Nicolas Sarkozy annonce sa candidature à la présidence de l'UMP, les réactions à Toulouse

Nicolas Sarkozy a annoncé dans l'après-midi son retour en politique. "Au terme d'une réflexion approfondie", l'ancien chef de l'État se dit "candidat à la présidence de (sa) famille politique". Premières réactions des élus et cadres politiques à Toulouse.
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé sa candidature à la présidence de l'UMP

"Ça y est c'est fait ?", réaction de surprise de Xavier Spanghero, secrétaire départemental adjoint de l'UMP 31, quand il apprend l'annonce de Nicolas Sarkozy de revenir en politique. "À titre personnel, j'estime que c'est une très bonne nouvelle, explique le n°3 de la fédération de la Haute-Garonne. J'ai cosigné il y a quinze jours une tribune appelant à son retour. Cela correspond à une grosse attente des militants qui me disent, où que j'aille, à quel point ils attendent son retour. C'est d'autant plus vrai depuis la crise qui secoue l'UMP car le parti n'a pas su se remettre en question notamment depuis la guerre Copé / Fillon. L'UMP changera-t-il de nom ? C'est trop tôt pour le dire. Je crois savoir que Nicolas Sarkozy y est favorable, de même d'ailleurs qu'Hervé Mariton et Bruno Le Maire, les deux autres candidats."

Réformer de fond en comble sa famille politique
Dans sa déclaration, postée sur Facebook (réseau qu'il avait déjà utilisé en 2012 pour remercier ses électeurs après sa défaite face à François Hollande), Nicolas Sarkozy ne cite à aucun moment le nom de l'UMP, se contentant de parler de sa "famille politique". Il appelle cependant de ses vœux "un nouveau mode de fonctionnement adapté au siècle qui est le nôtre et une nouvelle équipe". Cette "famille politique", "je proposerai de la transformer de fond en comble".

Président de l'UMP de 2004 à 2007, Nicolas Sarkozy aurait sans doute préféré éviter d'avoir à nouveau à présider un parti. La chute de Jean-François Copé, emporté au printemps par l'affaire Bygmalion, l'aura finalement contraint à reprendre du service au sein de l'appareil politique. Laurence Arribagé, députée UMP de Haute-Garonne et secrétaire départementale de l'UMP 31 affirme ce soir : "Je ne suis pas surprise par cette annonce, j'ai rencontré Nicolas Sarkozy en début de semaine et je l'ai senti déterminé. En parlant de sa candidature à la tête de l'UMP, il me disait qu'il "le sentait bien". Je suis satisfaite car le triumvirat à la tête de l'UMP a sans doute permis de ramener de la stabilité et de la sérénité, mais n'est pas audible. L'opposition, actuellement, n'est pas audible. Nous avons besoin d'une voix forte. En tant que secrétaire départementale de l'UMP 31, j'organiserai l'élection avec la plus grande transparence, même si Nicolas Sarkozy a mon parrainage."

Jean-Luc Moudenc a, de son côté, souhaité ne pas réagir, fidèle à sa volonté de ne pas intervenir sur les questions de politique nationale et malgré son statut de numéro 1 de l'UMP en Haute-Garonne.

"Spectacle désespérant"
Avec cette annonce, Nicolas Sarkozy se propulse également clairement dans la perspective de la présidentielle de 2017, élection à laquelle se sont d'ores et déjà portés candidats Alain Juppé et François Fillon. Le représentant local de François Fillon, et responsable de Force Républicaine en Haute-Garonne, Jean-Marie Belin, minimise d'ailleurs la portée de l'annonce de Nicolas Sarkozy : "Ce n'est pas une nouvelle d'une importance capitale, mais c'est une bonne nouvelle car il ne se présente pas à la présidence de la République mais à la présidence de l'UMP, il respecte le timing, c'est bien. Cela clarifie les choses pour la primaire de 2016. François Fillon et Nicolas Sarkozy devraient se rencontrer la semaine prochaine pour que chacun expose ses projets et points de vue."

Le président du Modem 31, Jean-Luc Lagleize, estime de son côté que c'est "aux militants de l'UMP de faire leur choix. Comme président du parti, ils mettent qui ils souhaitent. Mais s'ils veulent Nicolas Sarkozy comme candidat à la présidentielle, qu'ils y réfléchissent à deux fois. Il y a certainement des personnes moins clivantes dans leur parti."

Dans son annonce, Nicolas Sarkozy évoque, pour expliquer sa candidature, "le spectacle désespérant d'aujourd'hui et la perspective d'un isolement sans issue", visant ainsi d'une part le PS et d'autre part le FN.

"Un bilan catastrophique" pour le PS

Christophe Borgel, député PS de la Haute-Garonne réagit lui aussi ce soir : "La question n'était pas de savoir SI mais QUAND Nicolas Sarkozy allait revenir. Animé par une volonté de revanche, il nous joue la musique d'un retour pour la France sur le mode "je vous ai compris". Mais il aura du mal à jouer la carte de l'homme providentiel. Les Français n'ont pas oublié qui il est et son bilan pèse encore sur la réalité de la France. Nicolas Sarkozy n'a pas digéré sa défaite en 2012, et nul doute qu'il ne revient pas seulement pour présider l'UMP."

Autre réaction, celle du socialiste Pierre Cohen, chef de l'opposition municipale à Toulouse : "Ce n'est pas un vrai scoop. Mais je suis surpris que l'UMP n'ait que Sarkozy à mettre en perspective pour la présidentielle, comme l'homme providentiel. Cela ne donne pas l'image d'un renouvellement à l'heure où les citoyens ont une mauvaise opinion de la politique. Même si c'est une bête politique, il est porteur d'un bilan catastrophique. Je suis atterré que les responsables locaux de l'UMP le soutiennent, comme Laurence Arribagé. Cela montre l'état de destruction dans lequel se trouve l'UMP, au-delà des questions financières. Il se porte plus mal que ce que je pensais."

Un constat partagé par Sébastien Vincini, le nouveau secrétaire fédéral du PS de Haute-Garonne, pour qui "cela est un non événement. J'ai plutôt l'impression qu'il n'était jamais parti tant son bilan pèse sur la France. Il traîne son passif comme un boulet et c'est triste pour la droite française de se trourner vers un homme comme lui."

Après 28 mois en dehors de la vie politique, Nicolas Sarkozy ne s'est en effet pas résolu à se tenir éloigné des affaires publiques : "Au fond, précise-t-il d'ailleurs, ce serait une forme d'abandon de rester spectateur."

Emmanuelle Durand-Rodriguez, Paul Périé et Sophie Arutunian
© photo Pool / Fred Lancelot

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