Municipales, les stratégies de campagnes au banc d'essai

À 11 mois des municipales, les candidats potentiels ou déclarés entament une longue période de pré-campagne qui aboutira (ou pas) à leur investiture officielle. En attendant l'automne, ils occupent le terrain chacun à leur manière. Leurs rencontres avec les citoyens, leurs petites phrases sur les réseaux sociaux ou leurs rendez-vous politiques avec des élus nationaux laissent entrevoir la manière dont ils vont mener leur course au Capitole.

Jean-Luc Moudenc, candidat au poste de maire de Toulouse en 2014 : c'est officiel depuis le 2 avril, date à laquelle il a été investi par son parti, l'UMP. L'ancien maire y voit "un signe fort de confiance de l'état-major national du parti" alors que lors des dernières élections municipales, il avait dû attendre octobre pour obtenir cette investiture. Pourtant, "non, nous ne sommes pas encore en campagne, affirme son attaché parlementaire Arnaud Mounier qui explique pourquoi cette investiture n'a pas fait l'objet d'un point presse. "Si l'on avait fait une conférence de presse sur l'investiture, cela aurait été pris comme un top départ de campagne, or ce n'est pas le cas", souligne-t-il, préférant le terme de "pré-campagne".

En attendant Jean-Luc Moudenc multiplie les communiqués sur l'actualité ainsi que les rencontres, à Toulouse, avec des personnalités nationales : Alain Lamassoure fin mars, Nathalie Kosciusko-Morizet hier.

Pré-campagne

Pierre Cohen non plus n'est pas véritablement en campagne. Pourtant, le maire sortant a affirmé au début de l'année être candidat à l'investiture du PS pour prendre sa propre succession, et a accéléré ces deux derniers mois les visites de quartier et les rencontres avec les Toulousains.

Par ailleurs, si Pierre Cohen s'est fait discret sur l'investiture de Jean-Luc Moudenc, son bras droit à la mairie, François Briançon, a pris les devants. "Nous imaginons l'amertume des militants locaux de la droite oubliés, non consultés et privés d'un choix démocratique. Jean-Luc Moudenc sera donc le candidat de l'appareil politique parisien faute de pouvoir convaincre la droite toulousaine du bien fondé et de la légitimité de sa candidature", a affirmé l'élu en charge des Sports. S'en est suivi un dialogue avec Jean-Luc Moudenc, par communiqué de presse et blogs interposés. Un premier échange d'amabilités qui laisse présager que la campagne sera acharnée.

Discrétion et rencontres de terrain semble être la stratégie choisie par les écologistes. "Nous irons à la rencontre des citoyens pour voir leur capacité à déconnecter la question locale de la question nationale car l'enjeu pour les municipales, c'est bien l'avenir du territoire toulousain. Nous allons avoir une dizaine de réunions avec les citoyens dans plusieurs villes de l'agglomération", indique Régis Godec, élu EELV à la mairie de Toulouse qui ne cache pas ses ambitions. "Actuellement, nous sommes une force politique convoitée, que ce soit par le PS ou le Parti de gauche. Pierre Cohen a besoin de notre force politique pour être réélu. Le Parti de gauche nous demande des rendez-vous, ce sont des signes intéressants. Il est trop tôt pour savoir dans quelle configuration nous partirons en 2014. Comme Pascal Durand (secrétaire national d'EELV) l'a annoncé, nous avons pris la décision de nous mettre en capacité de partir en autonomie. Cela ne veut pas dire que nous partirons seuls mais nous devons nous préparer à l'avance à toute éventualité. Nous aurons des discussions jusqu'en septembre. Nous sommes dans le temps du bilan."

Réseaux sociaux

Twitter et Facebook se profilent déjà comme des espaces clés de la future campagne. Christine de Veyrac investit le réseau Twitter avec une présentation et des messages d'anonymes qui prennent la pose pour exprimer leur soutien à la candidate en course pour le Capitole. Sur 21 photos de soutien, 12 présentent des Toulousains de moins de 30 ans. Elle y fait également état de ses différentes rencontres sur le terrain et de sa présence à Bruxelles comme députée européenne.

Régis Godec est également très présent sur Twitter. "Les réseaux sociaux permettent d'interagir avec les citoyens de manière intéressante. Cela pourrait développer une nouvelle forme de citoyenneté. De plus, ces outils seraient un moyen de lutter contre la défiance des citoyens à l'égard des élus plutôt qu'une loi sur la moralisation. Nous devons réfléchir à de nouveaux outils, à de nouveaux formats pour avoir une interaction plus forte entre les citoyens et leurs représentants, les réseaux sociaux en sont un."

Au contraire, remarque Arnaud Mounier, "Jean-Luc Moudenc n'a pas de compte Twitter car cela favorise les attaques et les petites phrases inutiles". L'attaché parlementaire possède en revanche son propre compte où il se fait le relais de l'action et des paroles du candidat. Pierre Cohen détient également un compte Twitter officiel (@PCohen) mais, pour l'instant, il ne l'utilise pas. Le 4 février, le premier et unique tweet du maire indiquait "Bienvenue sur le compte #Twitter de Pierre Cohen. Les tweets rédigés par Pierre #Cohen sont signés /P en fin de message. #Toulouse" Les 380 abonnés sont depuis restés sur leur faim.

Christine de Veyrac casse les codes
Première candidate déclarée dans la course au Capitole, la centriste Christine de Veyrac s'est lancée de manière très active dans la campagne. Investie parJean-Louis Borloo et le Modem courant février, l'eurodéputée opte pour une stratégie de communication innovante avec la volonté de "faire autrement... d'ouvrir le monde politique, de ne pas rester dans les schémas habituels". Christine de Veyrac multiplie les actions et s'appuie sur les réseaux sociaux pour séduire les jeunes. Un After school a été organisé début avril dans un bar de nuit de la Ville rose. Une opération séduction sur fond de cocktails exotiques plus informelle que politique qui avait pour but de casser les codes traditionnels de la campagne électorale.

"Je ne fais pas de politique pour ma génération" a annoncé la candidate dans sa brève allocution prononcée depuis les platines, devant une centaine de jeunes sympathisants ou curieux et des cadres de l'UDI et du Modem. Son hymne de campagne : un remix du tube de 2005, "tout le bonheur du monde" de Sinsemilia.

Vincent Pléven et Sophie Arutunian

Photo ©Rémi Benoit

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