagnie Indigo. Pour FO (syndicat majoritaire), ce n'est pas la bonne solution, et il est préférable d'investir pour moderniser les FAL (Final assembly line) "vétustes" de Toulouse. Pour rappel, en juin dernier, Fabrice Brégier a indiqué qu'Airbus étudiait la mise en place d'une ligne d'assemblage final supplémentaire, mais...à Hambourg.

Pour Xavier Petrachi, délégué syndical central à la CGT d'Airbus, le calcul est simple : "Si vous commandez un A320 aujourd'hui, vous ne pourrez pas l'avoir avant au moins 8 ans. Le seul moyen de réduire ce délai est d'augmenter les cadences de production. Sachant que nous allons bientôt passer à une cadence maximale de 50 avions par mois, il faudra une nouvelle chaîne d'assemblage pour augmenter encore plus la cadence. Alors autant qu'elle soit construite à Toulouse pour y créer de l'emploi".

 Si aucun courrier officiel n'a encore été adressé à la direction d'Airbus, le syndicat (minoritaire) entend entamer un dialogue à ce sujet "dès la rentrée", d'autant plus que cette semaine, la compagnie indienne Indigo a passé une commande record de 250 monocouloirs. "Cela porte le carnet de commandes à 630 avions par an pendant 10 ans", indique le syndicaliste.

 "Aujourd'hui nous sortons 46 avions par mois entre les FAL de Toulouse, Hambourg, Tianjin et bientôt Mobile (l'usine américaine doit ouvrir le 14 septembre, NDLR). D'ici fin 2015, nous passerons à 50 avions par mois. On entend déjà parler de passer à 60 avions par mois. Il me paraît pragmatique, vu notre savoir-faire et l'emploi qui sera créé, d'ouvrir une nouvelle FAL à Toulouse".

 Aujourd'hui, l'assemblage des A320 est réparti comme suit :

-       16 avions à Toulouse (2 FAL)

-       32 avions à Hambourg (3 FAL plus une quatrième à venir)

-       4 avions à Tianjin, Chine (1 FAL)

-       4 avions à Mobile, USA (1 FAL)

Transfert de l'aménagement intérieur des avions à Toulouse ?

Autre son de cloche chez le syndicat majoritaire, Force Ouvrière. Pour le délégué syndical central Airbus Jean-François Kiepper,"le sujet est très politique. C'est entre l'Allemagne et la France que ça se joue et il faut faire attention à ce que l'on dit".

"Ce qu'il faut faire -et ce qui est prévu par la direction - c'est une nouvelle manière de produire cet avion. Ainsi, l'aménagement commercial des avions (sièges, éclairages, moquette, toilettes etc. NDLR), qui est actuellement intégralement réalisé en Allemagne, devrait être transféré de Hambourg à Toulouse. Les négociations sont en cours. Cela permettra de gagner du temps en supprimant les allers-retours d'avions entre Toulouse et Hambourg."

 Ce transfert permettrait de créer 260 emplois à Toulouse. La création d'une nouvelle ligne d'assemblage concernerait quant à elle une centaine d'emplois, selon le délégué syndical.

"Si le transfert de l'aménagement commercial à Toulouse est acté, cela paraît normal que la nouvelle FAL s'implante à Hambourg. C'est la condition posée par l'Allemagne, et il ne faut pas perturber ces négociations", complète Jean-François Kiepper.

 Néanmoins, FO a également une revendication concernant Toulouse : "Nous souhaitons des investissements lourds pour moderniser les FAL actuelles. Rendez-vous compte, ce sont celles qui ont assemblé le Concorde et le Caravelle ! Nous souhaiterions davantage de sécurité et de confort pour les salariés".

"Pas de décision cette année" selon Airbus

En juin dernier, le CEO d'Airbus Fabrice Brégier a affirmé que dans l'hypothèse où Airbus décidait de porter ses cadences de production de l'A320 au-delà de 50 appareils par mois, l'entreprise aura une chaîne d'assemblage finale supplémentaire. "Le scénario le plus probable est de l'installer en complément d'un site en Europe, a-t-il ajouté, probablement à Hambourg". "Nous prendrons une décision cette année", avait alors précisé Fabrice Brégier.

Contacté ce vendredi 21 août, le service communication d'Airbus affirme finalement que cette décision "est loin d'être validée" qu' "il n'y aura pas de décision avant la fin de l'année".

 "Ce n'est pas la commande d'Indigo qui précipitera la décision, ajoute l'avionneur. Cette commande sera produite à partir de 2018 et s'étalera sur 10 ans".

L'A320 d'Airbus est connu pour être l'un des avions les plus fiables et les plus vendus au monde. C'est le plus grand succès commercial de l'avionneur européen avec plus de 6 000 livraisons au compteur.