Smart City : "Pour réussir la transition énergétique, il faut obtenir l'adhésion populaire"

Comment concilier transition énergétique et adhésion des citoyens ? À l'heure de la COP 24 et de la mobilisation des gilets jaunes, le sujet est au cœur de l'actualité. À l'occasion du forum Smart City organisé mercredi 12 décembre par La Tribune, élus, chercheurs et entreprises ont tenté d'apporter des solutions pour améliorer la lutte contre le réchauffement climatique. Décryptage.
Jean-Luc Moudenc, mercredi 12 décembre, à l'occasion du forum Smart City.
Jean-Luc Moudenc, mercredi 12 décembre, à l'occasion du forum Smart City. (Crédits : Rémi Benoit)

"Pour réussir la transition énergétique, il faut obtenir l'adhésion populaire. Il ne suffit pas de fixer des objectifs vertueux à partir d'expertises incontestables mais il est nécessaire d'intégrer une dimension sociétale sinon on ne réussira par cette transition", a lancé le président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc, mercredi 12 décembre en ouverture du forum Smart City organisé avec La Tribune depuis le Capitole. Des propos qui font écho à la mobilisation des gilets jaunes partie d'une révolte contre la hausse de la taxe sur les carburants. Lors d'un entretien à La Tribune le 28 novembre dernier, l'édile avait d'ailleurs regretté : "le problème est qu'au niveau national les différents gouvernements ont laissé perdurer le diesel tout en faisant adoptés des lois en faveur de la transition énergétique. À travers la crise actuelle des gilets jaunes, on paie 20 ans de schizophrénie de l'État".

Lors de sa rencontre avec le président de la République lundi 10 décembre, quelques heures avant son allocution télévisée, Jean-Luc Moudenc avait d'ailleurs proposé à Emmanuel Macron une contribution fiscale des plus riches à la transition énergétique. "L'une des thématiques abordées a également été que la Smart City porte cette idée de décentralisation", a-t-il ajouté.

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Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement (1995-1997). / (Crédits : Rémi Benoit).

Un peu plus tard durant le forum Smart City, l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage et aujourd'hui présidente de CAP21/Le Rassemblement Citoyen a abondé dans ce sens : "On ne fera pas la transition énergétique dans les bureaux parisiens ni même au Capitole, mais avec tous les citoyens". À l'heure où se déroule la COP24 en Pologne, la femme politique a fait remarquer :

"À ce jour, seulement 16 pays ont respecté les engagements pris dans le cadre de l'accord de Paris (approuvé par 196 pays en décembre 2015, ndlr). Il existe un blocage des pays pétroliers aidés désormais par la Russie et les États-Unis. Nous en sommes à ne même pas prendre note du dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat).

Ce défi de civilisation auquel nous sommes confrontés ne sera pas gagné par les États tout seuls mais par nous tous, à commencer par les structures infra-étatiques comme les villes, les ONG et les entreprises".

Axer l'effort sur le bâtiment

D'après Corinne Lepage, "pour transformer les villes, il faut commencer par l'habitat. C'est le lieu d'investissement le plus gagnant en terme d'économie d'énergie, de pouvoir d'achat et d'emplois non délocalisables. Il faut accélérer le mouvement sur la rénovation des bâtiments, faire 1% par an n'est pas suffisant". L'ancienne ministre a également évoqué parmi les pistes possibles l'essor du télétravail, de fermes urbaines pour développer des circuits courts et l'autoconsommation collective en terme d'énergie "pour sortir des monopoles".

Lire aussi : Quand les citoyens prennent en main la transition énergétique

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Sébastien Matty, président du groupe GA Smart Building./ (Crédits : Rémi Benoit).

Du côté des acteurs du bâtiment, Sébastien Matty, président du groupe GA Smart Building, a souligné que l'empreinte carbone du secteur "est liée à 60% à la construction des habitations et à 40% à la vie de l'immeuble. Il est important de bien choisir les matériaux".

À ce sujet, les promoteurs expérimentent dans les programmes neufs l'incursion de matériaux alternatifs au béton. Laurent Nicolas, directeur régional d'Icade a ainsi cité l'exemple de l'opération de la Cartoucherie "labellisée E3C2 avec des bâtiments composés à 76% de bois d'Occitanie".

Lire aussi : "L'énergie n'est pas assez chère", selon Sébastien Matty

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Hélène Genin, déléguée générale de l'Association pour le développement du bâtiment bas carbone./ (Crédits : Rémi Benoit).

"Le bâtiment est le premier secteur le plus émissif, devant les transports, si l'on inclut les trajets générés aux abords des chantiers. Construire 1m3 crée 1,5 tonne et demie de CO2", pointe Hélène Genin, déléguée générale de l'Association pour le développement du bâtiment bas carbone. "Nous avons l'ambition de diviser par deux les émissions du bâtiment. Pour ce faire, il faut déjà bien évaluer l'empreinte carbone et fixer des seuils d'exigence exemplaires".

L'association a donc lancé deux labels BBCA pour le bâtiment neuf et rénové. "Les lauréats de ce label ont réussi à réduire de 250 à 750 kilos par m3 les émissions de CO2. À ce jour, 40 bâtiments en France ont reçu la certification", a ajouté sa directrice générale.

Pour Sinda Haouès-Jouve, directrice adjointe du LISST à l'Université Jean-Jaurès, il est primordial "d'améliorer le confort climatique des villes":

"Toulouse Métropole va connaître des vagues de chaleur plus fréquentes et plus longues dans les années à venir. Il faut s'y préparer dès aujourd'hui. Parmi les leviers d'action figurent la végétalisation urbaine ou encore la remise d'eau en surface".

A lire aussi notre dossier, sur comment Toulouse s'adapte au changement climatique.

Lire aussi : Toulouse face au défi climatique

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