Fermeture des sites Intel : "une perte de savoir-faire stratégique pour la nation"

Par Sophie Arutunian  |   |  437  mots
Les salariés d'Intel alertent le gouvernement
Les représentants du personnel d'Intel France ont rencontré hier après-midi (le 27 juillet) le ministère de l'Économie et le ministère du Travail. Ils ont alerté le gouvernement sur "l’enjeu national que représenterait la fermeture pure et simple des sites de R&D d’Intel France." Sur le site de Toulouse, 280 emplois sont menacés.

La fermeture des sites Intel à Sophia-Antipolis, Toulouse, Aix-en-Provence et Nantes "impliqueraient une perte de savoir-faire stratégique pour la nation en impactant à terme, la compétitivité des entreprises françaises dans le secteur des nouvelles technologies".

C'est le message passé hier par les représentants du CE d'Intel France aux représentants des ministères du Travail et de l'Économie.

Pour rappel, le géant américain des semi-conducteurs Intel a annoncé le 28 juin un plan social visant à fermer l'ensemble de ses centres de recherche en France. À Toulouse, où Intel détient son pôle mondial en matière d'objets connectés, 280 emplois sont menacés. L'annonce était d'autant plus surprenante, que le groupe avait annoncé en avril le regroupement des effectifs de Montpellier dans la Ville rose pour créer un pôle de référence pour ces nouveaux services.

 "Une perte de savoir-faire stratégique pour la nation"

Ce mercredi 27 juillet, les membres du CE d'Intel Corporation SAS et d'Intel Mobile Communications France SAS ont alerté le gouvernement.

"C'est bien tout un écosystème économique et industriel de pointe qui serait touché par ces fermetures. Nous n'avons pas le droit de laisser faire Intel", a déclaré Arnaud Lenoir, secrétaire du CE d'Intel Corporation SAS.

"Il est de notre devoir de défendre la qualité de la recherche française et sa compétitivité incomparable - avec un coût horaire de l'ingénieur qui n'a rien à envier à celui de la Chine ! - pour éviter la disparition de savoir-faire clés. Ce plan de restructuration va bien au- delà d'un plan de licenciement habituel. Notre volonté est de démontrer le danger de la situation dans une démarche citoyenne."

La présidente socialiste de la Région Occitanie Carole Delga a demandé le 4 juillet dernier une rencontre avec le ministre de l'économie Emmanuel Macron et Brian Krzanich, le PDG d'Intel Monde.

"Je ne peux accepter la perspective d'une fermeture du site de recherche et développement d'Intel, ouvert en 2009 à Toulouse, et qui a bénéficié à l'époque d'une prime à l'aménagement du territoire", avait-elle indiqué dans sa lettre adressée à Emmanuel Macron.

Selon le CE, la politique de désengagement d'Intel en France implique :

- 80% des effectifs supprimés (750 emplois sur 940) en France
- 5 sites de R&D sur 7 fermés soit 95% des emplois en R&D
- Jusqu'à 44 employés des forces de ventes licenciés sur le site de Meudon (24 fermetures de postes + 20 licenciements sur le principe du volontariat)
- Un transfert de la R&D et des savoir-faire d'Intel France à l'étranger