A Toulouse, Jean-Luc Mélenchon demande « des comptes » à Nicolas Sarkozy

A 17 jours du premier tour de la présidentielle, c'est devant 70 000 personnes selon le Front de Gauche (25 000 pour la police), que Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé hier soir place du capitole. Il s'est attaqué directement au président de la république, l'accusant d'avoir « défiguré la France ». Un peu plus tôt dans la journée, Nicolas Sarkozy avait qualifié son programme d' « irréaliste ». Un programme chiffré à plus de 100 milliards € par l'Institut de l'entreprise.
Jean-Luc Mélenchon jeudi soir place du Capitole à Toulouse


Il semble que même la pluie ait décidé d'épargner Jean-Luc Mélenchon, tout comme l'alerte à la bombe qui a suivi son discours alors que la place du capitole était déjà presque vide. Sans aucun doute, le président du Front de Gauche était attendu à Toulouse. La place du capitole était bondée et bouclée par les forces de l'ordre, et la place Wilson, équipée d'écrans géants, était également noire de monde, Dans un discours très lyrique, et d'une voix sépulcrale, il s'en est pris à Nicolas Sarkozy « pour ces 5 ans de souffrance », a rappelé que la « révolution citoyenne est en marche » et a dénoncé l'austérité, les traités européens et l'appartenance de la France à l'OTAN. Du côté des propositions : rien de très concret (sauf la création d'une 6e république et le smic à 1700 €). Mais Jean Luc-Mélenchon n'était pas là pour ça. Le troisième homme de l'élection, selon les sondages, est venu haranguer les foules. « La force s'étend », « si je suis élu, je sais que quand je vous appellerai, vous y serez », ou encore « rien ne fera rentrer dans son lit le fleuve qui est en train de déborder » : les formules ne manquent pas et elles sont efficaces. Les frissons, les drapeaux, les applaudissements, tout y est.

Mélenchon Vs Sarkozy

« Monsieur le président, voilà ce que je vous réponds à l'heure où vous avez dit que vous ne partagiez aucun de mes engagements. C'est vrai nous ne sommes pas le même camp, pas la même France... » a déclaré Jean-Luc Mélenchon avant de « demander des comptes » à Nicolas Sarkozy « pour le malheur que vous répandez et l'ignorance aussi, en supprimant des postes d'enseignants, pour le coût de la santé perdue, des personnes qui meurent au travail chaque année, de la petite enfance oubliée, des départs à la retraite retardés...je vous demande des comptes pour cette société absurde ». Au président-candidat qui fait des calculs "à la grosse louche sur ce que coûterait notre programme", Jean-Luc Mélenchon répond : "Notre programme n'est pas réaliste d'après vos ordres comptables mais il est réaliste de par les nôtres et les nôtres s'appellent le droit de vivre ! ».
A noter que le programme de Jean-Luc Mélenchon a été chiffré à 100 milliards d'euro par l'Institut de l'entreprise (un "think tank" proche du patronat). Le Front de Gauche parle de 120 milliards € de dépenses et 150 milliards € de recettes) alors que c'est 10 milliards pour Nicolas Sarkozy. Le Président a présenté son programme chiffré dans la journée d'hier : il table sur 115 milliards d'efforts nécessaires, répartis à raison de 75 milliards d'euros d'économies et 40 milliards de recettes supplémentaires.

Poétique, mais pas que

Faisant référence à la tuerie de Toulouse, le candidat a également déclaré à l'intention du président : « Non, monsieur le président, le premier danger ce n'est pas confrontation occident/islam, la France de la 6e république n'est pas une nation occidentale, la France est une nation universaliste. » Et en s'adressant à son auditoire : « Il faut être à la hauteur de nos principes, c'est à cette grande tâche que vous êtes appelés, et non au gloubi-boulga du PMU politicien des chefs à la ramasse ». Tonnerre d'applaudissements.
Jean-Luc Mélenchon a conclu sur le thème de l''insurrection citoyenne, « un devoir sacré de la République » selon lui.
Et le candidat de conclure exactement comme il avait commencé : "nous sommes au mois de germinal, les bourgeons gonflés de vie s'annoncent déjà" et dans cette "France belle et rebelle, viennent le temps des cerises et des jours heureux!".
Quelques minutes après un déluge de pluie s'est abattu sur la ville rose.

Sophie Arutunian
©photo Rémi Benoit

En savoir plus:

Christian Piquet, porte-parole de la gauche unitaire et candidat dans la 10e circonscription de Haute-Garonne pour les législatives, a pris la parole avant Jean-Luc Mélenchon. Il a parlé de l'"appel de Toulouse" en affirmant: " hommes et femmes de gauche, de toutes origines, le vote Front de Gauche, c'est l'assurance que vous prenez sur l'avenir." Il s'est opposé à l'austérité " imposée par Merkel et Sarkozy" avant d'ajouter " dégagez, dégagez tous, et pour longtemps!".

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