
Séance chargée ce jeudi au Conseil régional. Au programme notamment, le Plan « Midi-Pyrénées Énergies 2011-2020 » doté de 260 millions d'euros de mesures directes sur cette période. Fondé autour de la maîtrise de la demande en énergie et l'efficacité énergétique, il a été adopté par 77 voix pour et 10 absentions. Il prévoit 8,6 M€ afin de rénover énergétiquement 3.700 logements sociaux, le renforcement de l'appel à projets « bâtiments économes de qualité environnementale » avec le doublement de son enveloppe, l'amplification du dispositif Éco-chèques logement pour les particuliers, portés à 1000 ou 1500 € par opération... Autant de mesures destinées, d'après le président Martin Malvy, aux « 70.000 à 100.000 ménages de Midi-Pyrénées, soit 6 à 8%, en situation de précarité énergétique et habitant des logements énergivores ».
Le Fonds régional carbone sera également renforcé dans le cadre de ce Plan climat. Le président de Région a annoncé vouloir « développer les participations dans les énergies renouvelables avec la poursuite du plan « Bois énergies », le développement de la biomasse avec un plan finalisé en juin, le solaire et l'éolien... Se prononçant « contre l'exploitation des gaz de schiste » et pour une sortie du nucléaire, concertée avec les autres pays, dans les 20 à 30 prochaines années. Martin Malvy a estimé que « l'ensemble des mesures prises devrait générer sur le territoire de Midi-Pyrénées 1 à 1,5 Md€ de travaux » et confié que la création d'un nouvel opérateur, chargé d'investir dans les projets liés aux énergies renouvelables, était en projet. « Une mission qui pourrait être assurée par la Cogemip », qui intervient déjà sur les opérations de réhabilitation, de restructuration ou de construction des établissements publics d'enseignement de la région.
Les élus d'Europe Écologie - les Verts ont voté pour, se « félicitant de ce plan qui permettra en 10 ans l'isolation de 33 000 maisons individuelles et 37000 logements sociaux. Cependant il s'agit là d'un premier pas, certes très ambitieux mais loin des 150 millions d'euros sur trois ans proposés par EELV. » Le groupe « Osons Midi-Pyrénées » s'est abstenu.
Accompagner l'aéronautique dans sa mutation
Autre plan de soutien, autre enveloppe importante : celle allouée à la filière aéronautique, 130 M€ sur quatre ans. Martin Malvy a rappelé le poids du secteur dans la région, « 20.000 emplois liés à Airbus et à EADS, 40 000 à la supply chain ». Le président de Région souhaite « accompagner les entreprises dans leur mutation. Beaucoup ne sont pas de taille à résister à la concurrence mondiale. Il nous faut aider les regroupements, favoriser le passage du stade de la PME à celui d'entreprise de taille intermédiaire ». Il a insisté sur l'articulation de ce Plan, comme des autres, avec les schémas régionaux en cours d'élaboration.
« Partant du constat qu'il existe en Midi-Pyrénées un fort potentiel de recherche contre le cancer », Martin Malvy a également soumis au vote un Plan Cancer doté de 32 millions d'euros sur quatre ans. Ses objectifs : renforcer la recherche publique et les partenariats, soutien à l'investissements des plateformes de technologie et aux entreprises régionales, favoriser la formation initiale...
Dernier volet abordé, celui du déploiement du très haut débit avec 50 M€ qui lui seront consacrés dans les dix prochaines années. Ce Plan numérique prévoit une intervention de la Région allant jusqu'à 20% de l'investissement public dans les programmes de développement des communes délaissées par « les opérateurs privés, qui ne vont s'intéresser qu'à Toulouse, aux 24 communes de sa périphérie et aux grosses agglomérations de la région. Nous accompagnerons donc l'État et les collectivités afin que 85% de la population soit desservie par le très haut débit » d'ici dix ans. Dans les grandes villes, le raccordement en fibre optique des foyers, zones d'activités et entreprises sera encouragé.
Clash entre les écologistes et Jean-Louis Chauzy
La séance a également été ponctuée dans la matinée par le vigoureux mouvement d'humeur des élus d'Europe Écologie les Verts, quittant l'hémicycle et refusant d'assister au discours du président du Conseil économique, social et environnemental régional Jean-Louis Chauzy. Dans leur viseur, non pas l'institution mais bien son chef de file, taxé de « président d'une assemblée du XXe siècle » : cette action symbolique ne visait bien évidemment pas l'institution qu'est le Conseil économique social et environnemental Régional (CESER) qui joue un rôle démocratique important dans notre république. C'est bien les positions les plus souvent dictées par les intérêts des puissants et des lobbies qui sont mises en cause. En effet, lors de ces différentes interventions, souvent anti-écologistes primaires, le président du Ceser porte des positions personnelles, partisanes et méprisantes, qui la plupart du temps n'ont pas été débattues au Ceser. »
Jean-Louis Chauzy a contre-attaqué le lendemain dans un communiqué : « En défendant l'industrie, les réserves d'eau nécessaires à notre région, la recherche agronomique qui permet les progrès de l'agriculture et de l'agroalimentaire et assure les succès du pôle de compétitivité Agrimip Innovation, le président du Ceser assure la promotion des travaux de la deuxième assemblée régionale, des avis du Ceser. L'expression de son président n'est pas soumise à l'autorisation du groupe d'Europe Écologie - les Verts du Conseil régional, sauf à vivre dans une dictature !
Les élus du groupe d'opposition "Osons Midi-Pyrénées" ont profité de l'occasion pour s'attaquer à une majorité qu'ils jugent mise à mal. Dans un communiqué, ils ont considéré que « ce violent réquisitoire contre le président d'une institution reconnue et détachée de toute prise de position partisane, est aussi injustifié qu'insupportable. (...)Une fois encore Martin Malvy est prêt à tout, y compris à couvrir les comportements les plus inacceptables au sein de l'assemblée qu'il préside, pour maintenir l'apparente cohésion de sa majorité. Une nauséabonde odeur de terrorisme intellectuel flotte désormais au sein de l'assemblée régionale. »
Martin Malvy a tenu à « minimiser l'incident », glissant que l'opposition a elle aussi déjà claqué la porte de séances. Le 28 juin 2010 notamment, pour protester contre la tenue d'un « débat stérile » sur la réforme des collectivités.
Mikaël Lozano
En photo : le Conseil régional a voté en faveur de plusieurs plans de soutien (© Rémi Benoit)
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