Législatives : Jean-Luc Moudenc et l'UMP décrochent la 3e circonscription, les 9 autres vont au PS en Haute-Garonne. Réactions et analyse

Le grand chelem annoncé par de nombreux représentants de la gauche n'aura finalement pas eu lieu. (les résultats sur http://www.objectifnews.com/politique/legislatives-resultats-haute-garonne-second-tour-17062012) Le PS rafle facilement 9 circonscriptions de Haute-Garonne mais la 3e, celle dont le résultat était attendu comme le plus serré, bascule à droite. Le chef de file de l'UMP31, Jean-Luc Moudenc, y devance de 350 voix François Simon (EELV - PS).
Sur la 3e, François Simon (EELV - PS) est battu par Jean-Luc Moudenc (UMP - Alliance centriste)

Le grand chelem annoncé par de nombreux représentants de la gauche n'aura finalement pas eu lieu. (les résultats sur https://www.objectifnews.com/politique/legislatives-resultats-haute-garonne-second-tour-17062012) Le PS rafle facilement 9 circonscriptions de Haute-Garonne mais la 3e, celle dont le résultat était attendu comme le plus serré, bascule à droite. Le chef de file de l'UMP31, Jean-Luc Moudenc, y devance de 350 voix François Simon (EELV - PS). Un parfait tremplin pour les municipales toulousaines ? Dans les autres départements, Brigitte Barèges, Gérard Trémège et Bernard Carayon sont battus.

9 sur 10. Presque un sans-faute, mais une circonscription échappe au Parti socialiste de Haute-Garonne. La 3e, qui englobe notamment une partie de Toulouse et Balma, revient au leader de l'UMP départementale, ancien maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. Comme prévu, le scrutin fut plus que serré. Et pourtant, trente minutes avant les résultats définitifs, la centaine de personnes présentes au QG de l'UMP commençait déjà à faire la fête ! A son arrivée, le vainqueur n'a pas parlé de lui mais a eu un mot pour les autres candidats UMP : "Si on gagne ce soir, c'est que nous avons fait un travail d'équipe. Ce soir j'ai une pensée chaleureuse et amicale pour ceux qui ont conduit le combat dans les autres circonscriptions. Même si la victoire n'est pas là ce soir, vous avez planté des graines dans ce département où tout est à reprendre."
En cas de défaite, Jean-Luc Moudenc, probable futur candidat aux municipales de 2014, aurait pu craindre un parachutage d'une pointure de l'UMP à sa place. Cette victoire le conforte dans son rôle de chef de file de l'UMP départementale. Pense-t-il déjà au Capitole le matin en se rasant ? Il ne le dit pas. Mais "il faut faire converger les efforts de toutes les sensibilités avec comme objectif l'élection municipale de 2014", affirmait-il dimanche soir...

Battu, François Simon, conseiller régional Europe Écologie - les Verts, investi par EELV mais aussi par le PS grâce à l'accord national conclu entre les deux partis, s'efforçait de positiver dimanche soir, peu après minuit : "Ce n'est jamais agréable de perdre au pied du podium, puisque si j'ai bien compris je n'ai que 350 voix de moins que mon adversaire. Je suis triste bien sûr, mais finalement la surprise, c'est d'avoir fait un aussi bon score dans une circonscription taillée au scalpel pour l'UMP avec le retrait de Saouzelong. Si ce quartier n'avait pas été retiré de la circonscription, vous me féliciteriez aujourd'hui. Je suis satisfait par ailleurs qu'au niveau national une majorité parlementaire permette à François Hollande de changer de politique. Je reste un militant, et avec 18 députés EELV, l'écologie politique est désormais représentée à l'Assemblée, c'est super."

L'heure des comptes

A gauche, cette défaite va laisser des traces. Alain Fillola dénonçait depuis de longs mois l'investiture de François Simon. Exclu du PS pour s'être présenté au 1er tour, devancé de peu, le maire de Balma s'était désisté la mort dans l'âme, appelant à voter François Simon. Dimanche soir, c'était l'heure des règlements de comptes : "Je suis profondément déçu du résultat. Le principe de réalité s'est appliqué. Depuis des mois, j'affirme qu'une élection n'est pas un dû et que François Simon allait avoir du mal à battre Jean-Luc Moudenc. Le résultat valide mon analyse. A nous de tirer les enseignements et de définir les responsabilités." Voilà qui est dit... A noter que Jean-Luc Moudenc devance François Simon à Toulouse (50,38% contre 49,62%) mais encore plus à Balma (53,37% contre 46,63%), dans le fief d'Alain Fillola.

Ailleurs en Haute-Garonne, les réactions n'ont pas tardé. Certaines compatissantes pour François Simon, à l'image de Carole Delga, élue dès le 1er tour sur la 8e circonscription : "J'adresse toute ma sympathie à François Simon, qui a échoué de peu dans une circonscription, il faut le rappeler, redécoupée sur mesure pour le candidat de droite." De Sebastien Denard, premier secrétaire du PS 31 : "Combat âpre et difficile sur la 3e circonscription, François Simon a mené une belle lutte. Malgré la défaite, félicitations à lui !" Ou de Catherine Lemorton, réélue sur la 1re : "Jean-Luc Moudenc a profité du redécoupage électoral politicien fait par et pour lui. Le défi était très difficile pour une personne de gauche, dommage que nous ayons raté le grand chelem."

D'autres n'ont pas manqué de remettre en cause la stratégie adoptée, comme Patrick Lemasle, réélu sur la 5e circonscription : "Il ne faut pas oublier que le redécoupage électoral était favorable à la majorité de Nicolas Sarkozy. Mais je ne pense pas qu'une candidature non socialiste (EELV) ait été la plus appropriée dans cette circonscription." Pour Monique Iborra, élue dans la 6e, "le redécoupage électoral explique en partie l'élection de Jean-Luc Moudenc. A posteriori, on peut tout dire mais on peut se demander si François Simon était finalement le meilleur candidat. C'était un bon candidat mais peut-être pas adapté à la sociologie de la circonscription. Également, la dissidence fragilise toujours."

Reste maintenant à voir comme vont réagir ceux qui ont tardé à soutenir officiellement François Simon, comme le maire de Toulouse Pierre Cohen, qui ne lui a apporté son soutien qu'après le 1er tour. François Simon juge lui que "les divisions du 1er tour, oui, elles ont laissé des marques, des cicatrices, des blessures."

Ailleurs dans le département

Il ne faut toutefois pas occulter le fait que s'il perd la 3e, le PS gagne assez largement dans les 9 autres circonscriptions du département. Sur la 4e, Martine Martinel réalise le meilleur score du second tour avec 65,91 % des suffrages devant Bertrand Serp (34,09 %). Monique Iborra obtient aussi un joli 65,50 % des voix devant Jocelyne Vidal (UMP, 34,50 %). Catherine Lemorton (1re), Gérard Bapt (2e), Patrick Lemasle (7e), sont réélus facilement avec plus de 60% des suffrages. Françoise Imbert (5e) aussi. Christophe Borgel (9e) réalise un bon score également (64,62 %) et bat nettement Elisabeth Pouchelon, malgré son statut de "parachuté" parisien. A ce sujet, avant même les résultats définitifs, la candidate UMP laissait entendre dimanche que son rival socialiste abandonnerait son poste à sa suppléante, Annie Vieu. Un commentaire que balaie Christophe Borgel : "Je suis élu député, je reste bien député sur la circonscription."

Battu, il aurait dû quitter son ministère. Mais, vainqueur dans la 10e circonscription de Haute-Garonne avec 57,78 % des votes, Kader Arif (PS) restera ministre délégué aux Anciens combattants. Il devrait laisser son poste de député à sa suppléante Émilienne Poumirol. Dans cette circonscription, Dominique Faure (Parti radical valoisien, soutenue par l'UMP) s'est bien battue (42,22 %). Dans la 2e du Tarn-et-Garonne, Sylvia Pinel (PRG) était dans le même cas de figure que Kader Arif. Elle devance nettement (59.86 % des voix) la candidate du Front national Marie-Claude Dulac (40,14%) et restera donc ministre en charge de l'Artisanat, du commerce et du tourisme.

Trois ténors de l'UMP au tapis

Parmi les autres enseignements de ce scrutin, il faut aussi remarquer les défaites de trois chefs de file de l'UMP en Midi-Pyrénées. A commencer par celle de Brigitte Barèges dans la 1re circonscription du Tarn-et-Garonne. La députée-maire sortante de Montauban est battue par Valérie Rabault, élue avec 54,09 % des voix (45,91 % pour Brigitte Barèges). Elle paie, peut-être, sa déclaration de l'entre-deux tours, après avoir dit qu'elle serait "ravie" si Marine Le Pen entrait à l'Assemblée nationale tout en se défendant d'attendre en retour un vote des électeurs frontistes. Dans la 3e du Tarn, le sortant UMP Bernard Carayon réalise un meilleur score (49,75 %) mais est lui aussi défait, de peu, par la socialiste Linda Gourjade (50,25 %). Quant au maire de Tarbes Gérard Trémège, il est sèchement battu (33,09 %) par Jean Glavany, en route pour un 5e mandat dans la 1re circonscription des Hautes-Pyrénées et qui devrait briguer la présidence de l'Assemblée nationale.

Dans la 1re de l'Aveyron, l'UMP Yves Censi sauve son siège de peu (50.67 % des voix contre la socialiste Monique Bultel-Herment, 49,33 %). Un peu plus de 600 voix d'écart entre les deux candidats. Philippe Folliot, candidat d'Alliance centriste sur la 1re circonscription du Tarn, est élu lui aussi de justesse (50,79 %), après avoir renversé une situation compromise par son résultat mitigé du 1er tour face au socialiste Gérard Poujade. Ce dernier, maire du Séquestre, échoue à 49,21 % des voix.

Élu dès le 1er tour, le Gersois Philippe Martin devrait confirmer ce lundi qu'il sera candidat à la présidence du groupe PS à l'Assemblée, en remplacement de Jean-Marc Ayrault.

Mikaël Lozano, avec Wilfried Pinson et Sophie Arutunian

© photo Rémi Benoit

En savoir plus :

- L'ensemble des résultats sur : https://www.objectifnews.com/politique/legislatives-resultats-haute-garonne-second-tour-17062012


Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.