J+1 François Hollande. L'analyse du scrutin et les réactions du monde économique

Au lendemain de la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle, le monde politique et l'univers économique commentent le scrutin. Les législatives de juin vont dominer l'actualité politique tandis que les chefs d'entreprise vont observer attentivement les premières décisions économiques de François Hollande.
Toulouse a voté à 62,54 % pour François Hollande

Plus que jamais, Toulouse mérite qu'on l'appelle la Ville rose. Avec 62,54 % des voix en faveur de François Hollande, Toulouse comme d'ailleurs l'ensemble de Midi-Pyrénées (57,94%) a massivement voté en faveur du candidat du Parti Socialiste. De bon augure a priori pour la gauche qui rêve de donner une majorité stable à François Hollande. Depuis ce matin, tous les résultats sont donc analysés à la loupe par les états-majors politiques qui se placent maintenant dans la perspective des élections législatives. Le premier tour aura lieu dans 5 semaines, le 10 juin.

Dès hier soir, les élus socialistes, à l'instar de Martin Malvy, ont appelé « à confirmer et amplifier la mobilisation autour de François Hollande. » De leur côté le Front de Gauche et Europe Ecologie Les Verts (EELV) qui ont appelé à voter François Hollande dès le soir du premier tour, ont cherché à se positionner. EELV, pas spécialement en position de force, a appelé, via Guillaume Cros, président du groupe au Conseil régional, « à concrétiser la dynamique lors des élections législatives des 10 et 17 juin, avec une nouvelle majorité dans laquelle les écologistes doivent peser pour redresser la France. » Deux circonscriptions, en Midi-Pyrénées, ont été négociées entre le PS et EELV : la 3è en Haute-Garonne et la 3è en Aveyron.

Du côté du Front de Gauche, la situation est différente. Aucune négociation, officiellement, n'a eu lieu dans la perspective des législatives mais le score de Jean-Luc Mélenchon le 22 avril lui donne, de fait, un poids important. Cela explique l'attitude du Front de Gauche hier soir sur la place du Capitole : pas vraiment une fête, quasiment une manifestation. Sous une grande banderole « On continue, on ne lâche rien », le parti de Jean-Luc Mélenchon demande clairement des contreparties : « Smic à 1700€, retraite à 60 ans, priorité aux services publics, sortie du Traité de Lisbonne, 6è république, sortie de l'OTAN.» Porte parole du Front de Gauche, Jean-Christophe Sellin est d'ailleurs très clair : « Nous avons joué un rôle important dans l'élection de François Hollande et nous avons des raisons d'être exigeants. Il n'y aura pas d'état de grâce et nous mettrons tout de suite la pression. Nous demandons par exemple un collectif budgétaire afin que les 200 postes qui doivent supprimés à la rentrée dans l'Education nationale ne le soient pas. »

A l'UMP, après une soirée de déception, Jean-Luc Moudenc président de l'UMP 31 se voulait combatif : « Dès ce soir, commence la bataille pour les élections législatives. La question qui se pose ce soir : oui ou non les Français veulent-ils que la totalité des pouvoirs politiques en France soient détenus par le seul PS et ses alliés ? Ces élections législatives ne seront pas faciles, il faudra regarder les scores dans chaque circonscription, il faut faire une campagne de terrain. »

Réactions du monde économique

Du côté des forces vives économiques, c'est manifestement l'attentisme qui domine. Daniel Thébault, le président du Medef Midi-Pyrénées « attend que François Hollande tienne ses engagements sur la baisse de la dette et sur le financement des PME via la banque régionale d'investissement. » Il espère que la compétitivité des entreprises ne sera pas alourdie par « de nouveaux impôts ». Il attend également que le dialogue social soit « respecté », que François Hollande ne « s'immisce pas dans les débats ». Daniel Thébault souhaite que le nouveau président de la République rencontre rapidement la présidente du Medef, Laurence Parisot.

Anouk Déqué, présidente de la CGPME 31, reste attentive. « Le nouveau président a amorcé des projets mais ce ne sont que des projets, il y a les élections législatives, une majorité est nécessaire pour les mettre en place. » Elle souhaite « plus de souplesse en termes de réponse financière aux dirigeants de TPE/PME sur les besoins en trésorerie ». L'augmentation du smic promise par le candidat fait également partie des inquiétudes d'Anouk Déqué. « Elle entrainerait une augmentation en cascade et donc du coût du travail. Ce n'est pas supportable pour les TPE/PME qui ont de gros problèmes de trésorerie ». La présidente de la CGPME prône un abaissement de charges sur les TPE/PME où une autre manière de les calculer pour que les « chefs d'entreprises puissent passer l'effet de seuil des 20 personnes ».

La présidente du Centre des jeunes dirigeants 31 (CJD), Anne-Marie Couvreur, se veut « vigilante » à la suite de l'élection de François Hollande. Des propositions du livre blanc du CJD se retrouvent dans le programme de François Hollande comme la séparation entre banques de dépôt et banque d'affaires ou encore les eurobonds. Rappelant qu'elle ne fait pas de politique mais de l'économie, Anne-Marie de Couvreur souhaite « permettre aux PME d'accéder plus facilement au marché public ». Les charges sont également un sujet de préoccupation, « il ne faut pas alourdir les charges mais il est vrai que dans le contexte il est difficile de les faire baisser ».

Didier Gardinal, président de la Chambre de commerce et de l'industrie de Midi-Pyrénées (CCIR), estime que quelle que soit la couleur politique du président élu, « il peut compter sur la CCIR pour relancer l'économie ». Il évoque néanmoins de « petites craintes ». « Je crains qu'il y ait plus de charges, de cotisations salariales qui bloquent le développement économique », pointe t-il. Pour le président de la CCIR, « il ne faut pas se tromper d'objectif ». « Dans le contexte actuel, il est difficile de relancer l'économie et d'entendre des propositions telles le smic à 1700 €. Cela obligerait les chefs d'entreprises à majorer leurs tarifs et ils perdraient en compétitivité », assure Didier Gardinal. Le report des voix du Front de Gauche qui a permis l'élection de François Hollande lui fait craindre « des mouvements sociaux forts à la rentrée qui déstabiliseraient les entreprises ».

En voyage d'affaires en Chine, Alain Di Crescenzo, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Haute-Garonne, n'a pas pu répondre à nos questions.


Emmanuelle Durand-Rodriguez et Wilfried Pinson


Les photos de la soirée : https://www.objectifnews.com/diaporamas/2012-presidentielle

Les résultats : https://www.objectifnews.com/node/4568

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