Transports : Tisséo critiqué pour sa gestion financière par la Chambre régionale des comptes

Dans un rapport à paraître le 6 février et consulté par La Tribune, la Chambre régionale des comptes signale des irrégularités dans la gestion financière du syndicat toulousain des transports en commun. Elle met en cause également la Métropole pour des sommes ponctionnées à tort dans le budget de Tisséo et des retards de paiement pouvant atteindre 18 mois. L'institution pointe par ailleurs des "incertitudes" sur le financement de la troisième ligne de métro et sa capacité à réduire les bouchons pour la partie ouest de l'agglomération.
La troisième ligne de métro de Toulouse dans le viseur de la Chambre régionale des comptes.

Nouveau coup de semonce pour la politique transports de Toulouse. Dans un précédent rapport en 2013, la Cour des comptes avait souligné "les insuffisances de la politique de mobilité de la quatrième aire urbaine de France, où moins de 18 % de déplacements quotidiens se font en transport en commun, et seulement 8 % des flux domicile-travail  quand ce taux est compris entre 11 % et 15 % à Bordeaux, Nantes et Strasbourg et dépasse 15 % à Grenoble, Lille et Lyon".

Dans un rapport à paraître le 6 février et consulté par La Tribune, la Chambre régionale des comptes critique à la fois la stratégie engagée par Toulouse Métropole pour réduire la congestion urbaine, mais aussi la gestion financière du syndicat des transports en commun, Tisséo.

La troisième ligne de métro insuffisante face à la croissance démographique ?

Sur la stratégie, le rapport souligne un plan de déplacements urbains (PDU) "ambitieux" mais doute que la troisième ligne de métro suffise face à la croissance démographique importante connue par la métropole.

"Le choix de la construction d'une troisième ligne de métro constitue un pari sur l'avenir. S'il traduit l'ambition de mieux maîtriser l'étalement urbain, la capacité de ce projet à orienter une part suffisante des 500 000 nouveaux déplacements quotidiens vers les transports en commun reste incertaine", relève le rapport en faisant remarquer que la troisième ligne ne prévoit de couvrir que 200 000 déplacements par jour.

Pour la Chambre régionale des comptes, "cette question n'est pas sans lien avec l'amélioration de la desserte de la ceinture sud-ouest pour laquelle le projet mobilités prévoit l'installation d'un téléphérique urbain sud assorti d'hypothèses d'extensions ultérieures, sans garanties de mise en œuvre". "Il s'agit pourtant d'un enjeu de desserte important, puisqu'un tiers des emplois soit 165 000 emplois, sont localisés dans un corridor allant des zones économiques de Saint-Martin du Touch/Basso Cambo à celles de Montaudran/Rangueil, en passant par l'Oncopole (Institut universitaire du cancer)", déplore les auteurs de l'étude. Par ailleurs, ils estiment que Tisséo pourrait davantage mettre l'accent sur la desserte ferroviaire en lien avec la Région.

"Un risque financier"

Sur le financement, le rapport s'inquiète d'un niveau d'endettement, "à des niveaux particulièrement élevés", nécessaire pour réaliser le PDU dont le budget est de 3,9 milliards d'euros dont 2,3 milliards rien que pour la troisième ligne de métro.

Le montant total de la dette atteindrait "plus de 2,5 milliards d'euros de 2024 à 2027, avec un pic à 2,92 milliards en 2026.La durée apparente de la dette demeurerait supérieure à 15 ans entre 2024 et 2029 ; elle atteindrait 19 ans en 2026, soit des niveaux particulièrement élevés. Tel qu'il se présente, ce plan de financement prévisionnel n'est pas dénué de risques", déplore la Chambre régionale des comptes.

Par ailleurs, elle note "un aléa fort sur le coût final de la troisième ligne de métro, dont l'estimation, déjà réévaluée en 2017, n'a pu être finalisée faute d'achèvement des études techniques préalables".

"Des charges d'exploitation insuffisamment maîtrisées"

L'autre volet de critiques concerne la gestion financière de Tisséo avec "des charges d'exploitation insuffisamment maîtrisées". Le rapport observe que les recettes générées par la vente des tickets de transports ne couvrait en 2016 que "30% des charges d'exploitation du réseau" contre 35% en moyenne dans les autres villes de province. En cause, une hausse des charges de personnel de 21% entre 2012 et 2016. Pour autant, le rapport se réjouit d'une "inflexion significative de la politique salariale en 2016".

Surtout des pratiques pèsent à tort sur les finances de Tisséo. Cette fois, c'est Toulouse Métropole qui est pointée du doigt. La collectivité devait verser 100 millions d'euros à Tisséo sur l'année 2016. Mais d'importants retards de paiement ont été constatés : "Toulouse Métropole verse sa contribution avec près de 18 mois de retard". D'autre part, d'après l'institution, Toulouse Métropole a ponctionné à tort une partie du budget de Tisseo.

"Les charges relatives aux opérations de voirie, aux interventions sur les réseaux et aux équipements connexes sont supportées par Tisséo Collectivités. Elles relèvent pourtant de la compétence de Toulouse Métropole. Il en résulte que plus de 46 millions d'euros d'immobilisations inscrites au bilan de Tisséo Collectivités concernent des équipements dont le syndicat n'a ni la propriété, ni la gestion opérationnelle et qui sont sans lien avec les transports en commun".

Parmi les points positifs, le rapport écrit que le versement transport effectué par les entreprises s'élevait à 245 millions d'euros en 2016, et que son produit par habitant (120,04 euros en 2015) était le plus élevé des sept grands réseaux de transports urbains de province. Une faible consolation dans une vague de critiques. Le président de Tisseo Collectivités Jean-Michel Lattes a indiqué qu'il ne réagirait pas avant la publication officielle du rapport mercredi prochain.

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Commentaires 2
à écrit le 02/02/2019 à 5:23
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Pas étonnant tout ca ! Il suffit de constater que ce fameux axe Sud , et Ouest est totalement démuni de transports en commun, et ce n’est pas un telepherique qui va débloquer la situation! Quand a la rocade Ouest elle existe mais elle est bouchée a...

le 02/02/2019 à 8:05
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Je ne suis pas en accord avec ce que vous dites. Je suis ravi que les municipalités comprennent enfin que, non, les immeubles de 35 étages ne sont pas humains. Ce sont des immondices qui enlaidissent nos villes et paysages. Les grand bâtiments crée...

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