La députée Martine Martinel dénonce la gestion de France Télévisions. Interview

La députée de la 4e circonscription de Haute-Garonne, Martine Martinel, est à l'origine d'un rapport polémique concernant les crédits de l'audiovisuel public. Membre de la commission des affaires culturelles et de l'éducation sur le projet de loi de finances 2013, l'élue socialiste met en cause la gestion de France Télévisions. Interview.
Martine Martinel est à l'origine d'un rapport polémique concernant les crédits de l'audiovisuel public

La baisse des ressources imposée par l'État à France Télévisions dans le projet de budget 2013 risque fort d'entraîner un plan de départs volontaires d'environ 500 personnes. Comment en est-on arrivé là ?
Notre mission n'est pas de mettre en accusation France Télévisions mais de jouer le rôle de régulateur. La direction du groupe n'a pas fait certains des efforts de gestion auxquels elle s'était engagée dans le cadre du contrat d'objectifs et de moyens mis en place par le précédent gouvernement. Avec des ressources inférieures de 77 millions d'euros aux prévisions en 2012, et des ressources inférieures de plus de 150 millions d'euros aux prévisions en 2013, France Télévisions se trouve dans l'obligation d'opérer des choix drastiques.

Dans votre rapport, vous n'épargnez pas non plus l'ancien gouvernement...
La suppression de la publicité a été catastrophique pour France Télévisions. Elle a coûté plus de 600 millions d'euros depuis 2009... L'État a plongé l'entreprise dans une instabilité financière incompatible avec la gestion sereine d'une entreprise publique. Cependant, le groupe France Télévisions n'a pas totalement joué le jeu et a manqué à certains engagements.

Lesquels ?


Les deux plans de départ de France Télévisions, celui de 2007 (600 postes) et celui sur la période 2009-2012 (844 postes), ont coûté environ 58 millions d'euros et n'ont, au bout du compte, eu aucun impact sur les effectifs... Les charges de personnel ont même augmenté de 2,74 % en 2011. Au cours des premiers mois de 2012, l'augmentation des effectifs s'est poursuivie à France Télévisions. L'entreprise justifie cette hausse par les nécessités de l'actualité, en particulier la présidentielle et les Jeux Olympiques de Londres.

Comment l'entreprise France Télévisions peut-elle sortir de l'impasse financière ?
Je souhaite qu'il y ait un grand débat avant l'élaboration d'une loi concernant l'audiovisuel. Pour sortir de cette situation qui n'est satisfaisante ni pour le groupe, ni pour l'actionnaire, il est nécessaire de remettre à plat de manière ambitieuse les missions et le modèle économique de cette entreprise ayant une mission de service public. Il faut également réfléchir aux moyens que l'on souhaite lui accorder. On ne peut pas attendre de l'État qu'il paye tout ! C'est pourquoi je m'étais prononcée en faveur d'une redevance télé étendue aux résidences secondaires.

Dans ce rapport, vous critiquez aussi le lancement de six nouvelles chaînes gratuites sur la TNT.
La précipitation concernant le lancement de six nouvelles chaînes gratuites en haute définition sur la télévision numérique terrestre (TNT) est difficilement compréhensible. Ces six nouvelles chaînes sont une mauvaise nouvelle pour France Télévisions car elles contribuent à l'éparpillement de l'audimat et à la réduction des moyens publicitaires.

Propos recueillis par Hugues-Olivier Dumez

© Lydie Lecarpentier

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