Municipales à Toulouse : face à l'UMP, la gauche sera-t-elle divisée ?

Les relations sont tendues au sein de la gauche toulousaine: à l'image de la crise ouverte entre Jean-Luc Mélanchon et Pierre Laurent au niveau national, Jean-Christophe Sellin ( Front de Gauche) et Pierre Lacaze ( Parti Communiste) n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la stratégie à adopter pour les municipales de 2014: ce sera avec Pierre Cohen pour le PC, et sans le PS pour le Front de Gauche. De son côté EELV est déterminé à mener une liste autonome malgré la main toujours tendue de Pierre Cohen, qui estime malgré tout qu' "ils peuvent encore changer d'avis".

Ils ont le même objectif : éviter le retour de l'UMP Jean-Luc Moudenc au Capitole en 2014, grâce à un grand rassemblement des forces de gauche. Pourtant le PS, EELV, le PC, et le Parti de Gauche ne convergent pas sur la méthode à suivre.

EELV veut un maire écolo

"Si on part, c'est pour gagner. Les militants d'EELV ont pris la décision de l'autonomie à 90%. Nous voulons un maire écologiste." Xavier Bigot, secrétaire EELV à Toulouse, est déterminé. Alors qu'en 2008 les Verts soutenaient la candidature de Pierre Cohen, ils ont décidé de partir seuls à la conquête du Capitole en 2014. Le maire sortant ne semble pas effrayé par cette perspective, "Je ne vois pas comment ils peuvent proposer quelque chose de vraiment différent. Nous avons le même bilan, à part le Parc des expos auquel ils se sont toujours opposés." Pierre Cohen estime par ailleurs que les jeux ne sont pas faits, que " leur décision peut mûrir", et qu'il fera "l'essentiel" pour retrouver la configuration de 2008.

"Nous ne nous détachons pas du bilan de Pierre Cohen, mais il y a des divergences sur les questions du PLU, de la vidéosurveillance, du Parc des expos, de la privatisation de certains investissements publics, répond Xavier Bigot pour qui la décision est définitivement prise. Je l'invite à regarder attentivement le programme que nous proposerons." Régis Godec, représentant du groupe EELV au conseil municipal refuse de s'exprimer, répondant par texto "Par respect pour les autres candidats à la tête de liste, je m'abstiens de répondre avant les désignations par les militants". De son côté, Gérard Onesta affirme qu'il n'est "pas candidat pour être maire de Toulouse. Mais j'aurai un rôle important dans la campagne." Le conseiller régional estime que s'il s'était présenté comme tête de liste, "Régis Godec, François Simon et Antoine Maurice ne se seraient peut-être pas présentés, alors qu'ils sont tout à fait à la hauteur de la mission".

Pour les Verts, la campagne interne se termine le 27 septembre. Le 28, en Assemblée générale, un vote des militants désignera un binôme femme / homme pour mener la liste de 69 noms, "ouverte aux non-encartés et aux citoyens" précise Xavier Bigot. Le processus est en marche, "de toute évidence, on va peser", annonce Gérard Onesta.

Le Front de Gauche part sans le PC

Les relations ne sont pas au beau fixe entre Jean-Christophe Sellin, représentant du Parti de Gauche, et Pierre Lacaze, premier secrétaire du Parti Communiste 31. Le premier veut mener une lite autonome Front de Gauche, le deuxième se rallie à Pierre Cohen. "Les relations sont difficiles, car Jean-Christophe Sellin n'est pas dans une démarche collective, mais personnelle", selon Pierre Lacaze qui rappelle que "le PC est la principale composante du Front de Gauche".

Jean-Christophe Sellin, future tête de liste pour le Front de Gauche ne désespère pas de rallier à sa cause le Parti Communiste, "pour une liste la plus large possible". Selon lui, "si le PC marche avec le PS, il y a un manque de visibilité". Pierre Lacaze estime de son côté que la main tendue à Jean-Christophe Sellin est constamment rejetée. "Nous voulons le débat, mais lui est dans une position personnelle, sans prendre compte de l'intérêt général." Réponse de l'intéressé pour qui "le Front de Gauche n'est pas un satellite du PS. C'est un front politique qui estime que la social-démocratie actuelle va droit dans le mur." À noter que Le Front de Gauche et le PC affirment tous les deux qu'ils sont en discussion avec EELV et le NPA. "Nous ferons un compte rendu de ces rencontres fin octobre", prévoit Pierre Lacaze.

Ces relations tendues sont le reflet de la situation au niveau national : Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) et Pierre Laurent (PC) sont en crise ouverte depuis le début de l'été. "Il ne sert à rien d'être dans la dénonciation permanente plutôt que d'apporter des solutions", s'agace Pierre Lacaze en mentionnant le Front de Gauche. "Il y a ceux qui accompagnent l'austérité, et ceux qui résistent", argumente Jean-Christophe Sellin. Aujourd'hui les équipes des deux leaders nationaux ont obtenu que Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent se disent bonjour à la fête de l'Humanité !

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

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