Hydroélectrique : pour le Ceser d'Occitanie, il est temps de dire non à la Commission européenne

Par Gael Cérez  |   |  345  mots
Le barrage de Gnioure dans les Hautes-Ariège est géré par EDF.
Alors que la Commission européenne pousse le gouvernement à ouvrir à la concurrence le renouvellement des concessions hydroélectrique en France, le Ceser d'Occitanie veut mobiliser les élus pour peser contre cette décision. Dans la région, 132 concessions gérées principalement par EDF sont concernées.

"Les barrages hydroélectriques représentent des décennies d'investissements. Cela nous appartient. Il est temps de dire non à la Commission européenne. Il faut renouveler les concessions hydroélectriques des acteurs historiques."

Droit dans ses bottes, Jean-Louis Chauzy, le président du Ceser, n'a pas changé d'opinion : les concessions hydroélectriques gérées à 80 % par EDF et à 16 % par la Shem (Société hydroélectrique du Midi) et la CNR (Compagnie nationale du Rhône) ne doivent pas être confiées à des opérateurs étrangers.

"La France est l'un des leaders mondiaux de l'hydroélectricité, il ne faut pas brader notre patrimoine industriel", insiste-t-il.

Sa crainte ? Voir le gouvernement céder aux injonctions de la Commission européenne qui le presse depuis le 22 octobre 2015 de respecter l'article 106 du traité sur le fonctionnement de l'UE du fait de "la position monopolistique d'EDF" dans le secteur hydroélectrique. Autrement dit, il redoute une privatisation des barrages.

Mobiliser les élus

Après avoir écrit deux fois au Président de la République, Jean-Louis Chauzy s'est entretenu de la question avec Emmanuel Macron, le 4 août dernier, lors du passage à Rodez de l'ex-ministre de l'Économie. "Il m'a dit qu'il allait proposer à la Commission européenne de mettre en place des sociétés d'économie mixte pour gérer les concessions, où les collectivités locales seraient actionnaires à 34 %, rapporte-t-il. C'est un marché de dupe. On voit bien dans l'aéroport de Toulouse que les actionnaires minoritaires ne peuvent rien faire face aux Chinois."

Puisqu'il y a "le feu au lac", Jean-Louis Chauzy compte contacter tous les députés du Sud-Ouest ainsi que les présidents des Conseils départementaux pour qu'ils "défendent EDF, la Shem et la CNR". "J'ai construit mon dossier en consultant ces trois sociétés, précise Jean-Louis Chauzy. Ils sont pour le statu quo aujourd'hui pour préserver leurs positions respectives."

Le président du Ceser espère qu'un décision sera prise avant la fin de l'année. Pas si sûr au regard d'un dossier qui traine depuis 2010.