Programme chargé pour la séance plénière du jeudi 27 juin au Conseil régional ! Du fonds d'urgence suite aux inondations (5 M€ votés) à la modification du budget en passant par l'acte 3 de la décentralisation, les élus midi-pyrénéens ont parlé gros sous toute la journée. Moins orientée économie mais tout aussi primordiale fut la publication du rapport sur l'audiovisuel régional qui donna lieu à quelques passes d'armes entre majorité et opposition. En pleine réflexion sur les modalités de la nouvelle étape de décentralisation et en perspective de la future loi sur l'audiovisuel repoussée à 2014 par la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, ce document a pour vocation de dresser un état des lieux de la filière régionale. L'occasion pour les élus de ferrailler en séance plénière sur l'avenir de France 3 et TLT, même si comme le regrette Élisabeth Pouchelon, membre du groupe d'opposition Osons Midi-Pyrénées, "l'absence de vote prévu suite à ce rapport enlève de la valeur au débat".

Mis sur pied en début d'année selon le vœu de Martin Malvy, ce groupe d'étude présidé par Dominique Salomon et composé d'une douzaine d'élus de toutes les sensibilités politiques n'a pas hésité à s'investir grandement. Au total, douze réunions ont eu lieu, avec l'audition de vingt-cinq professionnels du secteur audiovisuel régional à l'exception de La Dépêche du midi, qui a refusé de participer aux débats pour une mouture finale du rapport de 150 pages. S'il se veut "un portrait de l'état du secteur audiovisuel de la région", ce document de travail se pose également comme une boîte à outils pour "préparer la filière aux évolutions futures", dixit sa présidente.

D'abord un constat partagé par tous : l'audiovisuel se trouve dans une situation délicate, obligé de se réinventer face aux baisses des dépenses publicitaires, à la fragmentation du paysage médiatique et au changement des habitudes de consommation. Pour ce faire, les édiles en appellent aux régions afin qu'elles deviennent des "laboratoires d'expérimentation". En Midi-Pyrénées, trois grandes dynamiques se dégagent.

Le renforcement de l'ancrage régional de France 3
Pour Dominique Salomon, la nouvelle politique audiovisuelle de la Région doit reposer sur le développement de France 3. "Nous devons passer d'une logique de décrochage régional, qui s'établit aujourd'hui aux alentours d'une heure de programme par jour, à une logique d'accrochage national le soir." Traduction, le groupe d'étude entend promouvoir la multiplication du contenu régional. Mais quid des moyens ? "Aucun problème, avance Gérard Onesta, vice-président du Conseil régional et élu EELV. Aujourd'hui, il s'agit moins d'une question de manque de moyens, qui sont bel et bien là, que de leur utilisation. Il faut en finir avec la sous-utilisation des forces vives." Ainsi, et c'est dans ce sens que va le rapport, "à moyens constants, il est possible de faire de la chaîne nationale une vraie télévision publique régionale", comme l'exprime Élisabeth Poulechon, membre du groupe de travail.

La modernisation de TLT
En juin 2012, le Conseil régional vote la mise en place d'un Contrat d'objectifs et de moyens (Com) via une procédure d'urgence entre TLT et la collectivité territoriale où, en échange d'une enveloppe d'1,5 M€, la chaîne locale s'engage à "régionaliser son contenu et étendre son champ d'émission". Une procédure qui passe mal auprès du groupe d'opposition Osons Midi-Pyrénées, au point qu'il saisit consécutivement le Comité de déontologie et la chambre régionale de la Cour des comptes. Le point de conflit ? "Nous voulions faire toute la lumière sur une procédure opaque, explique en conférence de presse Jacques Thouroude, président du groupe. Pourquoi une procédure d'urgence ? Les contre-parties sont-elles respectées ? Où sont les traces écrites des dépenses engendrées ? Autant de questions auxquelles doit répondre l'exécutif." Moins que le fond de la décision, le responsable politique dénonce la méthode utilisée jusqu'à laisser sous-entendre que la somme allouée par la Région à TLT ne serait qu'une "aide déguisée" à une entreprise.

Face à ces accusations, l'institution se défend par la voix de son président Martin Malvy. "Je trouve malsain le procès que l'on nous intente. Avec ce Com, qui je le répète, a respecté toutes les règles de la légalité, nous avons voulu régulariser notre participation au budget de la chaîne et pouvoir peser sur son contenu." Preuve de ce souci apporté à la bonne utilisation des deniers publics, le blocage de la deuxième tranche de financement en attendant l'envoi de factures justificatives de la part de TLT. Du reste, suivant les recommandations du rapport, la chaîne toulousaine doit commencer à opérer sa mue autour de plusieurs axes : plus de contenu régional ; mise en réseau avec les web TV ; multiplication des partenariats avec France 3 ; effort fait sur la visibilité du média... Des propositions qui, de l'avis de Charles Marziani (Front de gauche), favoriseront "l'implantation locale de TLT, sans conduire à sa régionalisation, techniquement et financièrement impossible."

La redynamisation de la filière audiovisuelle
Point le plus consensuel du rapport, la montée en gamme du secteur audiovisuel régional via la constitution de synergies entre professionnels, acteurs, chercheurs et étudiants de la filière doit servir à renforcer le dynamisme de la production locale. S'inscrivent dans cette logique, la volonté de création d'une web tv, la promotion de la langue occitane ou encore la multiplication des partenariats entre les différents acteurs et institutions du secteur.

Jérémy Lacoste
Photo © Remi Benoit