« L'élection du président du Sénat, j'ai peur du débauchage ! » Interview de Pierre Izard

Recevant Objectif News le 29 septembre, Pierre Izard évoque les primaires et les sénatoriales. Le président socialiste du Conseil général de la Haute-Garonne fait également un tour d'horizon des sujets politiques d'actualité.

Êtes-vous heureux de voir la gauche majoritaire au Sénat ?
J'ai ressenti une grande joie. Mais jusqu'à samedi (date de l'élection du président du Sénat qui oppose le PS Jean-Pierre Bel à l'UMP Gérard Larcher, ndlr), j'ai peur du débauchage, je ne vous le cache pas. Il y a toujours le risque de la trahison. Certes le président de la République a sifflé la fin de la récréation, mais je me méfie.

Le résultat des sénatoriales est-il le résultat de la révolte des collectivités ?
Oui. C'est la révolte des élus de tous bord, de droite comme de gauche. Les élus de droite étaient obligés de se taire mais ils ont parlé en votant. La victoire de la gauche montre aussi que les sénateurs voient avec inquiétude la réforme territoriale, celle de l'intercommunalité mais aussi la suppression des services publics et la réduction des moyens à l'école. Et bien tout cela, ça se paie un jour. C'est la faute du pouvoir central et des énarques qui ne voient pas la réalité en face.

L'Ariégeois Jean-Pierre Bel va sans doute devenir président du Sénat, votre réaction ?
Je le connais très très bien. Il y a longtemps qu'il est sénateur, il est président du groupe PS, donc c'est parfait. Maintenant, je ne m'attends pas à ce que d'un coup de baguette magique toutes les usines de Lavelanet soient florissantes !

Allez-vous écouter Ségolène Royal ce jeudi soir à la Halle aux grains ?
Je ne suis pas libre ce soir et je n'ai pas trop envie d'aller au spectacle de Ségolène Royal. Je m'étais engagé à aller à la réunion de Martine Aubry et à celle de François Hollande. Et j'aurais beaucoup aimé aller voir Arnaud Montebourg qui est le candidat qui monte.

Qui soutenez-vous pour les primaires ?
Volontairement, je n'ai pas voulu me prononcer. Ma décision a été pénible, j'ai eu peur de passer pour un hypocrite ou un faible mais j'estime qu'au poste où je suis, je n'ai pas le droit de donner une consigne de vote. Ce qui compte pour moi c'est de réussir le rassemblement au lendemain des primaires. Nous avons une chance historique de remporter la présidentielle en 2012, ne nous plantons pas. Nous avons le devoir d'être crédibles vis-à-vis d'électeurs qui nous avaient abandonnés et qui veulent maintenant se débarrasser de Sarkozy.

Ne craignez-vous pas d'être isolé alors que les barons socialistes appellent à voter Martine Aubry ?
Mais moi je ne suis pas baron, je suis duc ! Je fête aujourd'hui mes 44 ans de mandat de conseiller général. Si j'étais journaliste, voilà comment je titrerais l'article : « Au soir de sa carrière Pierre Izard a une inquiétude, serait-il le dernier des politiques ? »

Qu'est-ce qui manque à la vie politique aujourd'hui ?
J'ai deux regrets. Ne pas avoir assez profité d'une situation économique prospère pour faire plus vite davantage de choses. J'aurais très peu augmenté la fiscalité mais nous n'aurions pas le retard que nous avons aujourd'hui. Par ailleurs si Sarkozy est réélu, je serai le dernier président du Conseil général de la Haute-Garonne et ça je ne l'accepte pas.

Vous êtes un homme de culture. Que pensez-vous du départ du directeur du musée des Abattoirs ?
Je soutiens complètement Catherine Guien, l'adjointe à la Culture du maire de Toulouse pour le remplacement du directeur du musée des Abattoirs. C'est un équipement culturel remarquable mais il n'est pas au niveau artistique et de fréquentation auquel il devrait être. Reconnaissez que les Abattoirs ne sont pas du tout au même niveau de reconnaissance que le TNT ou le Théâtre Garonne. Et je n'en fais pas une affaire politique.

Propos recueillis par Emmanuelle Durand-Rodriguez

En photo : Pierre Izard, président du Conseil général de la Haute-Garonne (© Rémi Benoit)

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