"Pourquoi je suis à Toulouse ? Vous pouvez vous poser la question." En effet. Pierre Moscovici, plus habitué à la navette Bruxelles-Paris, était en déplacement dans la Ville rose ce lundi 15 février 2015. Après la traditionnelle visite d'Airbus, "symbole de la réussite européenne", le commissaire européen aux Affaires économiques a déjeuné avec des chefs d'entreprise de la région toulousaine. Son objectif : "expliquer les enjeux européens", autrement dit, convaincre les acteurs économiques que l'Europe n'est pas responsable de tous les problèmes, mais qu'elle est en revanche la seule solution envisageable.
"L'Europe connaît plusieurs crises : les réfugiés, le terrorisme, la Grèce, le Brexit, une crise économique. Il y a beaucoup de défis. Mais il faut se garder de tomber dans l'euroscepticisme. La réponse à ces crises est européenne."
Brexit : "il faut trouver une solution"
Alors que François Hollande et David Cameron se rencontrent ce lundi soir au sujet de la possible sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne ("Brexit"), Pierre Moscovici reconnaît que le dossier est complexe :
"Un Brexit serait une perspective négative pour l'Europe et pour le Royaume-Uni. L'enjeu est de trouver les meilleures conditions pour que le Royaume-Uni reste dans l'UE. La difficulté est la suivante : David Cameron doit défendre les spécificités de l'économie britannique sans remettre en cause ce qui fait la substance du projet d'union européenne. Certes, nous devons respecter les économies qui sont en dehors de la zone euro, mais il est hors de question d'empêcher celles qui y sont de se développer."
Il fait ainsi référence aux exigences imposées par Londres, et notamment un droit de regard des États non-membres de l'eurozone sur les décisions des dix-neuf autres États utilisant l'euro.
"Je ne cache pas qu'il y a des négociations spécifiques sur la City", a concédé Pierre Moscovici en début d'après-midi. Pour la France, en effet, il n'est pas question de modifier les traités européens pour protéger les intérêts de la City de Londres, première place financière d'Europe.
Un sommet européen s'annonçant tendu est prévu jeudi et vendredi à Bruxelles.
"Il faut trouver une solution", assure le commissaire européen.
Économie : "l'Europe est sortie de la récession"
Sur le contexte économique de l'Europe, Pierre Moscovici affirme que "l'Europe est sortie de la récession", avançant le chiffre d'une croissance de 1,8 % en 2016 et 2 % l'année prochaine (toujours inférieure à la croissance mondiale estimée à 3 %).
"La reprise est modeste mais ancrée. Les finances publiques sont assainies même s'il reste des efforts à faire. La zone euro est solide et notre système bancaire est mieux outillé qu'avant pour faire face aux aléas. Certes, il y a des vents contraires. Nous surveillons avec attention l'économie chinoise, mais je suis raisonnablement optimiste et j'appelle à raison garder."
Le principal "handicap" de l'UE, selon le commissaire européen, est le manque d'investissements, dont le niveau "n'est jamais remonté à celui d'avant 2008".
"Les chefs d'entreprises doivent être plus près de Bruxelles et inversement" © photo Rémi Benoit
Pour appuyer son "raisonnable optimisme", Pierre Moscovici cite l'exemple de la région LRMP, "une des régions les plus innovantes de France et d'Europe, qui compte 15 pôles de compétitivité et présente le premier ratio investissement R&D / PIB".
"Cette région est emblématique de ce que soutient l'UE : l'innovation, les investissements et l'audace d'entreprendre."
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