La grève chez Socata gêne-t-elle l'approvisionnement d'Airbus ?

Par Gael Cérez  |   |  389  mots
L'usine Socata du groupe Daher-Socata à Louey, près de Tarbes.
En conflit avec leur direction au sujet des négociations salariales annuelles, une partie des employés de l'usine Socata, du groupe Doher-Socata, est en grève. L'entrée du site de Louey (65) a été bloquée jeudi et vendredi. Une manière pour les grévistes de faire pression sur la direction en tentant de perturber l'approvisionnement d'Airbus. Chez l'avionneur, aucun impact ne se ferait ressentir pour le moment.

Entre 500 employés (selon les syndicats) et 380 (selon la direction) sont en grève depuis jeudi 11 mars sur le site Doher-Socata, à Louey, près de Tarbes. L'origine du conflit : les négociations annuelles obligatoires, et notamment salariales.

"La direction propose 0,7 % d'augmentation générale pour les non-cadres, contre 1,4 % l'an dernier, s'exclame Bernard Sanvicente, délégué syndical CFDT à Socata. Ils proposent également 0,6 % d'augmentation individuelle du salaire (AIS), soit 45 euros pour certains employés. Tout ça, alors que le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 14 % en 2014."

Insuffisantes du point de vue des salariés grévistes, les propositions sont adaptées au marché selon la direction.

"Nous avons proposé d'augmenter de 1,3 %, soit 0,7 % d'augmentation générale et 0,6 % d'AIS en fonction des critères de performances des salariés, explique Vincent Chanron, directeur marketing et communication du groupe Daher. Ces propositions tiennent compte du taux d'inflation prévisionnel annoncé à 0 % par le gouvernement. Pour nous, 1,3 %, c'est un gain de pouvoir d'achat.

Nos clients nous demandent de baisser nos coûts. La priorité est de conserver notre compétitivité pour maintenir les emplois en France."

Quelles conséquences pour la supply chain ?

Pointe de l'A380, trappes de l'A400M et de l'A350, carénages ventraux, l'usine Socata fabrique de nombreuses pièces destinées aux chaînes de production d'Airbus. "80 % des compagnons sont en grève, affirme Bernard Sanvicente. Comme nous livrons le soir pour le lendemain, nous voulons faire pression sur notre client Airbus. C'est malheureux pour lui mais nous espérons qu'il va forcer Daher à lâcher du lest."

Vus de la direction, la grève et le blocage partiel des accès de l'usine n'entravent pas la production. "Il n'y a aucune conséquence directe car on estime qu'il y a 380 grévistes sur les 1 600 salariés de l'usine. La production continue et les chaînes ne sont pas à l'arrêt", garantit Vincent Chanron.

Du côté d'Airbus, on confirme la faible conséquence de la grève. "La chaîne de production n'est pas impactée par ce mouvement de grève. Les livraisons ont eu lieu aujourd'hui. La production de la semaine prochaine est assurée", fait savoir une source interne chez l'avionneur.

Le bras de fer n'est pas terminé pour autant. Les salariés grévistes ont voté la poursuite de leur action pour lundi 16 mars.