Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : un grand pôle de compétitivité du numérique, certains y pensent déjà

Avec la fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon au 1er janvier 2016, ce sont deux territoires numériques, labellisés French Tech, qui vont s’allier. Un mariage qui pourrait avoir des conséquences directes pour les clusters numériques de chaque territoire. Avec, en filigrane, la volonté de certains acteurs de voir l’émergence d’un véritable pôle de compétitivité du secteur dans la grande région.
Des synergies pourraient voir le jour entre les écosystèmes des deux territoires

La naissance de la nouvelle grande région, issue de la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, devrait impacter directement l'écosystème du numérique de chacun des territoires. Toutes deux labellisées French Tech, les métropoles de Toulouse et de Montpellier pourraient en effet faire valoir de véritables synergies.

"Il y a des points de convergence entre nos deux écosystèmes", assure Daniel Benchimol, président du cluster numérique midi-pyrénéen DigitalPlace.

De là à imaginer un rapprochement entre le cluster toulousain et son homologue montpelliérain FrenchSouth.digital - né le mois dernier du rapprochement entre Novae LR, Media Cloud Cluster et PixLR -, il n'y a qu'un pas. "Nous avons en Midi-Pyrénées un écosystème riche, un historique basé sur l'aéronautique et le spatial, ainsi qu'une multiplicité de start-up qui agitent le sujet du numérique, analyse Philippe Coste, directeur délégué de French Tech Toulouse. Mais il faut être modeste. Car notre héritage peut aussi générer une certaine lourdeur. Je note à Montpellier une véritable agilité. Nous pourrions nous en inspirer. Notre défi est de nous projeter dans le futur avec davantage de gourmandise."

"Tout le monde autour d'une table"

Et si, aujourd'hui, le cluster montpelliérain est sujet à certaines tensions, sa création a le mérite, selon Philippe Coste, d'être le fruit "d'un travail collaboratif" qui pourrait "être une source d'inspiration". Une allusion aux rivalités qui peuvent exister en Midi-Pyrénées au sein même de l'écosystème numérique. Daniel Benchimol va plus loin. "Le cluster de Languedoc-Roussillon est né d'une fusion entre plusieurs entités, constate-t-il. Chez nous, en Midi-Pyrénées, c'est plus compliqué, même si nous ne désespérons pas d'y arriver. En la matière, nous avons une politique d'ouverture et de rencontre." De son côté, Pierre Deniset, président de FrenchSouth.digital, vante le travail déjà accompli à Montpellier : "Nous avons réussi la performance de mettre tout le monde autour d'une table, les grands industriels comme les petits porteurs de projets."

Collaboration ou fusion ?

Reste la question d'une hypothétique fusion entre les deux clusters régionaux. Sur ce sujet, les avis sont nuancés. Pierre Deniset se dit "partant". "Nous sommes prêts à poursuivre nos contacts avec DigitalPlace afin de constituer une force numérique de premier plan, assure-t-il. Le contact entre nous est pris, la relation existe. Nous travaillerons ensemble dans la meilleure intelligence. Pourquoi ne pas imaginer un grand cluster régional..." À Toulouse, Daniel Benchimol est plus prudent. "Nous allons travailler ensemble, bien sûr, mais probablement uniquement sur les grands événements, anticipe-t-il. Car nous sommes géographiquement éloignés. Je ne pense pas qu'il puisse y avoir de fusion entre les deux entités. Le travail d'un cluster est basé sur la proximité." Une analyse partagée par Emmanuel Mouton, PDG de Synox, une société numérique qui a historiquement un pied dans chacun des deux territoires.

"Un cluster unique du numérique pourrait avoir du sens, estime-t-il. Mais la proximité reste primordiale. Alors, une fusion ou un partenariat fort, je ne sais pas... Une chose est sûre : ensemble, nous créerons plus de synergie et plus de pertinence."

Un pôle de compétitivité du numérique

Mais au-delà de la question des clusters, certains appellent de leurs vœux la création d'un véritable pôle de compétitivité régional dédié au numérique, à l'instar de Jean-Louis Chauzy, président du Ceser Midi-Pyrénées, qui va "faire une demande dans ce sens à l'État et aux collectivités territoriales". Une idée que les acteurs des deux régions accueillent une nouvelle fois avec prudence.

"Le numérique pourrait nécessiter, pourquoi pas, la création d'un pôle de compétitivité, estime Pierre Deniset. C'est à étudier. Mais le plus important reste que les entrepreneurs des deux régions collaborent afin d'être visibles à l'international. Car au fond, vu de Shanghaï, Toulouse et Montpellier, c'est la porte à côté !"

Pour le Toulousain Daniel Benchimol, "créer un pôle de compétitivité du numérique dans la nouvelle grande région serait bien entendu légitime, mais c'est du domaine du rêve. Car les fonds publics se raréfiant, il ne se crée plus de pôles." Philippe Coste, lui, livre une analyse différente. "Pour moi, les pôles de compétitivité, ça fait un peu 'vertical', confie-t-il. Ce n'est pas très agile. Le numérique, lui, est transversal. Il adresse tous les métiers et tous les secteurs. Il est vecteur de transformation de l'ensemble de la société."

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