En Occitanie, les agriculteurs bio dénoncent la nouvelle répartition des aides de la PAC

Par Florine Galéron  |   |  552  mots
La fédération régionale des agriculteurs biologiques craint "la disparition de l'aide au maintien et le possible non-financement des conversions en 2019 et 2020".
La fédération régionale des agriculteurs biologiques "s'inquiète" de la répartition des aides européennes en faveur des exploitants bio annoncée le 27 juillet par le gouvernement, craignant "la disparition de l'aide au maintien et le possible non-financement des conversions en 2019 et 2020".

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert s'est attiré les foudres des acteurs du bio en annonçant le 27 juillet les nouveaux arbitrages sur les aides de la PAC (politique agricole commune) jusqu'en 2020. Pour rappel, la France est le premier bénéficiaire européen de la PAC. Elle perçoit 9 milliards d'euros par an dont 7,5 milliards au titre du pilier 1 (aides directes à la production) et 1,5 milliard pour le pilier 2 qui correspond au soutien à l'installation des jeunes, au bio ou aux exploitants en zone de montagne. Le bio représentait jusqu'alors 2% des aides totales soit 160 millions d'euros.

Or le bio a rencontré un succès dépassant toutes les prévisions. À titre d'exemple, au sein de l'Occitanie (première région bio de France), et plus particulièrement le Gers a enregistré un taux de conversion bio de 35% par an selon la Région. L'enveloppe du pilier 2 est d'ores et déjà épuisée alors que les subventions devaient couvrir les besoins jusqu'à la fin du programme, en 2020. Le gouvernement a donc annoncé une réaffectation de 4,2% de l'enveloppe du pilier 1 (soit 315 millions d'euros) vers le pilier 2. Pas suffisant pour Virgil Bezin, délégué général de la Fédération des agriculteurs biologiques en Midi-Pyrénées :

"Pour couvrir uniquement les besoins du bio jusqu'en 2020, il faudrait 3% du montant du premier pilier (soit 225 millions d'euros, NDLR). Or les 315 millions qui seront réaffectés vont inclure tout un ensemble d'aides en dehors du bio comme l'aide des éleveurs en haute montage ou les aides à l'installation des jeunes agriculteurs de moins de 40 ans. Nous craignons la disparition de l'aide au maintien et le possible non-financement des conversions en 2019 et 2020".

Déjà au printemps, plusieurs agriculteurs gersois avaient lancé des recours devant la justice contre la Région Occitanie "submergée" de demandes d'agriculteurs voulant se convertir au bio, et qui avait décidé de plafonner ces subventions.

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Mercredi, Nicolas Hulot le ministre de la Transition énergétique a indiqué des rééquilibrages seraient possibles lors des États généraux de l'alimentation et affirmé sa priorité aux aides à la conversion. "Ce sont elles qu'il va surtout falloir multiplier pour aider les nombreux jeunes agriculteurs qui ont envie de passer dans ce mode de production, qui les réconcilie avec les consommateurs et qui leur donne une sécurité psychologique, économique et sanitaire," a-t-il indiqué. Virgil Bezin craint toutefois des coupes dans les aides au maintien : "Désormais le bio et le conventionnel sont en concurrence pour les aides de la PAC, et la FNSEA pourrait faire pression pour de moindres transferts vers le bio. Or, ces aides ont un impact positif pour l'ensemble de la population".

Selon une étude de l'Itab (institut technique national dédié à la recherche en agriculture biologique) publiée fin 2016, tous les surcoûts et pertes attribués aux pollutions par les pesticides et/ou le nitrate sont estimés "entre 940 et 1 490 millions d'euros par an. "Il existe un consensus (Cour des comptes, Agences de l'eau, CGAAER...) sur le fait qu'une réduction à la source des pollutions agricoles est bien moins onéreuse qu'un traitement des eaux avant distribution... Selon les cas, la facture serait divisée par 2,5 à 7", précise le rapport.