Jean-Luc Moudenc nouveau maire de Toulouse, portrait d'un homme qui revient de loin

La détermination de Jean-Luc Moudenc et une campagne pugnace auront fini par emporter l'adhésion des Toulousains. Unique député UMP de la Haute-Garonne, élu en 2012, il s'impose dans une ville qui, il y a deux ans, avait voté à 62,5 % pour François Hollande. Portrait.
Jean-Luc Moudenc


Pendant des mois en 2008, Jean-Luc Moudenc était vu par son camp comme un quasi pestiféré. Après son échec face au presque inconnu d'alors, Pierre Cohen, l'ex-maire était le symbole de la déroute de l'UMP. Ses anciens amis de circonstance lui tournaient le dos et il vécut alors, de son propre aveu, une très douloureuse traversée du désert. Pourtant, dès cette période, il prépare sa revanche, tient un blog à partir de septembre 2008 et est déterminé à se présenter à nouveau.

Après une guerre des chefs qui l'oppose à Christine de Veyrac, Jean-Luc Moudenc prend la présidence de l'UMP 31 en décembre 2010. Un an plus tard, il annonce sa candidature pour les élections législatives de 2012. Contre toute attente, et à la faveur d'une erreur tactique du PS mettant face à lui le Vert François Simon, il est élu député en juin 2012. Une deuxième naissance pour ce Toulousain tombé dans la politique à l'âge de 17 ans.

Candidat légitime
Son entrée à l'Assemblée nationale le positionne en effet alors clairement sur la rampe de lancement pour les municipales de 2014. Longtemps contesté au sein de son propre camp à la recherche de l'homme providentiel capable de reprendre Toulouse, il devient comme mécaniquement le candidat légitime d'une droite toulousaine qui doute d'elle-même. Lui ne doute pas. Sûr de son destin, quand personne encore ne peut même imaginer la droite gagner une ville qui a voté François Hollande à 62,5 %.

Dès lors, Jean-Luc Moudenc n'a de cesse de se rappeler au bon souvenir des Toulousains et de faire parler de son action. À l'aise avec les journalistes quand Pierre Cohen les fuit, le député UMP multiplie les communiqués de presse et les attaques contre le maire socialiste. C'est le début d'une guerre de tranchées dont peut-être Pierre Cohen n'a pas mesuré la dangerosité, lui qui fait le choix d'entrer le plus tard possible dans la campagne.

Les coudées franches
Après avoir fait l'analyse l'été dernier qu'en rassemblant le plus rapidement possible à droite, il aurait les coudées franches pour mener campagne, il se lance très tôt, dès septembre 2013, dans une campagne de terrain. Candidat de l'UMP, de l'UDI (qui finit par lâcher Christine de Veyrac) et du Modem, il déroule un plan systématique de communication et de propositions, organisant chaque semaine des conférences de presse thématiques. Son programme (une troisième ligne de métro, une seconde rocade, 200 caméras de vidéoprotection) est jugé irréaliste et conservateur par l'équipe en place au Capitole, qui ne se sent pas menacée avant le 23 mars dernier. Ce soir-là, démentant les sondages successifs, Jean-Luc Moudenc recueille 38,20 % des voix, avec 6 points d'avance sur Pierre Cohen (32,26 %). Persuadé alors que "les Toulousains veulent changer de maire", il annonce un entre-deux tours de terrain où l'on voit à nouveau Laurence Arribagé ou François Chollet distribuer des tracts aux feux rouges à 8h du matin.

Idéologiquement qui est-il ?

Ce matin, Jean-Luc Moudenc se réveille, à 53 ans, maire de Toulouse, élu directement pour la première fois. Héritier de Dominique Baudis dont il fut conseiller municipal et de Philippe Douste-Blazy qui lui cède son fauteuil en 2004 à la faveur de sa nomination au gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, Jean-Luc Moudenc a cette fois lui-même remporté le Capitole. À lui de montrer la vraie nature de son profil politique car, idéologiquement, il n'a pas toujours été facile à suivre, lui qui lors du vote des militants pour la présidence de l'UMP à l'automne 2012 n'avait pas voulu choisir entre François Fillon et Jean-François Copé. Centriste par nature selon ses propres termes, il a manifesté dans les rues de Toulouse contre le mariage pour tous. Au cours de cette campagne, et particulièrement dans l'entre-deux tours, il s'est posé en "rassembleur" mais est apparu également tiraillé entre les deux parties de son électorat. Conscient dimanche dernier que le résultat du premier tour signait "le rejet de Pierre Cohen", il est, une semaine plus tard en situation de montrer qui il est, vraiment.

Emmanuelle Durand-Rodriguez
© photo Rémi Benoit

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