Privées de salles et de gymnases, les associations sportives voient leur activité amputée

Alors que la fermeture est obligatoire pour les salles de sports de Haute-Garonne, le passage devant le tribunal administratif n’a pas fait évoluer la situation cette fois-ci. Cet arrêt forcé entraîne avec lui de nombreuses conséquences sur l’activité économique de la filière à commencer par une baisse du nombre d’adhérents. Pour autant, certaines disciplines respectant un protocole sanitaire très strict peuvent encore échapper aux mesures de lutte contre la propagation de la Covid-19.
Le référé liberté déposé par les salles de sport à la justice ne permettra à ces établissements de rouvrir dans l'immédiat.
Le référé liberté déposé par les salles de sport à la justice ne permettra à ces établissements de rouvrir dans l'immédiat. (Crédits : Thomas Alidières)

"Cette fois-ci nous craignons de ne pouvoir rien faire. La situation a été reprise en main par le gouvernement et le conseil d'État", explique Maître Groslambert.

Malheureusement pour l'avocat du Toulouse université club (TUC), il a eu raison. Ce jeudi 22 octobre, le tribunal administratif de Toulouse a rejeté les demandes formulées par l'association sportive. L'arrêté préfectoral du 18 octobre, qui soumet les salles de 37 communes de Haute-Garonne à la fermeture, est donc toujours d'actualité.

Pour le juge des référés du tribunal, cette directive "ne résulte pas de l'arrêté préfectoral du 18 octobre 2020, mais des termes mêmes du décret du 16 octobre 2020 du Premier ministre, prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire".

Devant ce constat, la juridiction renvoie les plaignants devant le Conseil d'État. C'est donc un échec pour le TUC alors que les salles de sport et les gymnases avaient réussi une première fois à contrer les décrets de la préfecture durant la crise sanitaire due à la pandémie de la Covid-19. Une mauvaise nouvelle pour le secteur qui arrive au moment où celui-ci enregistre le plus d'inscriptions. Pour le conseiller technique du Toulouse université club, Benoît Maury, les pertes d'adhérents engendrées par ces fermetures forcées commencent à être nombreuses.

"La situation actuelle est surtout problématique pour les sports d'intérieur. Les gymnases étant fermés, impossible de pratiquer le handball, le basket ou encore l'athlétisme car on arrive en période hivernale. Pour les sports extérieurs, le souci actuel est de réussir à programmer les entraînements avant 21 heures et le couvre-feu pour les adultes. Par rapport à l'an dernier, nous avons constaté une perte de licenciés représentant 20 à 30 % de l'effectif total. Dans certaines pratiques, nous allons même jusqu'à 100 % d'adhérents en moins. En 2019, à la même période, nous avions environ 6 200 licenciés tous sports confondus".

Un impact de la crise encore plus fort l'année prochaine

Ce manque de présence influe directement sur les finances de l'association. Cela provoque une aversion au risque très forte chez les professionnels du secteur.

"Nous n'allons pas être touchés particulièrement cette année, mais l'an prochain, s'inquiète Benoît Maury. En effet, nos subventions sont calculées à partir du nombre d'adhérents. C'est donc très handicapant, d'autant plus que nous n'avons pas accès aux PGE car nous ne sommes pas une entreprise. La crise économique due à l'arrivée de la Covid-19 n'aide pas non plus. Il y a plus de chômage, les gens ont donc moins d'argent et il y a plus de difficultés pour régler l'adhésion. La situation actuelle nous a même obligés à nous séparer d'un de nos employés sur la vingtaine de personnes à temps plein chez nous".

Cependant, il n'est pas question de se laisser faire pour le TUC. Un rassemblement entre les filières impactées par des arrêts forcés d'activité est même évoqué.

"On ne se contente pas de le faire pour la structure. Nous le faisons au nom de tous les sportifs toulousains. Ce n'est pas normal que l'on nous interdise notre droit de faire du sport. C'est même incompréhensible alors qu'on nous répète les bienfaits de l'activité physique sur la santé. Nous envisageons de nous faire entendre en nous associant avec la filière CHR (cafés, hôtels, restaurants) et l'événementiel".

Lire aussi : La face cachée de la fermeture des bars et restaurants à Toulouse et en Occitanie

Les cours de danse : un protocole strict pour rester ouvert

En parallèle des salles de sports, les écoles de danse sont elles aussi contraintes par la situation actuelle. Pour autant, pas de fermeture totale pour elles. En effet, ces structures ne sont pas réellement considérées au même titre que les autres.

"La plupart des centres sont ouverts, explique un responsable du collectif Liberté action danse. La fermeture dépend des départements. Nous ne sommes cependant pas dépendants du niveau de vigilance dans lequel nous sommes placés par le gouvernement. Nous nous battons pour une ouverture de longue durée. On ne pratique pas la danse festive comme on peut la voir dans les discothèques ou certains bars. Nous appliquons les gestes barrières avec distanciation sociale et gel hydroalcoolique. Les écoles de danse sont avant tout des lieux d'enseignement. Il est tout à fait possible d'adapter les cours pour qu'il y ait moins d'intensité et donc de circulation. Nous pouvons même pratiquer masqués la danse, ce que nous faisons déjà. Mais nous en avons surtout marre d'être dépendants des décrets de la préfecture".

Mais malgré l'absence de fermeture, des difficultés se font ici aussi ressentir.

"En France, il y a environ 28 000 structures d'éducation à la danse, poursuit le dirigeant de collectif Liberté action danse. Mais la plupart des professeurs ont des loyers pour les locaux à payer, et ils sont très élevés. Cela fait que la profession est au bord du gouffre".

Ce contexte compliqué pourrait s'étendre pour les autres associations sportives d'Occitanie très prochainement, le couvre-feu, et les mesures contre les salles de sport qui l'accompagne, ayant été étendu, entre autres, à l'Aveyron et au Gard.

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