Jean-Pierre Plancade : "On a confisqué la clé de la ville aux Toulousains. Je veux leur rendre"

C'était un secret de polichinelle. La rumeur, qui courrait depuis plusieurs mois, s'est confirmée ce matin. Jean-Pierre Plancade, sénateur PRG (Parti radical de gauche) de la Haute-Garonne et conseiller général du canton Toulouse-6, a officialisé sa candidature aux élections municipales de Toulouse. Interview exclusive.
"Eux, ils aiment le Capitole. Moi, j'aime les Toulousains", estime le candidat

Pourquoi avoir décidé de vous présenter à la mairie de Toulouse ?
J'ai tout simplement fait le constat de la situation politique actuelle dans notre ville. À quelques mois des élections municipales, deux candidatures semblent prégnantes. Celle de Jean-Luc Moudenc, qui a été aux manettes de la ville pendant vingt ans, dont quatre ans en qualité de maire, et celle de son successeur Pierre Cohen, pour qui j'ai fait campagne en 2008. Mais depuis cinq ans, j'ai malheureusement découvert que c'était un maire qui "confisque". J'ai le sentiment qu'il n'écoute pas les Toulousains. Personnellement, je garde toujours à l'esprit que l'un des anagrammes du mot "maire" est "aimer". Aujourd'hui, les Toulousains comprennent qu'ils ne sont pas aimés. Soyons lucides, à Toulouse, Jean-Luc Moudenc et Pierre Cohen ne déchainent pas l'enthousiasme. Or, je ne veux surtout pas que nous ayons un maire par défaut. Mon positionnement est fondamentalement opposé au leur. Eux, ils aiment le Capitole. Moi, j'aime les Toulousains. Certains se nourrissent du conflit. Tout au long de ma vie, j'ai prouvé que j'étais un homme de rassemblement et de consensus. Je considère qu'on a confisqué la clé de la ville aux Toulousains. Je veux la leur rendre.

Vous mûrissiez cette décision depuis longtemps ?

Depuis plusieurs années. Pour être parfaitement sincère, j'attendais que le Parti radical de gauche, dont je suis en congé depuis quelques jours, termine ses discussions avec le Parti socialiste. Cela me semblait plus cohérent.

Justement, quel est l'état actuel de vos relations avec le PRG ?

Le Parti radical de gauche est allié avec Pierre Cohen et je lui dis "bon vent". Je les ai prévenu dès juin dernier que je souhaitais conduire une liste et que je ne demandais pas leur investiture. Aujourd'hui, nos relations sont restées très bonnes. Certains membres du parti m'ont d'ailleurs confirmé qu'il y avait une place pour une voix comme la mienne dans le débat politique toulousain.

Comment définiriez-vous votre positionnement ?

Je suis un candidat sans étiquette. Mais avec un parti, celui des Toulousains. Je suis toujours un homme de gauche, un radical-socialiste, mais ma liste ne sera pas une liste de gauche. Il y aura des forces de tous les camps. Mon expérience m'a prouvé qu'il n'y avait pas d'un côté les gens de gauche et de l'autre les gens de droite, mais qu'il y avait un peu partout des gens de progrès et des conservateurs. Je veux incarner une troisième voix, celle du rassemblement. Je veux dire aux Toulousains qu'ils ne sont pas condamnés à subir le bipartisme. Je m'inscris dans une démarche de tolérance, d'humanisme, de laïcité et d'union républicaine. À l'image de deux anciens maires de Toulouse, qui ont pour moi valeur d'exemple : Raymond Badiou et Pierre Baudis.

Qui financera votre campagne ?
J'ai la chance d'avoir beaucoup d'amis, et ils ont souhaité apporter leur contribution à mon compte de campagne. Je n'ai aucune inquiétude à ce sujet. Ce sont des gens sérieux, dont les promesses valent engagement.

La multiplication des candidatures à gauche n'est-elle pas risquée pour votre camp ?

Je veux offrir aux Toulousains un ballon d'oxygène, un choix, une autre voix. Je considère que demander à quelqu'un de se taire au nom de je ne sais quel intérêt supérieur constitue une atteinte grave à la liberté individuelle. Dans une démocratie, on ne se tait pas.

Que répondez-vous à ceux qui voient dans votre candidature une façon de peser sur les futures négociations pour les sénatoriales ?
Ma réponse est très simple : pour moi, Toulouse et les Toulousains ne sont pas négociables.

Jusqu'où irez-vous dans cette campagne ?
Je poursuivrai cette campagne jusqu'au jour où je serai maire de Toulouse.

Propos recueillis par Alexandre Léoty
© photo Rémi Benoit

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