Des débrayages à "La" Bosch de Rodez

Par Pierrick Merlet  |   |  588  mots
1600 salariés travaillent sur le site industriel de Bosch situé à Rodez. (Crédits : DR)
En raison de l’avenir incertain de ses 1 600 emplois, l’usine Bosch de Rodez refait la une de l'actualité. Depuis lundi 19 mars, une série de débrayages est organisée sur le site. Un plan d’investissement sur trois ans de 500 millions d’euros dans l’essence serait à l’origine du mouvement contestataire, le site ruthénois n’en touchant pas un sou.

"Elle est à Rodez ce qu'Airbus est à Toulouse", d'après Jean-Louis Chauzy, le président du Conseil économique, social et environnemental régional d'Occitanie (Ceser, nldr). En effet, l'usine du groupe allemand Bosch installée en banlieue ruthénoise depuis 1970 est le premier employeur privé du département de l'Aveyron avec ses 1600 emplois et 10 000 emplois indirects. Et depuis très tôt lundi 19 mars, "La" Bosch comme elle est appelée sur place, fait l'objet de débrayages successifs et d'un barrage filtrant.

"Nous avons appris récemment que le groupe Bosch compte investir sur trois ans une enveloppe de 500 millions d'euros dans le domaine de l'essence dans le monde entier. L'intersyndicale a donc rencontré mercredi 14 mars la direction France-Benelux pour lui remettre un courrier à transférer à la direction du groupe à Stuttgart, en Allemagne, où nous demandons une part du gâteau. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase !", lance Yannick Anglares, secrétaire CGT de l'usine Bosch à Rodez.

D'après les représentants des salariés, la tension serait montée d'un cran sur place suite à cette découverte, le site ruthénois étant mis à l'écart de ce plan d'investissement. Spécialisée dans la fabrication des systèmes d'injections pour moteurs diesel, l'intersyndicale et les salariés se battent depuis plusieurs mois pour sauver les emplois du site, ou du moins la majorité.

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 Des négociations qui n'avancent pas

Vendredi 26 janvier dernier, le président de la division Diesel Monde de Bosch, Uwe Gackstatter, était sur place pour faire des annonces concernant l'avenir de l'usine ruthénoise. Le groupe Bosch s'était dit prêt à investir 14 millions d'euros pour moderniser l'une des deux lignes de production que compte l'usine, si un accord de compétitivité est signé par les salariés avant le mois d'avril. Ce choix aura des conséquences sociales puisque l'arrêt de la seconde ligne de production d'ici 2020 pourrait entraîner la suppression de 300 à 400 emplois, selon l'intersyndicale de l'usine.

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Problème, depuis cette visite, les négociations n'ont que très peu avancé. L'équipementier allemand propose le maintien d'une grande partie des emplois en l'échange d'un chômage partiel pour ses salariés. Mais le groupe ne s'engage ni sur un volume de production, ni sur un plan de diversification industrielle de l'usine comme demandé par les 1600 salariés, les élus locaux et le gouvernement français. La dépendance au marché du diesel pour ce site n'étant plus possible.

Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui a pris la main sur ce dossier, a rencontré l'intersyndicale, les élus locaux dont Jean-Louis Chauzy, à l'Assemblée Nationale la semaine dernière pour tenter de débloquer la situation. Une réunion qualifiée de "positive" par ses participants.

"À l'issue de la réunion, nous avons convenu d'adresser une lettre commune à Volkmar Denner, président du conseil de surveillance de la société Bosch, afin d'obtenir un rendez-vous au siège à Stuttgart", a réagi le président du Ceser par communiqué vendredi 16 mars.

Sans avancée prochaine sur les négociations en cours au sujet de l'usine de Rodez, l'intersyndicale se dit prête à durcir le mouvement comme le blocage total de l'usine. En attendant, mardi 20 mars, un mouvement de contestation (tracts, grèves, etc) a lieu sur tous les sites Bosch en France en solidarité à "La" Bosch de l'Aveyron.